Alimentation autonome: et si…?

Le 25 mai 2016, Naître et grandir parlait de l’alimentation autonome en citant une étude « How different are baby-led weaning and conventional complementary feeding? A cross-sectional study of infants aged 6–8 months« .  Et si on réfléchissait ensemble…

Il est mentionné:

(…) Ils ont toutefois remarqué que ces enfants avaient une alimentation plus riche en gras. Cela s’expliquerait peut-être par le fait que ces bébés mangeaient souvent les mêmes aliments que les adultes. Leur consommation totale de calories était toutefois similaire à celle des enfants nourris à la cuillère. (…)

 C’est certain qu’un tout-petit, assis à la table avec sa famille, veut imiter ce que les « grands » font – c’est une façon d’apprendre.  Et si le tout-petit devenait « l’excuse » pour la famille de s’assurer d’avoir une alimentation saine et des habitudes alimentaires « santé »…? Quand j’ai le privilège de recevoir une femme enceinte en consultation, je parle d’alimentation: j’invite maman, avec papa, à regarder leur alimentation et leurs habitudes alimentaires de façon globale, pas juste pendant la grossesse – après tout, le bébé qui est dans son ventre aujourd’hui sera assis à la table de la famille demain.  Si la grossesse devient un moment privilégié pour maman et papa de « bien manger », leurs nouvelles habitudes auront quelques mois d’ancienneté quand bébé sera là et ce sera une modification de moins à apporter quand bébé s’assoira à la table familiale.

Les risques d’étouffement…? Attendre que bébé ait environ 6 mois minimise les risques:  il a plus de salive, sa langue et les muscles de sa bouche peuvent maintenant mieux avaler de la nourriture.  D’autre part, si maman et papa ont adopté de nouvelles habitudes alimentaires depuis la grossesse, qu’ils mangent ensemble, autour de la table, bien assis, pas de télévision téléphone ordi, ça peut aussi aider à minimiser les risques d’étouffement.  En prime, manger ensemble, se retrouver, parler de sa journée, ça permet de tisser des liens…

L’article disait aussi…

(…) Les enfants étudiés qui mangeaient seuls consommaient en effet moins de fer, de zinc et de vitamine B12 que ceux nourris à la cuillère. (…)

Ça me semble tellement évident… Bébé a 6 mois, il prend du lait de sa maman de façon différente qu’il le faisait à sa naissance: il tète moins souvent, il est plus efficace à chaque tétée. Tout en continuant l’allaitement, bébé est invité à la table familiale avec « les grands »:  il commence à utiliser la chaise haute, il est en position verticale pendant plusieurs minutes, le contrôle de sa tête sert à dire « oui encore », « non pas plus », il a des aliments devant lui – toutes sortes de textures, de couleurs, d’odeurs, des aliments froids chauds tièdes… Beaucoup de « grandes premières » d’un coup avec l’introduction des solides… En plus, physiquement, il doit prendre les objets d’une autre façon: la préhension se fait d’abord avec la main comme une patte et se raffine, au fil des mois, avec la dextérité pouce-index.  C’est donc certain qu’il ne mange pas grand chose avec ses doigts les premières fois qu’on met des petits morceaux devant lui… et on s’étonne qu’il ait moins de fer, de zinc, de B12…? Un changement à la fois, peut-être…?  Donc, bébé s’assoit à table, on met quelques morceaux à sa portée et maman le nourrit avec la cuiller.  Plus il grandit, plus il s’habitue à cette nouvelle réalité de sa vie, s’asseoir à table avec « les grands », plus il perfectionne la pince « pouce-index » et les autres habiletés requises, moins maman le nourrit avec la cuiller… Et si bébé veut un aliment que son papa ou sa grande sœur porte à sa bouche…?  Pas de problème car toute la famille mange des aliments qui assurent à chacun de ses membres de combler ses besoins en protéines, en vitamines, en minéraux.

Durant la première année de vie terrestre du bébé, il s’en passe des choses, c’est incroyable.  Dr Brazelton a déjà dit que bébé peut régresser avec l’acquisition d’une nouvelle compétence – un pas en arrière pour en faire deux en avant…  Et si cette régression était LA façon qu’avait bébé de dire: « Wow! Laissez moi souffler un peu.  Maman, j’ai besoin de toi, de redevenir un « petit bébé » collé contre toi, ça me sécurise et ta réponse à ma « détresse régression » peut être un tremplin vers tout ce qui est nouveau. »

L’autonomie d’un enfant… c’est ce que chaque maman et chaque papa veulent pour leur enfant, au fil des jours, des années.  Et si l’alimentation autonome était une façon de vivre, de manger, de goûter à la vie…?  Donc, quand l’enfant est prêt, vers 6 mois, on introduit des solides en complément de l’allaitement avec, en toile de fond, l’alimentation autonome… au rythme du bébé dans SA famille. Françoise Dolto disait dans « Tout est langage »

Notre rôle, ce n’est pas de rythmer les besoins d’un enfant, comme nous le croyons, mais d’être au service de ses rythmes (…)

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Pour avoir un bébé, ça prend…

Ce matin, dans La Presse+, un dossier, « Prêts pour le grand jour? », s’adresse aux futurs parents.  Plusieurs informations intéressantes s’y retrouvent… Au fait, qu’est-ce qui est essentiel pour vivre avec son nouveau bébé au quotidien…?

À la naissance, bébé aura passé environ 40 semaines dans le ventre de sa maman et pourtant, son développement se poursuivra en dehors de l’utérus.  Les neurosciences nous permettent maintenant de mieux comprendre ce qui se passe dans la tête du bébé.  Contrairement à plusieurs autres petits mammifères, le cerveau du bébé humain est très immature à sa naissance.  Plusieurs mois, voire plusieurs années de toutes sortes d’expériences de la vie de tous les jours, seront nécessaires à l’atteinte de la maturation des nombreuses fonctions et structures de son cerveau.  Il devient logique de considérer le nouveau-né comme « prématuré » la première année de sa vie hors du ventre de sa maman, plus particulièrement les 3 premiers mois, ce qu’on nomme le « quatrième trimestre ».  En atterrissant dans notre monde, bébé découvre l’inconnu avec du connu, sa maman.  Tout en étant vulnérable, bébé est aussi très compétent pour alerter sa maman et son papa quand il est en détresse.  Les réponses à sa détresse contribuent à créer un lien d’attachement entre bébé et sa maman d’abord, puis avec son papa.  Bébé a donc besoin de la proximité de sa maman et de son papa – sa survie en dépend.  Le portage est souvent très apprécié: les mains de maman papa sont libres, bébé est collé, blotti contre sa maman ou son papa, à hauteur des adultes, il fait partie de la vie, il reçoit toutes sortes de stimuli permettant aux neurones de son cerveau de se connecter ensemble. Cette proximité le rassure, le sécurise et elle devient un tremplin pour l’exploration de son environnement – son développement global est favorisé. Les neurosciences nous permettent aussi de comprendre que faire ses nuits, endormir un bébé, prendre des habitudes, oui, c’est possible… plus tard dans la vie de l’enfant, quand son cerveau aura atteint la maturité nécessaire.

Mettre un enfant au monde, c’est incommensurable…  être parent d’un enfant, c’est tout aussi incommensurable, avec son lot d’incertitudes, de doutes, de questionnements… et c’est très bien ainsi car maman papa s’informent.  Dans notre monde branché, les parents se retrouvent parfois (souvent?) devant une surabondance d’informations qui très souvent brouille leur « p’tite voix  en dedans», leur « voix attachement ».  C’est alors la responsabilité des intervenants consultés de répondre aux questions des parents avec des résultats probants et de les aider, parfois, à faire du ménage dans ce qui est dit et publié. Riches de ces connaissances, avec leur « voix attachement », maman papa sont compétents pour répondre ensemble aux besoins de leur bébé.

Pour avoir un bébé, qu’est-ce que ça prend…? Ça prend un bébé (avec son tempérament, ses forces, ses défis, avec tout ce qui en fait qui il est), une maman qui nourrit bébé…  un papa qui « nourrit » maman, des grands-parents qui « nourrissent » papa et sa nouvelle famille.  La nourriture dont il est question ici, c’est une nourriture d’amour et de santé.  Cette nouvelle famille a aussi besoin du soutien de nous tous, les gens de leur village, un soutien basé sur la reconnaissance des compétences de chacun, bébé maman papa, un soutien qui valorise la « voix attachement » de maman papa.

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« Mon bébé a des coliques… »

Hier, j’ai reçu une maman en consultation.  Son bébé âgé de 3 1/2 semaines l’accompagnait.  Bébé est allaité exclusivement.  Maman est inquiète.  Chaque jour, bébé a des périodes où il pleure, se tortille, passe des gaz, son ventre se durcit.  Maman essaie de lui offrir le sein – bébé en veut, il n’en veut pas… « C’est simple, il a des coliques. J’ai commencé à couper les produits laitiers dans mon alimentation. » Maman se demandait si elle pouvait lui donner des probiotiques.

Le 19 janvier 2016, Catherine Handfield, La Presse+, a posé la question à Dre Valérie Marchand, gastroentérologue pédiatre à l’hôpital Sainte-Justine et ancienne présidente du comité de nutrition de la Société canadienne de pédiatrie.  Dre Marchand disait, entre autres:

  • Les probiotiques peuvent avoir des bénéfices dans certaines situations cliniques, mais de là à en donner d’emblée à un enfant pour améliorer sa santé intestinale… Je pense qu’il y a bien d’autres choses qu’on peut faire avant ça.
  • Les probiotiques qui sont dans l’intestin vont effectivement renforcer la fonction de barrière entre l’intérieur de l’intestin et le sang en augmentant la production du mucus et en augmentant le lien entre les cellules. Ça diminue la perméabilité intestinale. Maintenant, est-ce que ça va diminuer la pénétration de microbes dans la muqueuse intestinale ? Peut-être. L’autre chose qu’on veut, c’est que les protéines alimentaires ne pénètrent pas intactes dans le sang pour éviter de créer des allergies alimentaires. Des études ont montré que certains probiotiques peuvent réduire le risque, chez les bébés, de devenir allergiques, mais les études ne sont pas toutes significatives à cet égard.
  • Il y a d’autres façons de moduler la flore intestinale. Notre flore intestinale est établie très tôt dans la vie, vers 6, 12 mois. On prend des probiotiques, on modifie notre flore intestinale. On arrête d’en prendre, et quelques jours après, la flore intestinale revient à ce qu’elle était.  Comment peut-on moduler la flore intestinale de son enfant?  Par l’allaitement maternel, qui est la manière la plus intéressante, la plus durable et la plus efficace, ainsi que par l’alimentation, en diminuant l’exposition à des antibiotiques…

Ceux qui sont intéressés par ce sujet peuvent consulter le document de principes de la Société canadienne de pédiatrie, « L’utilisation des probiotiques au sein de la population pédiatrique« .

Maintenant, les coliques, les pleurs… Voici ce que certaines sources en disent…

Naître et grandir, les coliques

Les pleurs sont une chose parfaitement normale : ils sont souvent la seule façon qu’a un bébé de s’exprimer. Un bébé pleure s’il a faim, s’il a froid, si sa couche est mouillée… et c’est aussi parfois une façon pour lui de s’apaiser par lui-même. Cependant, certains nourrissons pleurent plus que d’autres, sans raison apparente. On a beau les nourrir adéquatement, les tenir au chaud, les cajoler, rien n’y fait. On dit d’eux qu’ils ont des coliques, bien que ce ne soit pas nécessairement le cas. En fait, on ne sait pas ce qui cause leur comportement. Le terme colique désigne une douleur au côlon. Selon les données connues, 10 % à 15 % des nourrissons souffriraient de coliques.

Un bébé qui a des coliques est, par ailleurs, un enfant en bonne santé. Il a un réflexe de succion normal. Il mange bien. Il ne vomit pas (mais c’est normal qu’il régurgite de temps à autre). Il ne fait pas de fièvre. Il n’est pas léthargique . Ses selles sont normales. De plus, il a toujours un gain de poids satisfaisant.

 

Société canadienne de pédiatrie, les coliques et les pleurs

Les bébés en santé pleurent. C’est leur manière d’exprimer leurs besoins et de communiquer avec les personnes qui les entourent. La plupart du temps, vous réagissez en donnant à votre bébé ce dont il a besoin : vous le nourrissez, l’aidez à s’endormir, changez sa couche ou lui faites des câlins. Les pleurs sont très utiles pour les bébés, parce qu’ils dépendent des autres pour répondre à tous leurs besoins.

Il arrive toutefois que même les parents les plus affectueux ne réussissent pas à calmer les pleurs de leur bébé. Ce n’est pas leur faute.

Lorsqu’un bébé pleure beaucoup et longtemps (sans interruption), même s’il a été nourri, changé et câliné, on dit souvent que c’est un bébé à coliques. On a longtemps pensé que les coliques étaient un « état ». Certains bébés en ont, d’autres non.

Toutefois, d’après de nouvelles données, ce qu’on appelle les coliques ferait partie du développement normal du bébé. Au début de leur vie, tous les bébés vivent une période au cours de laquelle ils pleurent plus qu’en toute autre période.

Chaque bébé est différent. Pendant cette période « de pointe », qui dure généralement de 3 à 8 semaines, certains bébés pleurent beaucoup plus que d’autres. Leurs pleurs peuvent sembler plus énergiques et peuvent être plus difficiles (parfois impossibles) à consoler.

La bonne nouvelle? D’abord, ces pleurs sont normaux. Ils n’ont aucun effet à long terme sur votre bébé. Ensuite, ils ne se prolongeront pas indéfiniment. Cette période de pleurs vigoureux et intenses (et inexpliqués) peut s’arrêter tout aussi rapidement qu’elle a commencé ou diminuer graduellement au fil du temps. En général, ils sont chose du passé lorsque votre enfant atteint 3 ou 4 mois.

 

Hôpital de Montréal pour enfants, Coliques

Un bébé qui souffre de coliques pleure beaucoup, en général plus de 3 heures par jour; mais chez certains enfants, la crise peut durer encore plus longtemps. En général, les pleurs débutent vers la même heure, souvent en début en soirée.
Les coliques sont fréquentes. On estime qu’au moins 1 ou 2 bébés sur 10 ont des coliques pendant leur petite enfance. Mais il est important de se rappeler que même s’il est difficile de prendre soin d’un bébé qui souffre de coliques, celles-ci ne sont pas dangereuses.

On a souvent l’impression que les bébés qui ont des coliques souffrent de douleurs abdominales, mais la véritable cause demeure inconnue.

Je termine avec Dr Brazelton, pédiatre américain, « Les pleurs en fin de journée » dans Votre enfant et son sommeil, pages 39 et 40

Vers trois semaines, une période de pleurs en fin de journée a de fortes chances de s’instaurer.  Des mères m’ont dit qu’elles peuvent prévoir cette phase d’énervement ou d’irritation car leur bébé commence à s’agiter, à être trop facilement hyperstimulé et à se montrer souvent inconsolable.  Elles me disent aussi qu’après ces pleurs leur bébé dort mieux.  Une fois que le parent a vérifié qu’il ne s’agit pas de faim, d’inconfort ou de douleur, le bébé peut avoir besoin de pleurer pour libérer la surcharge de son système nerveux immature.  Après ce laps de temps, suivi de nombreux apaisements et renvois, en général le bébé se calme et s’endort.  Un peu comme s’il avait fini par s’épuiser et avait évacué son trop-plein d’énergie nerveuse.  Cette capacité à s’endormir par la suite fait mieux accepter la période de pleurs.

« Bébé a des coliques – c’est la faute de ce que maman mange! »

Des fois, j’ai l’impression que tout est de la faute des mères 🙂  J’exagère, je sais… Il faut quand même se dire que bébé allaité est habitué à l’alimentation de sa maman: quand il était dans le ventre de sa maman, il buvait du liquide amniotique, liquide qui goûtait l’alimentation de sa maman.  Si maman n’a pas d’allergie diagnostiquée, si elle n’a pas eu à suivre une diète particulière pendant sa grossesse, son alimentation était probablement variée et son bébé a été « exposé » au brocoli, au chou, au beurre d’arachides, aux oignons, etc.  À moins d’une indication médicale particulière, en période d’allaitement, maman peut donc continuer à manger ce qu’elle mangeait pendant sa grossesse… Oui, chez certains bébés, quand maman coupe certains aliments, il va mieux. En même temps, il faut reconnaître que maman a été en gestation, a accouché et maintenant allaite; son corps a besoin d’énergie, de calories, de vitamines et de minéraux.  Maman a aussi besoin d’énergie et de nutriments pour une tâche incommensurable, s’occuper de son bébé, 24 heures par jour, 7 jours par semaine. Je rencontre des mamans qui en sont à boire et à manger… pas grand chose tellement elles ont tout coupé dans leur alimentation.  Je ne sais pas pour vous, mais moi, quand j’ai faim, je me sens moins patiente…  Donc, d’un côté, on aurait un bébé qui pleure peut-être un peu moins et de l’autre, une maman sûrement affamée, épuisée qui pleure parce qu’elle manque d’énergie et de patience pour s’occuper de son bébé – pas génial.

Les articles précités démontrent qu’il y a une part de « normalité » aux pleurs du bébé. « Normalité »… un bien grand mot… Si les pleurs, les tétées groupées, les coliques font partie de la vie normale d’un bébé normal, je reconnais aussi qu’il y a des bébés qui peuvent avoir du reflux, qui peuvent avoir mal au ventre – ce sont les parents de ce bébé qui connaissent le mieux ce bébé.  Quand des parents croient qu’il y a un problème, je crois que maman et les siens ont besoin d’être accompagnés par une équipe – médecin, diététiste, infirmière, consultante en lactation, afin de d’avoir un plan qui tienne bien compte de chaque membre de la famille, un plan qui s’assure que maman reçoit tous les nutriments dont elle a besoin.  Est-il nécessaire de tout couper et de tout couper d’un coup? Peut-on y aller par étapes? Peut-on faire des essais de réintroduction de certains aliments tenant compte que le système digestif de bébé, très immature, change beaucoup durant la première année?  Le plan envisagé doit être souple et revu souvent car bébé est en croissance constante.

J’ai trouvé cet article de la Leche League France, « Les coliques et le bébé allaité » .  Il est question, entre autres, du lait de maman contenant du lactose en début de tétée et plus de gras vers la fin de la tétée.  Si ça aide, tant mieux…

Il y a des papas (ou toute autre personne du « village ») qui sont devenus experts en bébé qui pleure… Quand la période des « pleurs-coliques » commence, maman va prendre un bain (ou une marche ou un café avec une amie) et papa s’occupe de bébé, l’emmène faire un tour d’auto.  Le jour, pendant que maman travaille à l’intérieur 🙂 papa travaille à l’extérieur, il côtoie d’autres adultes. Les pleurs de son bébé le touchent sauf qu’il en a, parfois, une autre perspective…  Une maman demandait à une voisine adolescente de venir, en fin de journée, bercer bébé pendant que maman préparait le souper.  Si on sait que bébé est en bonne santé, toutes les solutions sont bonnes…

Comme dit la La Leche League France: « Il faut être patient : le temps arrangera les choses, quoi qu’on fasse. Les laits artificiels ne sont pas la solution. »

Je reprends ce que je disais à propos des pleurs... Votre bébé est en bonne santé et il pleure… D’après vous, quel devrait être votre but…? Arrêter ses pleurs à tout prix ou plutôt reconnaître ses pleurs et lui « prêter » une épaule compatissante pour pleurer ce qu’il a à pleurer…?  Demain, votre bébé sera un homme de 17 ans et sa première blonde le quittera et il aura beaucoup de peine.  Ce qui effacerait son chagrin, c’est de ravoir sa belle… mais ce sera impossible.  À ce moment-là, les mots seront superflus, comme aujourd’hui, il aura besoin de savoir qu’il n’est pas tout seul dans sa peine, il aura besoin de votre épaule compatissante…

En terminant

Ceci étant dit, maman-papa, vous devez bien prendre soin de vous… Un bébé, c’est exigeant et encore plus quand il pleure: vous avez beau vous raisonner qu’il est en bonne santé, c’est tout un stress, pour un parent, de prêter une épaule compatissante à son bébé qui pleure.  Vous pouvez vous sentir dépassé(e), exaspéré(e), excédé(e) – vous vivez des émotions normales.   Quand vous vivez ces émotions, alors, STOP.

  • Déposez bébé sur le dos, dans son lit, les côtés remontés.  Il continuera de pleurer et il sera en sécurité.
  • Vous, allez prendre une douche, prendre l’air sur le balcon, appeler quelqu’un qui peut vous écouter ventiler et/ou venir vous relayer auprès de bébé.
  • Retournez voir votre bébé quand vous aurez repris pied ou quand la personne que vous avez appelée est arrivée.

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« Sweet sleep », ami des familles :-)

Je termine la lecture de « Sweet Sleep – Nightime and Naptime Strategies for the Breastfeeding Family » (2014) par Diane Wiessinger, Diana West, Linda J. Smith, Teresa Pitman, Ballantine Books – New York, La Leche League International.

J’ai apprécié:

  • les références: elles sont nombreuses, scientifiques, actuelles;
  • les faits et le non jugement: les auteures ne parlent pas contre qui que ce soit, elles ne cherchent pas à vendre quoi que ce soit, les auteures établissent des faits, basés sur des résultats probants, « tout simplement »;  le titre est bien choisi: « Sweet Sleep », un livre qui parle du sommeil…;
  • les auteures mettent bébé au cœur de tout, elles reconnaissent ses forces, son individualité:

« Babies aren’t blank slates that we write a personality on.  Being active or quiet or unpredictable is as built-in as being curly-haired or long-legged or round-faced.  It can even start in the womb. » (p. 102)

Chapitre 7: Sleep Personalities and Places

  • les auteures aident à reconnaître des situations « difficiles »

« When it gets this bad, you need sleep.  Now.  And you need to have your baby in a separate space until you’re more rested.  You need an emergency sleep break (ESB). » (p. 173)

  • les témoignages, au fil de la lecture;
  • les photos: aucun bébé ne se retrouve seul sur une photo;
  • à travers la science, quelques trucs, quelques conseils:

Chapitre 11 « Gentle sleep Nudging Methods » (Méthodes « coup de pouce » pour un sommeil paisible – traduction libre);

  • souvent, les auteures abordent la situation des parents et elles en parlent avec respect, compassion et empathie; les faits servent à normaliser la situation sans pour autant la banaliser:

« Most newborns sleep for more than half of every 24 hours, so in theory we should be well rested. (…) The problem is the tug-of-war between our quest for long stretches of unbroken sleep and our baby’s need for frequent nursing day and night. » (p. 152)

« We can start this chapter with reassurance.  If you’re reading it around the two-week mark with your first baby, you’re probably not where Donna was with her third.  Not yet and that’s normal. » (p. 259)

« Are you getting tired of hearing « Is he sleeping through the night yet? » Are you just getting plain tired? That’s understandable.  Waking up to feed and connect through the night is normal for babies and young children.  But it can be hard on mothers.  Is there any way to make it better? Maybe a starting point is understanding your baby’s starting point. » (p. 178)

  • un chapitre fait le tour des « gadgets », un autre chapitre suggère des réponses aux nombreux commentaires qu’une famille peut recevoir;
  • les auteurs s’attardent à certaines périodes de la vie de l’enfant: les premiers jours, les 2 premières semaines, 2 semaines à 4 mois, 4 mois et plus;
  • la dernière partie, « Safe-sleep science », aborde des sujets « chauds » comme l’entrainement au sommeil, le syndrome de la mort subite du nourrisson, la controverse autour du co-dodo, le tout avec de multiples références;
  • à la fin, des ressources et aussi, des feuillets d’informations, « Tearsheet Toolkit »;
  • l’outil « The Safe Sleep Seven », qui s’harmonise bien et qui complète bien les recommandations de « Mieux vivre avec notre enfant« .
  • en s’appuyant sur la science, les auteures mentionnent les différences dans le sommeil d’un bébé allaité et de celui qui reçoit de la préparation commerciale pour nourrissons.  Ça me fait penser à l’expression qui émerge, « Breastsleeping »… dodo pour le bébé allaité.

En conclusion? Ce livre est une ressource incontournable pour réfléchir avec sa tête et avec son cœur au sommeil du bébé et à la meilleure façon de l’accompagner dans son développement au fil des jours et des nuits.  J’adhère beaucoup à cette façon d’aborder une situation avec des parents: moi, en tant qu’intervenante, j’apporte des résultats probants afin d’aider les parents à prendre une décision la plus éclairée possible dans leur vie, avec leur bébé.  Ensuite, l’intervenante que je suis est assez professionnelle pour respecter la décision prise par les parents, tout en s’assurant que chaque personne évolue dans un environnement sécuritaire.  C’est ce que j’ai senti en lisant le titre (« Sweet Sleep – nightime and naptime strategies for the breastfeeding family » – des stratégies sont proposées…) et au fil des pages de ce livre.

En partant de ce livre, je me suis amusée à lire des textes en référence, à visiter des sites web.  Si vous désirez pousser votre réflexion un peu plus loin…

Il y a aussi le « Dossier sommeil » dans mon site web.

En terminant, une demande spéciale…  La Leche League France consacre son numéro janvier-février-mars 2016 au sommeil du bébé… J’aimerais bien lire ce numéro… si vous l’obtenez, pouvez-vous me contacter, svp? Merci 🙂

« Les semaines miracle »

J’ai mis au monde 3 garçons.  Au début de leur vie terrestre, ça leur arrivait de s’exprimer par des pleurs… un de mes garçons plus que les deux autres. Ça m’arrive de repenser à ces moments intenses oû il m’arrivait de pleurer avec mon fils tellement je me sentais impuissante, fatiguée, à bout de ressources.  C’est certain que si j’avais le pouvoir de voyager dans le temps, je retournerais à ces moments précis et je mettrais à l’essai mes connaissances d’aujourd’hui…  Ça, c’est une autre histoire!

À l’époque, j’avais emprunté un livre à la bibliothèque, « Pourquoi pleurent-ils?  Comprendre le développement de l’enfant de la naissance à 1 an (2001) ». Les auteurs, Hetty van de Rijt Ph.D. et Frans Plooij Ph.D., parlaient de « périodes crampon« .  Les auteurs expliquaient que, durant les 52 premières semaines de vie du bébé, il y avait des périodes « orageuses » et des périodes « ensoleillées »:

  • période crampon, c’est le bébé qui dit maman « Maman, prends moi. »
  • période orageuse: On dirait qu’une mauvaise fée a changé le bébé.  Cette période s’accompagne souvent d’un nouveau développement.
  • période ensoleillée: répit avant un bond en avant.

En arrière plan, il y avait le développement d’un enfant.  Le ton était non jugeant, amical.  Ce livre m’avait fait beaucoup de bien car j’arrivais à comprendre que mon bébé passait par des périodes « normales » de son développement.

Depuis plusieurs années maintenant, je reçois en consultation  des nouvelles familles.  Les parents parlent beaucoup des pleurs de leur bébé – c’est tellement une préoccupation que j’en ai fait un dossier dans ce site!  Dernièrement, j’ai cherché ce livre à la bibliothèque, en librairie… disparu!  Avec le nom des auteurs, j’ai plutôt trouvé The Wonder WeeksLes semaines miracle.  Les auteurs ont modifié le premier livre.  Maintenant, on étend la période à 84 semaines au lieu de 52 semaines.The wonder weeks page 14 cropée

Une nuance: les périodes mi-ensoleillées mi-nuageuses au lieu de périodes ensoleillées seulement…  Dans ce livre, je retrouve le même ton non-jugeant.

  • Les auteurs reconnaissent les parents comme LES spécialistes de leur bébé et on leur donne beaucoup de pouvoir.
  • Au début de chaque chapitre, il y a un tableau, « My diary » à compléter.  Les parents peuvent cocher certaines cases. Ensuite, de la place est laissée aux parents afin qu’ils notent des changements qu’eux ont observé chez leur bébé en particulier.
  • Le bébé reste au centre des pensées, des hypothèses, on cherche à « se mettre dans ses souliers ».  Des jeux, des jouets sont aussi suggérés.
  • Le développement du bébé et le développement de son cerveau se retrouvent toujours en arrière plan.
  • Les auteurs répètent souvent que chaque bébé est unique.
  • Les auteurs émettent parfois l’hypothèse qu’un garçon pourrait réagir différemment d’une fille du même âge.
  • Les auteurs suggèrent aux parents dont le bébé est né avant ou après la date prévue, de corriger l’âge de leur bébé.
  • Dans chaque chapitre, les auteurs parlent aussi de ce que les parents peuvent ressentir et quelques trucs leur sont donnés.
  • L’alimentation des bébés, c’est l’allaitement et/ou le biberon.
  • À la fin, il y a des références.

Des exemples?

You are the person your baby knows best. She trusts you more and has known you longer than anyone else.  When her world has been turned inside out, she will be completely bewildered.  She will cry, sometimes incessantly, and she will like nothing better than to be simply carried in your arms all day long.  As she gets older, she will do anything to stay near you.  Sometimes, she will cling to you and hold on for dear life.  She may want to be treated like a tiny baby again.  Thses are all signs that she is in need of comfort and security.  This is her way of feeling safe.  You could say that she is returning to home base, clinging to mommy. (page 16).

Wonder Week 5 – the World of Changing Sensations

  • Because your baby senses something changing, she feels insecure and has a greeter need for close skin-to-skin contact. (page 42)
  • Sleeping Tips: A baby with sleeping problems will often fall asleep more quickly when he is with you.  The warmth of your body, your gentle movements, and your soft hands will help to soothe him.  Her are some tips on the best ways to get him to sleep.  (…)  (page 45)

Rien n’est parfait… dans le dernier exemple de même qu’à d’autres endroits, on parle de « problèmes de sommeil »… tout en expliquant le développement du cerveau.  Je me pose la question… peut-être qu’en employant le langage des parents, on les rejoint mieux…?  Pour ma part, le sommeil du « voie-lactien » n’est pas un problème… plutôt un « work in progress » comme disent les anglais!

Tout en étant consciente que ce livre peut servir à examiner un bébé à la loupe (voire au microscope!), il peut aussi être un outil intéressant… Si vous le lisez, j’aimerais bien lire/entendre vos commentaires 🙂

 2016-01-02

J’ai découvert que le 8 décembre 2015, Kelly Winder a publié un article, sur son site.  L’article s’intitule « Cry It Out – 6 Educated Professionals Who Advise Against It ».  Un des professionnels dont elle parle est l’auteur du livre « The Wonder Weeks, Doctor Frans Plooij, Ph.D.

#6: Dr Frans Plooij Ph.D What makes him so qualified? Doctor Frans Plooij, Ph.D, is the president of the International Research-institute on Infant Studies (IRIS) at Arnhem (the Netherlands). Dr. Plooij has served as Vice President for Information of the International Society for Human Ethology, Vice President of the Institut European pour le Développement de tout les Enfants (IEDPE). He is on the editorial board of the journal Ethology and Sociobiology, and is a member of the panel of assessors of the Journal of Clinical Child Psychology and Psychiatry. He is a member of several international, scientific societies for child development and behavioural biology, and of the New York Academy of Sciences. In addition to many scientific publications, Dr. Plooij has written several best-selling books on parenting, including The Wonder Weeks, which is based on 35 years of research and has been published in twelve languages. Doctor Plooij has posted a YouTube clip telling parents to never let a baby cry it out: https://www.youtube.com/watch?v=dYi51DmfxMY

Pour en savoir plus: http://www.bellybelly.com.au/baby-sleep/cry-it-out/

La vie avec bébé

LA VIE AVEC BÉBÉ / Louise Godin, inf. B. Sc. IBCLC (c)

Attention! Les renseignements contenus dans ce document à l’intention des familles ne constituent que des suggestions et ils ne remplacement nullement une consultation avec un professionnel de la santé. Ce document appartient à l’auteure – il est interdit de changer ou de modifier toute partie de ce document sans la permission de l’auteure. Si vous avez des questions, consultez de nouveau l’auteure et/ou votre/un professionnel de la santé.

Allaitement et développement du cerveau
Saviez-vous que le cerveau de votre tout-petit, à sa naissance, n’a pas fini de grandir? La croissance du cerveau de votre enfant se complète durant la première année de vie. Dans le document Nourriture du corps, nourriture de l’esprit, neurologie du développement – ce que nous savons au sujet du cerveau publié en 2001 par l’Institut canadien de la santé infantile, il est mentionné :

Pour assurer la croissance et l’épanouissement du cerveau de l’enfant, celui-ci a besoin :

  • Du lait maternel : la meilleure alimentation pour assurer le développement optimal du cerveau;
  • D’un sain attachement : une relation solide et chaleureuse avec au moins une personne adulte;
  • De soins attentifs : où l’on répond à ses besoins et réagit aux signaux qu’il donne;
  • D’une protection contre les situations néfastes : une enfance la plus exempte possible de sources de tensions négatives sur le plan physique et mental.

Ces quatre éléments sont profondément interreliés et également essentiels. S’ils sont tous les quatre en place durant la période la plus active de configuration du cerveau, celui-ci recevra ce dont il a besoin plus que tout : un environnement positif propice à une saine croissance.

Allaitement : rappels

Durant les premières semaines de vie de votre bébé, la tétée sera une activité principale dans vos journées. Voici quelques rappels.

  1. Essayez d’inviter bébé à prendre le sein avant qu’il ne soit trop affamé. Dès qu’il démontre des signes de faim (il porte ses mains à sa bouche, il fait le poisson, ses bras et ses jambes bougent), prenez-le, parlez-lui, changez sa couche. Pour la tétée, laissez-le en couche. Si vous le pouvez, enlevez votre chandail/blouse et votre soutien-gorge afin d’allaiter votre bébé en peau à peau.
  2. Installez-vous confortablement. Certaines mamans ont un truc : quand bébé est prêt à téter, elles prennent bébé d’un côté et leur « panier d’allaitement » de l’autre. Ce panier contient des jouets pour l’aîné, du papier et un crayon, la télécommande du téléviseur, une couche propre, le récepteur du téléphone, une bouteille d’eau, des noix, une pomme, etc.
    En position assise, inclinez-vous vers l’arrière. Si vos seins sont volumineux, roulez une débarbouillette sous votre sein.

1ère étape: positionnement

Votre bébé a besoin de se sentir en sécurité, solidement tenu tout contre vous, si possible en peau à peau, afin que ses réflexes de chercher le sein et de téter se déclenchent. Assurez-vous que sa tête est à la hauteur de votre sein, son nez près de votre mamelon (partie brune du sein).
Tenez solidement votre bébé à la base de son cou – ne tenez pas sa tête. Si vous tenez solidement votre bébé contre votre corps et que votre main le tient bien à la base du cou, il peut tenir sa tête lui-même – il pourra aussi basculer sa tête vers l’arrière pour prendre votre sein. Vos doigts entourent son cou, en touchant ses mâchoires sans gêner leur mouvement.
Votre autre main (ici la main gauche) peut tenir votre sein pour le présenter à votre bébé. Vous pouvez aussi exprimer quelques gouttes de lait pour mettre bébé en appétit.

2e étape : stimulez le bébé

Avec votre mamelon, chatouillez la lèvre d’en haut de votre bébé. Demandez-lui d’ouvrir sa bouche toute grande, faites-le en lui disant.
Si votre bébé pleure, se fâche, placez-le à la verticale entre vos seins et parlez-lui doucement. Invitez-le à se calmer. Il se peut alors qu’il décide lui-même d’aller vers le sein. Si c’est le cas, guidez-le doucement vers le sein qu’il choisit.

3e étape : bébé au sein
Quand votre bébé ouvre sa bouche toute grande, poussez-le fermement et avec douceur vers le sein. Attention! Assurez-vous que votre main est à la base de son cou, pas sur sa tête. Il doit être capable de basculer sa tête vers l’arrière pour prendre une bonne bouchée du sein et pour bien téter.
Quand votre bébé tète bien et que vous ne ressentez pas de douleur, mettez un oreiller, une serviette roulée, sous votre bras qui tient votre bébé afin que vous soyez bien confortable. Les jambes de bébé peuvent se déposer sur votre cuisse. Relaxez…

Allaitement : stratégies

Si votre bébé prend bien le sein, vous ne devriez pas sentir de douleur.

  • Si votre bébé tète et que vous ressentez de la douleur, attendez quelques secondes. Peut-être que cette douleur est reliée au lait qui descend dans votre sein… Essayez doucement de coller davantage votre bébé contre vous… Vous ressentez toujours de la douleur…? Mettez votre petit doigt dans le coin de la bouche de votre bébé afin de briser la succion. Recommencez la mise au sein…
  • Consultez sans tarder une personne spécialisée en allaitement si vous avez quelque difficulté que ce soit, si vous avez de la douleur, si vos mamelons sont blessés (crevasses, gerçures).
  • L’allaitement, ça s’apprend au fil des jours. Souvenez-vous des premières danses avec un nouveau partenaire…vous vous êtes sûrement marché sur les pieds quelques fois! L’allaitement, c’est la même chose : il faut quelques semaines d’essais-erreurs pour que vous et votre bébé deveniez plus habiles et que les tétées soient plus faciles et plus agréables.
  • Durant la tétée, bébé ralentira son rythme, peut-être qu’il s’endormira. Dans ce cas, faites une compression du sein. Supposons que bébé tète au sein gauche et que vous le tenez avec votre main et votre bras gauches.
    1. Placez votre pouce gauche sur votre sein et vos 4 doigts gauches sous votre sein.
    2. Pressez votre sein 5 secondes comme si vous vouliez que votre pouce touche à vos 4 doigts.
    3. Relâchez.
    Cette compression de votre sein aura pour effet de redonner du lait à votre bébé. S’il ne recommence pas à téter, brisez la succion. Certaines mamans changent alors la couche de leur bébé, d’autres placent leur bébé à la verticale entre leurs seins – c’est à vous de décider. Vous pouvez ensuite tenter d’offrir l’autre sein à votre bébé.
  • Tout comme nous, les adultes, il est probable que votre bébé n’ait pas la même faim tout au long de la journée, d’une journée à l’autre : lors de certaines tétées, il peut prendre 2-3-4 seins et à d’autres, 1 seul sein. La tétée peut être plus courte ou plus longue, dépendant de sa faim, de son tempérament. Cachez les horloges, regardez votre bébé et faites-lui confiance. Il est très difficile de suralimenter un bébé au sein. Vous en doutez? Essayez d’offrir le sein à votre bébé quand il n’aura plus faim, juste par curiosité…! Donc, si vous ne comprenez pas tout à fait ce qu’essaie de vous dire votre bébé, essayez de lui offrir le sein…vous verrez bien!
Allaitement et comportement « normal » d’un nouveau-né

Au fait, qu’est-ce qu’un comportement « normal » chez votre tout-petit…?

  • Il est normal, en tant que nouvelle maman qui allaite, que vous ayez de la difficulté à vous souvenir de petits détails de la vie de tous les jours, à organiser votre vie de façon aussi efficace qu’avant l’arrivée de votre bébé. La raison est simple… Quand votre bébé vient au monde, ses instincts de mammifère le poussent à tisser des liens avec sa mère – sa survie en dépend. C’est son cerveau droit qui est le plus développé et qui travaille le plus durant les premières semaines de sa vie à se connecter avec sa nouvelle vie à travers ses sens : il vous sent, il vous touche, il goûte à votre lait, il entend votre voix et les battements de votre coeur. Vous, en tant que maman de ce tout-petit, mettez en veilleuse votre cerveau gauche, celui des chiffres, des techniques, du raisonnement, pour que votre cerveau droit, celui des émotions, prenne toute la place… De cette façon, vous et votre bébé êtes sur la même longueur d’onde… Ce phénomène est d’ailleurs plus présent parce que vous allaitez, à cause des hormones qui sont libérées. La nature est bien faite, n’est-ce pas?… D’ailleurs, avez-vous remarqué que les moments que vous trouvez les plus difficiles avec votre bébé sont ceux où vous cherchez à comprendre, à raisonner? « Il a bien tété chaque sein 22,5 minutes, 3 fois. Il ne peut pas avoir encore faim. ». « Je l’allaite en position Y, sa tête, ses épaules et ses hanches sont placées à un angle de X degrés. Je ne comprends pas pourquoi j’ai mal. ». Quoi faire, alors…? Faites comme votre bébé : fiez-vous à votre instinct de maman, « tout simplement ». Et confiez le « reste » à papa, à une amie, à un professionnel de la santé qui croit en l’allaitement. En passant, quelques mots pour papa, plus particulièrement : vous n’allaitez pas… tant mieux! Vous pouvez ainsi jouer un très grand rôle : « servir et protéger » la dyade maman-bébé afin que l’allaitement se déroule dans les meilleures conditions possibles.
  • Il est normal que votre bébé soit bien dans vos bras, près de vous. Votre bébé arrive d’une autre « planète » et sur Terre, il ne connaît que maman et papa en les sentant et en les touchant, surtout les premières semaines. Vous ne gâtez pas votre bébé à le prendre, à le cajoler, à l’allaiter. Au contraire… Vous lui apprenez, au fil des jours et au fil des nuits, qu’il peut vous faire confiance, que vous êtes là pour répondre à ses besoins, même ses besoins les plus intenses. Petit à petit, en répondant à ses besoins, vous développez avec lui un lien d’attachement sécuritaire qui lui permettra ensuite, de se détacher de vous et d’explorer le monde.
  • Il est normal qu’un bébé n’ait pas d’horaire fixe durant les premières semaines de vie. Il a par contre besoin d’une routine, d’un repère bien important : maman qui répond à ses besoins dans un délai convenable.
  • Il est normal qu’un bébé réclame le sein 8-14 fois et même plus par 24 heures durant les premières semaines de vie.
  • Il est normal qu’un bébé ne fasse pas ses nuits durant les premiers mois de vie. Faire ses nuits, c’est un développement moteur comme marcher à 4 pattes, s’asseoir, etc. Faire ses nuits, c’est aussi une question de maturation du cerveau et du système nerveux central. Donc, patience!
Allaitement et période de pleurs intenses, de coliques
  • Il est normal, durant ses 6-12 premières semaines de vie, que bébé ait une période de la journée où rien ne semble tourner rond… Cette période a souvent lieu à l’heure du souper quand tout le monde revient à la maison après une journée d’activités diverses. Bébé prend de petites tétées très souvent : c’est la période des « tétées groupées ». Il pleure, il semble insatiable, inconsolable. On dirait qu’il a mal au ventre. C’est normal…Est-ce qu’il s’agit de coliques…? Ça se pourrait puisque son système digestif n’est pas mature durant les premiers mois de vie. Un pédiatre américain croit que le bébé, à la fin d’une journée bien remplie de stimulations diverses, doit éliminer les tensions accumulées par toutes ces nouvelles découvertes.
  • Si vous, maman, vous vous sentez d’attaque, installez-vous confortablement dans un coin tranquille de la maison, baissez les lumières, mettez une musique douce en sourdine; placez votre tout-petit en peau à peau, à la verticale, entre vos seins. Si bébé semble vouloir téter, guidez-le doucement vers le sein. Peut-être que quelques gouttes de lait suffiront à l’apaiser… Après tout, le lait maternel est un aliment d’amour et de santé! Il est prouvé que répondre aux besoins exigeants du bébé à ce moment, lui donner de petites quantités de lait maternel souvent, permet ensuite au bébé de faire une « belle nuit » de 3-4 heures, parfois même 5 heures…! Courage!
  • Voici quelques trucs qui peuvent aider bébé à se calmer :
    1. Enveloppez bébé dans une couverture, une serviette, un porte-bébé, de telle sorte que ses jambes et ses bras soient bien près de son corps et qu’il ne puisse les bouger librement.
    2. Bercez bébé, de gauche à droite, de l’avant vers l’arrière, du haut vers le bas, tout dépendant de la préférence de votre bébé.
    3. Placez bébé peau à peau, son estomac contre le thorax d’un autre adulte ou son estomac contre l’avant-bras d’un autre adulte.
    4. Couchez bébé sur le dos. Massez doucement son ventre dans le sens des aiguilles d’une montre. Vous pouvez utilisez une crème ou une huile non parfumée. Vous pouvez aussi prendre ses jambes et faire un mouvement de bicyclette avec chacune d’elles. Ces mouvements peuvent aider bébé à éliminer quelques gaz. Pendant ces mouvements, gardez un oeil sur votre bébé : arrêtez tout mouvement qu’il ne semble pas aimer.
    5. Allaitez bébé si c’est ce qu’il veut.
    6. Si bébé pleure beaucoup, déposez-le près de vous 1-2 minutes. Reprenez votre souffle… Reprenez bébé et tentez de nouveau de lui apporter un peu de réconfort.
  • Si vous, maman, vous vous sentez épuisée, demandez à un adulte en qui vous avez confiance de prendre la relève. Cette personne peut promener bébé, lui chanter des chansons, utiliser une technique que nous venons de mentionner. Vous, maman, retirez vous dans un endroit où vous ne verrez pas et n’entendrez pas votre bébé. Prenez quelques minutes pour vous : prenez un bain-une douche, lisez un bon roman, appelez une amie…le prendre en peau à peau, le temps que vous, maman, vous prenez quelques minutes pour vous…
  • Si vous êtes seule avec bébé, il se peut que ses pleurs vous fassent vivre toutes sortes d’émotions (colère, inquiétude, rage, etc.), en peu de temps. C’est normal qu’une maman puisse ressentir ces émotions face aux pleurs de son bébé. Dans ce cas :
    1. Déposez votre bébé sur son dos dans son lit et relevez les côtés de son lit.
    2. Sortez de la chambre de votre bébé. Fermez la porte de la chambre.
    3. Appelez quelqu’un sans attendre : une amie, une voisine, Info-Santé, le 911.
    4. Prenez quelques minutes pour vous : prenez une douche, sortez sur votre balcon prendre une bouffée d’air, etc.
  • Il est normal que vous trouviez votre tout-petit très exigeant. Il vous faut prendre soin de chacun de vous d’abord pour pouvoir prendre soin de votre nouveau-né… Cela est vrai pour maman et pour papa… Entourez-vous de gens qui croient que l’allaitement c’est ce qu’il y a de mieux pour votre bébé, pour maman, pour papa et pour votre famille!
Allaitement : trucs de survie pour maman qui allaite
  • Prenez une collation avec protéine chaque fois que votre bébé tète, jour et nuit; de cette façon, vous serez certaine d’être bien nourrie. Des exemples? Craquelins et fromage, fruits et noix, légumes et trempette de tofu.
  • Buvez des boissons que vous aimez avant d’avoir soif. Le café est permis… en petites quantités.
  • Remettez à plus tard les régimes amaigrissants – n’essayez pas de perdre du poids durant les premières semaines d’allaitement.
  • Reposez vous chaque fois que votre bébé se repose. Faites des siestes le jour. Allaitez en position couchée le plus souvent possible, surtout la nuit, durant les premières semaines.
  • Parlez de ce que vous vivez avec des personnes en qui vous avez confiance. Il est normal que vous vous sentiez fatiguée/dépassée, que vous passiez du rire aux larmes. Par contre, si les personnes qui vous entourent ne vous reconnaissent plus, parlez-en à votre médecin ou à tout autre professionnel de la santé sans tarder.
Allaitement : les conseils de l’entourage

Peu de gens résistent à l’attrait d’un nouveau-né. Il est normal que les gens qui vous entourent vous donnent des conseils, vous racontent comment ils ont agi avec leur bébé. Écoutez bien : certains trucs peuvent être intéressants… En même temps, gardez en tête que votre bébé est unique : c’est vous, maman et papa, qui connaissez le mieux cet enfant et qui êtes les mieux placés pour savoir ce dont il a besoin… Faites-vous confiance… Il n’est pas toujours nécessaire de dire aux gens que vous ne suivez pas leurs conseils… faites simplement ce que vous croyez être le mieux pour votre bébé. Profitez de la vie, de votre vie en famille, avec votre tout-petit.

 

La vie avec bébé© Louise Godin, inf. B. Sc. IBCLC, 2007-12-28, révisé 2014-12-06

Le voie-lactien

D’ OÙ VIENNENT LES BÉBÉS?

« Si l’on en croit un récent best-seller, les hommes viendraient de Mars et les femmes de Vénus. Pour ce qui est des bébés, les experts pensent maintenant qu’ils viennent de quelque part près de la Voie lactée. Ce qui expliquerait que lorsqu’ils arrivent sur Terre, ils sont affectés d’une sorte de « jetlag » cosmique, et ne connaissent absolument rien des coutumes et styles de vie terriens.

Les Terriens, qu’ils soient de Mars ou de Vénus, sont très troublés de voir ces nouveaux arrivants ne pas se conduire tout de suite comme le font les Terriens adultes : manger selon un rythme terrien, dormir quand la nuit tombe, etc. Les Terriens sont très surpris de voir leurs tout-petits, naturellement synchronisés sur le temps de la Voie lactée, se conduire d’une façon pourtant tout à fait normale pour des citoyens de la Voie lactée.

Parents terriens, notez bien : vos bébés se conduisent parfaitement normalement pour des Voie-lactiens! Les citoyens de la Voie lactée mangent toujours toutes les deux heures. Ils dorment le jour et sont debout la nuit. La nuit est faite pour s’amuser et rencontrer les amis. Si, malgré tout, un Voie-lactien dort la nuit, il ne le fait qu’en groupe, comme les chiots, par peur du Monstre lacté qui attaque les petits Voie-lactiens quand ils sont seuls dans l’obscurité. Laissés tout seuls, ils ont peur et appellent à l’aide.

Quand ils arrivent, ils ne parlent pas un mot de français ni d’anglais, ni d’aucune autre langue terrienne. Ils essayent de communiquer en langage voie-lactien, mais les Terriens ont beaucoup de mal à les comprendre. Parfois, au lieu de l’admettre, les Terriens préfèrent dire que c’est bon pour les poumons du Voie-lactien que de parler tout seul dans sa chambre pendant des heures.
Quand un petit Voie-lactien arrive sur Terre, il est important de comprendre d’où il vient, et de l’accueillir avec respect. Souvenez-vous qu’il a besoin de temps pour s’adapter à sa nouvelle culture. Il a besoin d’amour et de patience. Il a besoin d’être

avec des Terriens qui écoutent son langage en même temps que lui essaie d’apprendre le leur.
Les nouveaux parents doivent comprendre que le petit Voie-lactien ne se réveille pas la nuit pour les rendre fous : c’est juste sa façon d’être. Un jour, il comprendra qu’être debout la nuit n’est autorisé que pour les étudiants, les célibataires et ceux qui doivent travailler de nuit, comme les infirmières et les serveuses. Il apprendre à manger à des heures qui conviennent aux Terriens. Ce concept prendra un long moment parce que la meilleure nourriture pour le faire grandir en bonne santé, à savoir le lait vénusien, se digère très rapidement.

Si on le presse trop, le bébé voie-lactien risque de ne pas avoir confiance dans sa nouvelle planète et de mettre plus longtemps à devenir un petit Terrien indépendant.  S’il a de la chance, il trouvera un foyer avec des Terriens qui apprécieront ses qualités voie-lactiennes et se réjouiront de ses premières semaines si spéciales sur Terre, quand le bébé est tout neuf. Bientôt, il deviendra un vrai Terrien, mangera comme un Terrien, dormira comme un Terrien. Il est dangereux pour sa santé mentale et son bien-être de vouloir accélérer la transition. Ayez confiance, cela arrivera en son temps. »

(c) Par Ann Calandro, North Carolina’s Rocking Chair 1998, citée dans “Comment dorment les bébés – pour ou contre le sommeil partagé” par Claude Suzanne Didierjean-Jouveau, Jacky Israël, James McKenna. Les Cahiers de « Naître, grandir, devenir », Éditions Berlin, Paris, 2004, pages 46-47.

La deuxième nuit de votre bébé

Vous avez survécu à vos 24 premières heures en tant que nouvelle maman. Peut-être avez-vous déjà d’autres enfants, mais vous êtes néanmoins, une fois de plus, une nouvelle maman. Votre bébé vivra maintenant sa deuxième nuit.

Tout à coup, votre nouveau-né découvre qu’il n’est plus dans l’univers chaud et douillet, mais un peu à l’étroit de votre utérus où il a passé les 8 ½ ou 9 derniers mois – et il a PEUR! Il n’entend plus les sons qui lui étaient familiers tels que votre rythme cardiaque, les bruissements du placenta et les autres gargouillis apaisants comme ceux de vos poumons ou de vos intestins. Au lieu de cela, il se retrouve seul dans un berceau, vêtu d’une couche et d’une camisole, emmaillotté dans une couverture et avec un chapeau en prime ! Toutes sortes d’inconnus le manipulent et il n’est pas encore habitué aux nouveaux bruits, aux nouveaux sons, à la lumière, ni aux odeurs. Mais il connaît maintenant parfaitement bien une chose : sa voix ! À chaque fois que vous le retirez du sein après la tétée et qu’il s’est endormi blotti contre vous, il proteste haut et fort!

En fait, à chaque fois que vous le remettez au sein, il se calme, il tète quelques instants et se rendort. Dès que vous essayez de le remettre au lit, il se remet à pleurer et cherche encore le sein ; une situation qui vous semble interminable. Bien des mères s’imaginent alors qu’elles n’ont pas suffisamment de lait ou que celui-ci n’est pas bon et que leur bébé crève littéralement de faim ! Mais il n’en est rien. Votre bébé a tout simplement envie d’être au sein car c’est l’endroit où il se sent le plus confortable et qui ressemble le plus à sa « maison», c’est à dire la vie intra-utérine qu’il a connue. Et il semble bien que ce réflexe soit universel chez les bébés, car des consultantes en lactation du monde entier ont constaté la même chose.

Sachez que ce type de comportement est susceptible de se produire parfois lorsque vous serez à la maison. Ne vous laissez surtout pas décourager, les bébés adorent énormément se blottir contre la poitrine de leur maman.

Que faire alors? Lorsque votre bébé s’endort après la tétée, brisez délicatement la succion et glissez doucement votre mamelon à l’extérieur de sa bouche. Bougez-le le moins possible et laissez sa tête s’appuyer contre votre poitrine. N’essayez pas non plus de lui faire passer un rot et laissez-le plutôt aller dans un sommeil profond. À ce moment-là, il ne sera pas dérangé par le mouvement et vous pourrez le mettre au lit. Le sommeil du bébé débute avec un cycle de sommeil agité pour ensuite se poursuivre avec un cycle de sommeil profond. Ces deux cycles se produisent en alternance à toutes les demi-heures environ. Une fois au lit, si votre bébé recommence à chercher le sein et semble vouloir téter, laissez-le faire ; c’est sa manière à lui de se réconforter.

Voici un autre petit truc très utile. Dans l’utérus, les mains de votre bébé étaient libres et il pouvait sucer son pouce ou ses doigts à volonté. Puis tout à coup, il n’y a plus accès parce qu’on lui a mis des mitaines et il ne peut plus éprouver le même réconfort. Les bébés ont besoin de toucher et de sentir. Ses petites mains sur vos seins permettront d’augmenter votre taux d’oxytocine et d’accroître ainsi votre production de lait. Alors, enlevez-lui donc les mitaines et desserrez sa couverture afin qu’il ait accès à ses mains. Ne craignez pas qu’il s’égratigne et même s’il le fait, cela guérira très rapidement. Il ne faut pas oublier qu’il avait déjà des ongles à l’intérieur de votre utérus et qu’il n’avait pas de mitaines !

© 2003 Jan Barger RN, MA, IBCLC / Consultante en lactation / Lactation