Un de mes fils a pensé que ce texte pouvait m’intéresser… « Les bébés qui font chambre à part dorment davantage » (comment a-t-il deviné…?!!!) J’ai trouvé un article résumé, « Baby sleeping in same room associated with less sleep, unsafe sleep habits » puis j’ai mis la main sur l’article paru dans Pediatrics, « Mother-Infant Room-Sharing and Sleep Outcomes in the INSIGHT Study » Pour votre information, INSIGHT est l’acronyme pour une étude, « Intervention Nurses Start Infants Growing on Healthy Trajectories ». Les mères ont complété le « Brief Infant Sleep Questionnaire » quand leur bébé avait 4, 9, 12 et 30 mois – à noter que ce questionnaire ne contient aucune question concernant le mode d’alimentation du bébé. L’article du Dr Ian M. Paul fait référence à la nouvelle recommandation de l’American Academy of Pediatrics parue à la fin de 2016, « SIDS and Other Sleep-Related Infant Deaths: Updated 2016 Recommendations for a Safe Infant Sleeping Environment, » soit celle que les parents partagent leur chambre avec leur bébé au moins jusqu’à 6 mois et si possible jusqu’à 1 an et ce, en guise de prévention au syndrome de mort subite du nourrisson.
L’article du Dr Ian M. Paul conclut en disant:
Room-sharing at ages 4 and 9 months is associated with less nighttime sleep in both the short and long-term, reduced sleep consolidation, and unsafe sleep practices previously associated with sleep-related death.
Traduction libre: Le partage de la chambre à 4 et 9 mois est associé à une réduction du sommeil nocturne à court et à long termes, une réduction de la consolidation du sommeil et aussi à des pratiques de sommeil non sécuritaires auparavant associées à la mort subite pendant le sommeil.
Dans cette étude, j’ai noté, entre autres…
- « Feeding mode was assessed by using a food frequency questionnaire. Infants were categorized as predominantly breastfed if more than 80% of milk feedings were breastmilk » Traduction libre: si plus de 80% du lait reçu par l’enfant était du lait maternel, cet enfant était considéré « allaité de façon prédominante ».
- Finalement, des 279 participants, il restait 230 dyades mère-bébé après les différentes exclusions.
- Les auteurs parlent beaucoup de routine à l’heure du dodo. La distinction est faite entre les bébés qui s’endormaient pendant la tétée, ceux qui étaient mis au lit après la tétée et éveillés, ceux qui étaient mis au lit à 20h ou plus tôt et ceux qui vivaient de façon constante une routine du dodo.
Vous vous souvenez que j’ai travaillé en co-construction pour la « mise au monde » de la Trousse Trousse Voyage au coeur de l’attachement en 2016. Dans cette trousse, l’Annexe 9, sommeil du bébé on dit, entre autres…
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Le bébé humain vient au monde immature. Il a besoin de ses parents pour se développer. Pour lui la proximité et l’endormissement sont indissociables. Le sommeil du bébé est différent de celui de l’adulte. Il est imprévisible et inconstant. Il peut dormir une nuit de 5h et la nuit suivante se réveiller aux 2h. Un bébé, c’est organisé ainsi!
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Le bébé ne peut apprendre à dormir!
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Se réveiller la nuit pour un bébé répond à un besoin physiologique.
Encore cette semaine, j’ai été appelée auprès d’une famille dont le bébé exclusivement allaité de quelques semaines ne gagnait pas assez de poids… pour découvrir que ce tout-petit dormait 10h-12h la nuit… Avec ses quelques semaines de vie, ce tout-petit ne pouvait pas aller chercher tout ce dont il avait besoin en énergie dans les 12h-14h restantes… c’est… « aussi simple » que cela. Un bébé humain qui reçoit du lait humain est fait pour prendre des petites quantités (son estomac est gros comme son poing à lui) souvent… et ici, je parle d’un bébé né à terme et en santé.
Sur mon site web, probablement que vous avez pris connaissance du dossier Sommeil dans lequel se retrouve un document intéressant, « La nuit aussi, les enfants ont besoin de nous » J’aime bien cet article car les propos de plusieurs experts s’y retrouvent. Un peu à l’image de la trousse « Voyage au coeur de l’attachement », l’enfant est vu dans sa globalité, c’est-à-dire que l’aspect du sommeil est vu à travers des lunettes attachement et le sommeil s’inscrit dans un processus de développement, en particulier le développement du cerveau de l’enfant. Le bébé qui sort du ventre de sa maman n’est pas mature pour dormir de longues nuits, ça va carrément à l’encontre de ce qu’il est, fondamentalement – en plus, l’hormone prolactine, responsable de la production de lait atteint un pic aux petites heures du matin… même maman est faite pour allaiter la nuit… Et au lieu de se réjouir d’un bébé qui dort plusieurs heures d’affilée en venant au monde, on devrait s’y attarder afin de s’assurer que ce bébé reçoit tout ce dont il a besoin dans ses heures de « non-nuit »… C’est d’ailleurs ce que la proximité bébé-maman permet: quand le bébé vient en phase de sommeil plus léger, il y a de fortes chances que sa maman l’entende couiner, bouger à défaut de l’entendre carrément pleurer. À ce moment, elle le prendra pour lui offrir le sein… Ici, j’applaudis la dernière recommandation de l’American Academy of Pediatrics, de permettre à un tout-petit de dormir dans la même pièce que ses parents les 6 premiers mois et si possible jusqu’à 12 mois. Je vous entends penser: « Si bébé dort dans la chambre de ses parents, qu’arrive-t-il aux « rencontres sur l’oreiller »… » Ce à quoi je vous répondrai: « Est-ce vraiment obligatoire que ça se passe dans la chambre… allons, un peu de créativité… :-)!!! »
La nuit, « tous les chats sont gris ». Même nous, adultes avec notre lobe frontal développé, perdons nos repères. Je lis actuellement Wild Nights – how taming sleep created our restless word, Benjamin Reiss. L’auteur est professeur d’histoire et ce qu’il nous raconte est bien documenté : les pages 235 à 271 sont des notes à travers le texte et les pages 273 à 291, les notes bibliographiques. Benjamin Reiss parle du sommeil à travers le temps et comment nous en serions venus, dans notre monde industrialisé, à créer de toutes pièces des « règles de sommeil ». Il explique que l’être humain est fait pour se réveiller la nuit et comment ces éveils nocturnes ont pu servir à nos ancêtres: soit faire le guet afin d’éviter d’être attaqué ou encore, de tenir le feu allumé. Je ne peux m’empêcher de penser à mes grands-parents Godin: ma grand-mère Malvina a mis au monde 16 enfants, les derniers sont nés en milieu rural – entendons ici pas d’électricité et de chauffage central. Mon grand-père Armand se levait pendant la nuit pour remettre du bois dans le poêle afin de donner un peu de chaleur aux siens. Une question de chaleur, ça devient une question de survie…
À travers tout cela, il devient intéressant de se demander si on peut vraiment parler de « problème » de sommeil chez un tout-petit qui se réveille la nuit… Oui, je crois important que nos enfants vivent dans un milieu où on crée un environnement propice au sommeil à partir d’un certain moment après le repas du soir et qu’une routine s’installe. Ensuite, dans ce cadre bienveillant, rassurant et aimant, je crois tout aussi important de permettre à chaque tout-petit de se développer à son rythme à lui, de lui permettre de s’alimenter pendant la nuit, de lui permettre de trouver la réassurance dont il a besoin quand il se réveille dans la noirceur. Je crois important de lui permettre de faire « SA » nuit à lui, comme l’a si bien écrit Josée Bournival … Bonne nuit 🙂