Intégration à la garderie
Le lien d’attachement parent-enfant se construit dans les premiers mois de la vie. Les parents doivent donc passer du temps avec leur enfant à ce moment critique.
Par la suite, peu importe l’âge, l’entrée à la garderie constitue une transition importante pour tous les enfants. C’est pourquoi il est difficile d’établir un âge optimal pour l’entrée à la garderie. La transition se passera généralement bien si l’enfant a développé un lien d’attachement solide avec ses parents à la maison. Ce facteur est donc plus important que l’âge de l’enfant. (Naître et grandir, Le lien d’attachement et la garderie)
Je crois important de rappeler… « Un changement à la fois… ». Pendant l’adaptation à la garderie, ce n’est pas le moment idéal pour l’entrainement à la propreté, par exemple… Certains enfants pourraient même régresser pendant cette adaptation.
Les étapes d’adaptation à la garderie:
Chaque enfant étant unique, les manières de réagir pendant la période d’adaptation à la garderie peuvent être différentes. On peut néanmoins observer quatre étapes dans les réactions des jeunes enfants. Si votre enfant voit que vous avez confiance en son éducatrice et que vous n’êtes pas inquiet de le laisser à la garderie, il s’adaptera plus facilement.
- La découverte de la nouveauté
Au début, ils sont fascinés par ce nouvel environnement stimulant, plein de jouets et d’autres enfants. Ils peuvent même être excités à leur arrivée le matin et ne pas trop réagir lorsque leurs parents partent.- Le choc de la réalité
Après environ une semaine, l’attrait de la nouveauté disparaît. Les enfants constatent qu’ils vont revenir tous les jours. Ils réagissent parfois fortement : ils pleurent ou s’opposent. Durant la journée, ils jouent peu avec les autres et s’intéressent moins aux jeux et aux activités. Le choc de la réalité dure d’une à deux semaines.- La peur de l’abandon
Après le choc de la réalité, les enfants se demandent si leurs parents vont revenir. Certains peuvent pleurer lorsqu’ils voient leurs parents partir. Ils peuvent ressentir de l’insécurité et sembler tristes. D’autres refusent de dormir ou de manger et peuvent même régresser (ex. : ils redemandent la suce). Cette étape peut durer d’une à trois semaines.- L’acceptation
Les tout-petits développent un lien d’attachement avec l’éducatrice. Ils sont enfin en confiance avec elle. Ils peuvent maintenant participer avec entrain aux jeux et interagir avec les autres enfants. L’adaptation est terminée.
François Couture, enseignant en techniques d’éducation à l’enfance, nomme des stratégies chez les plus petits, 1-3 ans. Il met l’accent, entre autres, sur l’importance de quitter en lui disant au revoir, en mettant en place un rituel agréable: un bisou, un sourire, des mots pour lui dire que vous revenez bientôt.
- Apportez des objets qui l’apaiseront. Permettez-lui d’apporter un objet auquel il tient particulièrement et qui le réconfortera, comme un jouet, une doudou, un foulard ou un vêtement qui a votre odeur. Vous pouvez même lui offrir une photographie de vous et des personnes qui sont importantes pour lui.
- Donnez-lui des informations précises sur le moment où vous irez le chercher. Rassurez-le en lui disant que vous reviendrez. Assurez-vous qu’il sait qui le ramènera à la fin de la journée et à quelle heure. Même s’il n’est pas assez âgé pour savoir l’heure, il pourra reconnaître le moment du retour si vous instaurez une routine régulière pour aller le chercher. Par exemple, dites-lui que vous serez de retour après la sieste ou la collation de l’après-midi.
- Demandez un coup de main aux plus vieux. S’il a une soeur ou un frère plus âgé qui fréquente la même garderie, demandez qu’il puisse aller le voir chaque jour pendant sa période d’adaptation.
- Parlez avec votre enfant. Discutez chaque jour avec lui des événements qui sont sortis de l’ordinaire au service de garde, et ce, même si votre enfant est encore très petit.
Naître et grandir et aussi Enfants Québec énoncent d’autres stratégies:
- Privilégiez une entrée progressive à la garderie: il faudrait prévoir environ 2 semaines d’intégration.
- Les premières journées, demeurez sur place quelques heures pendant que votre enfant s’intègre avec les autres.
- Dans le cas d’un bébé, déposez-le vous-même dans les bras de l’éducatrice et restez près de lui pour le consoler.
- Utilisez des objets de transition, comme une doudou, un toutou, une couverture ou un objet personnel.
- Mettez en place un rituel de séparation et de retrouvailles: plusieurs enfants trouvent la séparation plus facile lorsqu’ils ont le sentiment de contrôler la situation. Par exemple, l’éducatrice peut offrir à votre enfant de vous regarder partir depuis l’une des fenêtres de la garderie afin de vous saluer. Vous pouvez aussi répéter tous les matins les mêmes gestes pour dire au revoir à votre enfant (ex. » 2 becs, 1 gros câlin et vous partez). Ces rituels deviennent des points de repère qui facilitent l’adaptation parce qu’ils sont prévisibles pour l’enfant.
- Veillez à ne pas communiquer vos inquiétudes à votre enfant: si votre enfant voit que vous avez confiance en son éducatrice et que vous n’êtes pas inquiet de le laisser à la garderie, il pourrait s’adapter plus rapidement.
L’intégration à la pouponnière sur le site Éducatout, explique aux parents l’intégration d’un bébé à la garderie. L’auteure, Chantal Millette éducatrice, conclut en disant « Se donner du temps et croire en la capacité des bébés à s’intégrer. »
Solène Bourque, psychoéducatrice, parle aussi des retrouvailles de maman et son tout-petit. Elle mentionne qu’il est probable que bébé pleure quand il retrouve maman… Le bébé exprime ses émotions en pleurant.
Une maman qui a réussi à établir un lien d’attachement sécurisant avec son enfant peut se rendre compte à quel point ça va bien à l’extérieur de la maison – pour l’âge de l’enfant, tout le monde est surpris de le voir sourire, dormir, bien manger. Sauf que pour cet enfant, ça peut être demandant… en plus, il n’a pas établi de lien d’attachement aussi sécurisant avec les personnes en garderie qu’avec sa maman et son papa. Il n’a pas l’assurance qu’il sera aimé, peu importe comment il se comporte. Donc, le jour, tout va bien, il est charmant. Le soir (et peut-être même la nuit :-)), de retour dans les bras de maman-papa, il sait qu’il sera aimé peu importe son humeur et ses comportements. Il « se permet » de pleurer, d’ignorer maman et/ou papa, de piquer une crise du tonnerre, de refuser les aliments/jouets/soins que vous lui offrez… Lui qui dormait toute sa nuit, recommence à réclamer sa maman 1-2-3 fois pendant la nuit « Maman es-tu là? Il fait noir, tout est silencieux… je ne te vois/sens/entends pas, maaaaaaaaaaaaamannn. » Et oui, du lait de maman, collé-collé contre maman, ça peut être réconfortant, voire même très réconfortant. Avant l’âge de raison (au moins), il ne fait pas exprès, il ne vous fait pas marcher, il ne prend pas de mauvaises habitudes… il vous exprime combien il est triste d’être loin de vous le jour « tout simplement »… Il a besoin de vos bras/câlins/mots/gestes doux, apaisants, sécurisants, bienveillants – oui, il a peut-être besoin de votre lait. Peut-être que ces soirs-là, ce sera difficile de préparer un souper élaboré… peut-être que les plats congelés, comme quand il est venu au monde, seront appropriés…
Un bébé qui pleure ne doit jamais pleurer seul. Il doit être près d’un adulte qui en prend soin et qui met des mots sur les pleurs du tout-petit et qui n’essaie surtout pas de le rassurer avec des phrases comme « Tu es grand, ne pleure plus » « Les larmes, c’est pour les bébés » « Tu sais bien qu’elle va revenir vite-vite ta maman. »
Les pleurs du matin devraient avoir cessé au bout de 4 à 5 semaines. « Dans le cas contraire, les parents pourront se demander si la formule de la garderie convient vraiment à leur enfant, dit Sylvaine Léger, professeure en techniques d’éducation à l’enfance au cégep Édouard-Montpetit. Certains petits seraient peut-être plus heureux en milieu familial, par exemple.
Garderies – actualités
13 juin 2017… Francis Vailles, La Presse+, « Où iront les millions des garderies? » On en parle beaucoup, ces jours-ci:
Le gouvernement fédéral propose d’injecter 7,5 milliards de dollars sur 11 ans dans le développement de services de garde au Canada. Québec obtiendra une partie de cet argent comme compensation pour le réseau qu’il finance déjà lui-même. (…)
Depuis 20 ans, faut-il savoir, le système de tarifs réduits des garderies au Québec a considérablement amélioré les conditions des femmes, l’un des deux objectifs de la réforme. Il a permis à un nombre plus grand de femmes d’entrer ou de rester sur le marché du travail, si bien que le Québec devance maintenant l’Ontario quant au taux d’emploi des femmes, alors qu’il était nettement en retard avant 1997.
Le bilan du réseau est cependant moins reluisant concernant la qualité. Les faibles tarifs ont fait exploser la demande, et l’essentiel des efforts a donc été consacré à l’accessibilité plutôt qu’à la qualité (avec un bon programme de développement des enfants, notamment).
À cela se sont ajoutées les compressions pour atteindre le déficit zéro, qui ont encore nui à la qualité. Les centres de la petite enfance (CPE) ont notamment supprimé certains services pédagogiques qui aidaient les éducatrices.
Aujourd’hui, 45 % des enfants fréquentent un CPE considéré comme de qualité élevée. Et cette proportion est de seulement 20 % dans les garderies en milieu familial et 10 % dans le réseau privé non subventionné. Quand on sait à quel point le développement de la petite enfance est crucial pour la suite des choses…
Pour améliorer la qualité, croit l’experte en petite enfance de l’UQAM Nathalie Bigras, il faut avant tout rehausser la formation des éducatrices. Et même rendre la formation collégiale obligatoire. Dans les CPE, par exemple, 93 % des éducatrices des enfants de 0 à 18 mois ont ces qualifications, contre seulement 53 % pour les garderies non subventionnées.
Or, les garderies non subventionnées et familiales, souvent plus flexibles, sont davantage fréquentées par les familles de milieux défavorisés, dont les horaires de travail sont plus souvent atypiques. Ces mêmes familles défavorisées sont pourtant les premières qui devraient pouvoir bénéficier de la qualité des services.
EN PARTIE DÉTOURNÉS POUR LA SANTÉ
Cela dit, le gouvernement du Québec n’est pas tenu d’injecter les 88 millions du fédéral dans son réseau de garderies, pour lequel il consacre déjà environ 2 milliards par année. Il a obtenu du fédéral un droit de retrait. D’ailleurs, le dernier budget du Québec laisse comprendre que les 88 millions seront plutôt utilisés dans le secteur de la santé, en bonne partie.
Le 10 mars dernier, faut-il savoir, Québec et Ottawa ont fini par s’entendre sur une majoration du financement du système de la santé. Or, cette entente sur la santé englobait aussi le volet petite enfance annoncé hier par mon collègue (88 millions par année et 1,2 milliard sur 11 ans).
« L’entente sur la santé […] prévoit l’utilisation de 1,2 milliard sur onze ans provenant du volet de la petite enfance… », est-il écrit de façon alambiquée dans le budget. Hier, le ministre de la Famille, Sébastien Proulx, a dit en conférence de presse que la part du Québec du programme de garderies sera investie « dans nos infrastructures sociales et familles », sans plus de précisions.
Les services de garde subventionnés peuvent au moins se consoler avec l’annonce d’hier de Sébastien Proulx. Québec injecte 40 millions de plus par année dans les services de garde éducatifs subventionnés. Environ 30 % de cette somme servira à améliorer la qualité et 30 % aidera les enfants défavorisés et handicapés.
Le milieu est plutôt satisfait de l’annonce. Il faut toutefois exclure la possibilité que le Québec ajoute à cette somme les 88 millions venant du fédéral, malheureusement.
Oui, malheureusement… car nos tout-petits d’aujourd’hui seront les adultes de demain qui prendront soin de la « p’tite vieille » que je deviendrai au fil du temps… J’en ai toujours pris conscience et maintenant plus que jamais, probablement pour 2 raisons.
- En juillet 2016, je suis devenue grand-maman et avec cela, un de mes fils est devenu papa…
- À la session hiver, pour la première fois, j’ai enseigné le cours « Santé en milieu de garde » au cégep dans le cadre du programme Techniques d’éducation à l’enfance. Il s’agit d’un cours de 45 heures, 30 heures théorie + 15 heures RCR et premiers soins. Avec l’aide d’une enseignante au programme régulier en soins infirmiers, j’ai donné les 30 heures de théorie… Plusieurs futures éducatrices me disaient à quel point plusieurs cours du programme les ont amenées à voir l’enfant d’un autre œil, à commencer par leurs propres enfants à elles, et c’est excellent.
Les services de garde font partie de la vie de plusieurs d’entre nous… il va de soi que j’y consacre une page. Vous trouverez ici des ressources que j’ai trouvées au fil des cours que je donne. Bonne lecture!
- Prévention et contrôle des infections dans les services de garde et écoles du Québec – Guide d’intervention
- Nos petits mangeurs, Centre de référence en alimentation à la petite enfance, Université de Montréal