Note: se référer aussi à « Parents«
When Partners Become Parents: The Big Life Change for Couples… Quand des partenaires deviennent parents, c’est un grand changement dans leur vie de couple. Rien de plus vrai. Je crois aussi que le défi, c’est de passer de couple à parents tout en restant un couple, tout en restant femme et homme… De plus, cette femme cet homme qui deviennent parents ne sont pas des pages blanches sur lesquelles tout est à écrire: chacun a son « bagage ».
Mettre au monde un enfant, c’est aussi prendre le rythme de cette vie nouvelle. Avant même de voir le jour, cet enfant « vit » déjà dans la tête et dans le cœur de sa mère, de son père, de son entourage. L’homme et la femme deviennent parents et chacun s’adapte à sa façon. De nouvelles alliances se créent et avec celles-ci, de nouveaux défis apparaissent. Être parent, c’est un processus qui dure toute une vie, être parent, c’est aussi très exigeant!
L’enfant se nourrit littéralement de l’amour de ses parents et des gestes et des actes concrets qui suivent.
Georges Tarabulsy disait: « Être parent, c’est tellement croire en l’enfant qu’il ne peut plus douter de lui par la suite ».
Il y a tout un monde entre la compétence parentale et le sentiment de compétence parentale. Danielle Laporte (1997) disait que les trois habiletés requises pour prendre soin d’un enfant sont la constance, la cohérence et la chaleur.
Le couple
Après l’accouchement, les relations de couple sont différentes. La femme et l’homme, devenus parents, doivent apprendre à communiquer d’une autre façon. Quand maman allaite, la réalité de l’allaitement peut être vécue de façon très différente par chaque parent. Francine de Montigny élabore ce que peut représenter l’allaitement et la famille dans son dernier ouvrage :
- L’allaitement maternel représente plus que le seul fait de donner du lait au bébé.
- Pour les mères, l’allaitement permet de développer leur relation avec leur enfant et de s’en rapprocher.
- Pour les pères : ils ont une conscience de ce rapprochement, de cette relation privilégiée; plusieurs papas voient leur rôle comme celui de veiller au confort de tous les membres de la famille, de protéger la mère, de protéger la bulle mère-enfant. Ils se rendent compte qu’ils n’ont pas accès, à ce moment, au même type de relation avec l’enfant.
Quand l’allaitement va bien, il y a une « fierté » du couple, un sentiment d’avoir fait « tout ce qu’il faut ». Quand l’allaitement va moins bien, des tensions peuvent apparaître autour de la décision de poursuivre ou non.
Papa-homme, homme-papa
Alexandre Champagne, La Presse+ du 20 mars 2016, publie un dossier « Aider les hommes »: « Les techniques d’intervention ont été développées à partir de la recherche faite avec des femmes », dit la psychologue Brigitte Lavoie. Très vrai… Je vous invite à lire ces 2 articles: « 2016-03-20 La Presse+ Une tape dans le dos » et « 2016-03-20 La Presse+ Parler homme« .
Le nouveau papa réagit à sa façon à l’arrivée du nouveau bébé. À la naissance, c’est souvent lui qui coupe le cordon du bébé, qui libère le bébé du corps maternel. Dr Brizendine (The Female Brain) dit qu’il y aurait des changements hormonaux et des changements dans le cerveau des hommes « enceints ». Dans les semaines qui précèdent l’accouchement, certains hommes voient leur taux de prolactine et de cortisol augmenter les rendant plus alertes et plus sensibles. Dans les jours qui suivent l’accouchement, certains hommes voient la testostérone baisser dans leur sang et leurs œstrogènes augmenter les rendant plus capables d’entendre les pleurs du bébé et diminuant aussi leur désir sexuel. De plus, papa réagit à la vue de sa conjointe en train d’allaiter leur bébé et encore plus si ce bébé est un garçon. Très souvent, papa préfère les jeux physiques et l’enfant en quête d’excitation se tournerait davantage vers papa. La qualité de la relation bébé-papa dépendrait de la qualité de la relation conjugale : maman agirait comme un filtre. Francine de Montigny (2011) ajoute que le soutien de la conjointe représente un déterminant de l’engagement paternel et que la présence de conflits dans le couple augmente les risques de désengagement des pères. Toujours selon madame de Montigny (2011), la réponse des professionnels aux besoins du père constitue un apport non négligeable à la façon dont cette période sera vécue.
Et la sexualité dans tout cela… je vous invite à lire ce qu’une maman a écrit… « Post partum et sexualité«
Maman-femme, femme-maman
Maman et papa sont différents ils sont aussi différents avec leur enfant. Maman, c’est elle qui porte l’enfant. La grossesse ne transforme pas seulement son corps, mais aussi les circuits de son cerveau et cela se poursuivra durant les premiers mois de vie de l’enfant. Entre la grossesse et l’allaitement, il y a l’accouchement… Un accouchement difficile peut causer un stress… Maman a-t-elle pu parler de son accouchement? Maman a-t-elle pu décrire la façon dont on a agi envers elle pendant l’accouchement? Et oui, il y a un impact très important entre un accouchement traumatique et une insuffisance de production lactée.
Ingrid Bayot dit que pour la nouvelle maman, la période de périnatalité est une période de débordements émotionnels. À l’accouchement, la chute de progestérone déclenche la libération des œstrogènes et de la prolactine.
- Quand maman allaite, la prolactine répond à la succion du bébé : elle commande la production de lait pour les tétées à venir et elle supprime l’ovulation.
- L’ocytocine (hormone de l’amour) répond, elle aussi à la succion du bébé : elle agit avant ou pendant la tétée pour amorcer le réflexe d’éjection, elle est responsable du transfert du lait vers le bébé et elle peut être influencée par le stress et les émotions.
Après l’expulsion du placenta, la production lactée est de contrôle endocrinien; cette production lactée deviendra de contrôle local (autocrine) après trois mois d’allaitement environ. À ce moment, la production lactée se stabilise selon les besoins du bébé.
Kerstin Uvnas Moberg, s’est intéressée à l’ocytocine (The Oxytocin Factor: Tapping The Hormone Of Calm, Love, And Healing: Tapping the Hormone of Calm, Love and Healing). Elle dit, entre autres :
- L’effet est pulsatile, graduel.
- L’ocytocine est présente chez tous les humains; elle est plus prononcée chez la femme car les œstrogènes renforcent l’influence de l’ocytocine.
- L’ocytocine est retrouvée dans le sperme et dans les ovules.
- L’ocytocine agit sur l’utérus pour expulser le fœtus.
- L’ocytocine stimule les comportements de sociabilité et de curiosité, de « maternitude ».
- À court terme, l’ocytocine augmente la vigilance, les hormones de stress.
- L’ocytocine a des effets anti douleur.
- L’ocytocine a des effets anti anxiété (long terme), de calme, de bien-être.
- L’ocytocine abaisse la pulsation et la tension artérielle.
- L’ocytocine amène une dilatation des vaisseaux : elle peut influencer la température corporelle.
- À court terme, l’ocytocine diminue l’appétit. Sur une plus longue période, l’ocytocine augmente l’appétit, la sécrétion des hormones digestives (gastrine, cholécystokinine, somatostatine, insuline).
- Le toucher, surtout celui du bébé, augmente l’ocytocine et, conséquemment, la production lactée.
- L’ocytocine travaille avec sa sœur, l’hormone vasopressine, pour maintenir l’équilibre hydrique du corps.
- L’ocytocine stimule la croissance.
- L’ocytocine accélère la guérison des plaies en réduisant l’inflammation.
- L’ocytocine agit sur d’autres hormones: la prolactine, l’hormone de croissance (GH), l’hormone adrénocorticotropique (ACTH)
- Avec libération d’ocytocine, la dopamine augmente, ce qui amène chez maman un plaisir, le sentiment d’être récompensée. Ces sensations prédisposent à communication « intime », voire l’orgasme.
Quand l’ocytocine est sécrétée chez maman, tous ses sens sont stimulés : des phéromones sont libérées et l’odeur de la peau de bébé, l’odeur de ses liquides corporels, la vue de son bébé, ses pleurs, ses mouvements s’imprègnent dans son cerveau et l’ocytocine augmente encore plus.
Le comportement maternel dépend de plusieurs facteurs, dont le tempérament de l’enfant. La fibre maternelle ne coule pas de source surtout avec un bébé « aux besoins intenses ». À notre époque, maman subit, très souvent, un déluge de conseils différents de toutes parts et elle a très peu de modèles dans son entourage la plupart du temps. Elle a donc très peu de repères. Ses hormones fluctuent beaucoup chaque jour. Elle ne se reconnaît plus, elle ne reconnaît plus sa vie, elle ne reconnaît plus l’homme qui est devenu papa. Ce bébé, qu’elle a porté pendant plusieurs semaines, est unique, il est un être très différent de papa et aussi, très différent d’elle. Dans les moments de débordements émotionnels, la nouvelle maman a surtout besoin de présence et d’écoute.
Différents facteurs favorisent la production lactée :
- une tétée précoce,
- une tétée efficace (stimulation de la glande mammaire, transfert de lait efficace),
- une fréquence des tétées appropriée à l’âge et aux besoins du bébé.
Maman a besoin de repos, de calme, de détente, d’une saine nutrition ce qui est loin d’être la réalité de plusieurs mamans! À ce propos, Santé Canada a créé des fiches de suivi pour les femmes qui allaitent. Maman a aussi besoin de se sentir épaulée dans sa nouvelle vie de maman et aussi, dans cette nouvelle aventure d’allaitement et ce qui compte généralement beaucoup dans la balance, c’est le support de papa.
En terminant, force est de reconnaître que répondre aux besoins d’un enfant, ce n’est pas toujours évident… plusieurs facteurs entrent en ligne de compte dont le tempérament de l’enfant. Une nouvelle maman peut souffrir des blues du post-partum – ceux-ci durent, règle générale, quelques heures, quelques jours, voire deux semaines. Il est normal qu’une nouvelle maman et qu’un nouveau papa se sentent débordés, essoufflés. Si cela persiste, si cela empire, il faut consulter sans tarder. Maman et papa sont tous les deux à risque de souffrir de dépression.
Maman-femme, papa-homme, prenez bien soin de chacun de vous … et aussi de votre couple…