Un nourrisson bien portant peut pleurer deux heures par jour, parfois trois ! Les bébés pleurent quand ils ont faim, quand ils ont sommeil, quand ils ont chaud, quand ils ont froid, quand ils s’ennuient, et puis parfois, ils pleurent pour pleurer…
Pourquoi les bébés pleurent-ils ? C’est la question que nous nous poserons aujourd’hui. Vous avez peut-être vu passer cette info il y a quelques jours sur Internet, l’histoire d’une Coréenne qui devait faire un vol Seoul-San Francisco avec son bébé de 4 mois et qui a offert à tous les passagers de l’avion un « kit de survie » contenant des bonbons, des bouchons d’oreilles et… un mot d’excuses. Apparemment, son nourrisson n’aurait pas bronché pendant les dix heures du vol. Fin de la belle histoire.
Là, c’est le moment où je vous raconte un souvenir personnel : j’ai pris un TGV Paris-Bordeaux, il y a longtemps, avec ma fille âgée d’une semaine. Quand les gens m’ont vue arriver dans le wagon, ils se sont décomposés. Or, on ne l’a pas entendue du trajet, à peine un miaulement, si bien qu’à l’arrivée, tout le monde me souriait et me complimentait sur la sagesse de ce bébé parfait. La reine n’était pas ma cousine.
https://www.franceinter.fr/emissions/grand-bien-vous-fasse/grand-bien-vous-fasse-04-mars-2019, page consultée 2019-03-06
Étiquette : Pleurs
Le sommeil du petit enfant et de l’adulte : même besoin, pas le même rythme
J’ai écrit ce texte avec mes collègues, Marie-Hélène Chalifour, psychoéducatrice et Jeanne Roy, travailleuse sociale spécialisée en petite enfance et parentalités.
En tant qu’adultes, nous avons besoin de dormir une grande période.
Le bébé, lui, a besoin de dormir des petites périodes.
C’est vraiment dur, être fatigué, avoir besoin de sommeil et s’occuper de notre enfant… on aimerait bien qu’il dorme comme nous, les adultes…
Pourquoi c’est ainsi ?
- Le bébé humain vient au monde dépendant et fragile.
- Le sommeil se colle sur les besoins du bébé, de l’enfant, de l’adolescent, de l’adulte, de la personne âgée. À chacun ses besoins, à chacun son sommeil.
- L’enfant a besoin de sa maman et de son papa, proches de lui, pour avoir un sommeil paisible et pour allonger progressivement ses p’tits bouts de sommeil.
- « Aucun enfant ne se réveille pour le plaisir de se réveiller, ni pour nous embêter. Nous sommes tous programmés pour nous réveiller quelque neuf fois par nuit – la seule différence entre les enfants et nous, c’est que nous, nous maîtrisons d’ores et déjà la technique pour nous rendormir. Et eux, non. »[1]
- C’est vers l’âge de 3 ans que les réveils nocturnes sont moins fréquents: nos bébés et nos enfants ont besoin de temps.
Comment nous donner la force de suivre le rythme de notre enfant?
- Je prends le temps de regarder mon enfant et d’écouter les signes qu’il me donne.
- Je prends le temps d’écouter ma « p’tite voix », j’y fais confiance et je fais confiance à mon enfant.
- Je prends le temps de le bercer, de le câliner, de le coller sur mon cœur, de lui sourire, de lui parler, de le rassurer. Je sens que cela lui fait du bien et que ça me fait du bien à moi aussi.
- Pourtant, il m’arrive d’avoir des doutes, même des peurs : peur qu’il reste dépendant, peur de le gâter, peur qu’il nous manipule, peur de ce que les autres vont dire…
- Je reconnais ces peurs, j’en parle avec l’autre parent et nous nous rassurons ensemble.
Nous décidons que ce que nous sommes en train de faire, c’est bâtir sa confiance en lui et en nous, ses parents. Et que ça, ça vaut la peine de prendre le temps… |
[1] Jové, Rosa. (2016). Dormir sans larmes, p.64.
Nos enfants, des bateaux…
Un soir, la semaine dernière, j’étais au resto. À côté de nous, une tablée : des parents, des adultes, un bambin et une bébé fille âgée d’environ 3 mois, habillée de tulle et de rubans… elle doit mettre ces vêtements-là seulement quand il y a une grande sortie 🙂 Pour quelques instants, je me suis installée dans ses souliers, dans sa tête, dans son cœur. Il y avait du bruit, vraiment beaucoup de bruit et des bruits de toutes sortes. Il y avait de la lumière blanche très crue. Soudainement, on lui a fait vivre l’expérience du « body surfing » comme dans les concerts rock et je ne crois pas qu’on avait pris le temps de l’avertir de ce qui allait se passer. Elle a atterri dans les bras d’une femme et dans le mouvement qui la portait de sa maman vers cette femme, son corps était en extension, raide, arqué vers l’arrière, sa tête cherchait à se relever vers l’avant et ses yeux étaient tout grands ouverts, sa bouche formait un rictus de presque pleur… elle n’avait pas l’air d’apprécier l’expérience. La femme en question l’a prise, elle semblait très heureuse de coller ce bébé contre elle… et bébé ne semblait pas apprécier l’expérience malgré les nombreux changements de position. Ça n’a pas été long que la petite s’est mise à pleurer… la dame s’est levée pour la promener… La dame semblait en extase, cherchant à blottir bébé contre elle et bébé pleurait en cherchant à se décoller d’elle… Dire que j’ai déjà été l’adulte qui « se payait la traite » en prenant le bébé d’une autre femme… mea culpa, mea maxima culpa 🙂
En rétrospective, je me demande si c’était la place d’un bébé, en soirée, dans ce resto, à ce moment-là d’affluence, de bruits, de lumière crue… Bien sûr, maman a le goût de participer aux activités de la famille, d’aller au resto, elle peut même avoir besoin d’être avec ses proches. Elle veut aussi que son bébé fasse partie de la vie et de la famille. Ça revient alors à dire que maman et papa se retrouvent « pris » à prendre une décision pour s’adapter à la vie de leur « village », à un moment de leur vie où ils ont besoin, plus que jamais, d’être entourés des leurs, avec beaucoup d’amour. Et si maman et son bébé vivaient, avec papa, dans un « village » qui les soutiendrait, les épaulerait, maman dans son nouveau rôle très exigeant des premiers mois auprès de bébé, papa dans son nouveau rôle très exigeant de protection de la dyade maman-bébé? Un « village » qui s’adapterait aux besoins de la nouvelle famille et non l’inverse…?
Fermons les yeux quelques instants. On rejoue la scène du resto de façon différente. Cette fois, bébé maman papa vivent dans un « village » qui s’adapte à eux, un « village » qui favorise le développement harmonieux d’un bébé à travers des « lunettes attachement ». Dans ce « village », on comprend qu’un bébé qui reste près de sa maman et de son papa durant les premiers mois de vie, n’est pas un « bébé gâté » ni un « bébé à bras » mais un bébé qui découvre l’inconnu avec du connu, maman puis papa. Le « village » se réunit à un moment et dans un endroit qui convient aux plus petits et à leurs parents. Dans ce « village », bébé est passé à d’autres bras si c’est bénéfique pour lui… et la décision revient à maman et papa car ce sont eux qui connaissent le mieux leur bébé. Si leur « p’tite voix » en dedans, leur voix du cœur, leur « voix attachement », leur dit que bébé doit rester près de maman papa, alors, non, bébé ne va pas dans d’autres bras. Point final et aucun jugement de la part de qui que ce soit de leur « village ». Si maman papa croient que bébé peut aller voir tel adulte, ils le feront à la vitesse de leur bébé : l’adulte s’assoit près de maman-bébé, maman présente la personne à bébé et doucement, en s’adaptant à son rythme, bébé passe à l’autre personne. Bébé reste près de sa sécurité, sa maman son papa, dans leur champ de vision et d’audition. Si bébé exprime son désaccord de quelque façon que ce soit, maman n’est pas loin et reprend bébé rapidement. En anglais, il y a un beau mot, « advocate », qui signifie « a person who speaks or writes in support or defense of a person; a person who pleads for or in behalf of another; intercessor; a person who pleads the cause of another…* ». Ce « village » reconnait que maman papa sont les « advocate » de leur bébé…
Dr Brazelton, pédiatre américain, comparait les enfants à des bateaux… Un bateau, avant de voguer sur les mers du monde, doit d’abord être assuré d’avoir SA place dans un port. Quand il en est certain, plus que certain, alors il peut, en toute quiétude, naviguer et découvrir le vaste monde car il sait qu’il peut toujours revenir au port et il aura toujours SA place à lui. N’est-ce pas ce qu’on veut pour chacun de nos enfants…?
*Tiré de http://www.dictionary.com/browse/advocate, page consultée 2016-04-30
« Mon bébé a des coliques… »
Hier, j’ai reçu une maman en consultation. Son bébé âgé de 3 1/2 semaines l’accompagnait. Bébé est allaité exclusivement. Maman est inquiète. Chaque jour, bébé a des périodes où il pleure, se tortille, passe des gaz, son ventre se durcit. Maman essaie de lui offrir le sein – bébé en veut, il n’en veut pas… « C’est simple, il a des coliques. J’ai commencé à couper les produits laitiers dans mon alimentation. » Maman se demandait si elle pouvait lui donner des probiotiques.
Le 19 janvier 2016, Catherine Handfield, La Presse+, a posé la question à D
Valérie Marchand, gastroentérologue pédiatre à l’hôpital Sainte-Justine et ancienne présidente du comité de nutrition de la Société canadienne de pédiatrie. Dre Marchand disait, entre autres:- Les probiotiques peuvent avoir des bénéfices dans certaines situations cliniques, mais de là à en donner d’emblée à un enfant pour améliorer sa santé intestinale… Je pense qu’il y a bien d’autres choses qu’on peut faire avant ça.
- Les probiotiques qui sont dans l’intestin vont effectivement renforcer la fonction de barrière entre l’intérieur de l’intestin et le sang en augmentant la production du mucus et en augmentant le lien entre les cellules. Ça diminue la perméabilité intestinale. Maintenant, est-ce que ça va diminuer la pénétration de microbes dans la muqueuse intestinale ? Peut-être. L’autre chose qu’on veut, c’est que les protéines alimentaires ne pénètrent pas intactes dans le sang pour éviter de créer des allergies alimentaires. Des études ont montré que certains probiotiques peuvent réduire le risque, chez les bébés, de devenir allergiques, mais les études ne sont pas toutes significatives à cet égard.
- Il y a d’autres façons de moduler la flore intestinale. Notre flore intestinale est établie très tôt dans la vie, vers 6, 12 mois. On prend des probiotiques, on modifie notre flore intestinale. On arrête d’en prendre, et quelques jours après, la flore intestinale revient à ce qu’elle était. Comment peut-on moduler la flore intestinale de son enfant? Par l’allaitement maternel, qui est la manière la plus intéressante, la plus durable et la plus efficace, ainsi que par l’alimentation, en diminuant l’exposition à des antibiotiques…
Ceux qui sont intéressés par ce sujet peuvent consulter le document de principes de la Société canadienne de pédiatrie, « L’utilisation des probiotiques au sein de la population pédiatrique« .
Maintenant, les coliques, les pleurs… Voici ce que certaines sources en disent…
Naître et grandir, les coliques
Les pleurs sont une chose parfaitement normale : ils sont souvent la seule façon qu’a un bébé de s’exprimer. Un bébé pleure s’il a faim, s’il a froid, si sa couche est mouillée… et c’est aussi parfois une façon pour lui de s’apaiser par lui-même. Cependant, certains nourrissons pleurent plus que d’autres, sans raison apparente. On a beau les nourrir adéquatement, les tenir au chaud, les cajoler, rien n’y fait. On dit d’eux qu’ils ont des coliques, bien que ce ne soit pas nécessairement le cas. En fait, on ne sait pas ce qui cause leur comportement. Le terme colique désigne une douleur au côlon. Selon les données connues, 10 % à 15 % des nourrissons souffriraient de coliques.
Un bébé qui a des coliques est, par ailleurs, un enfant en bonne santé. Il a un réflexe de succion normal. Il mange bien. Il ne vomit pas (mais c’est normal qu’il régurgite de temps à autre). Il ne fait pas de fièvre. Il n’est pas léthargique . Ses selles sont normales. De plus, il a toujours un gain de poids satisfaisant.
Société canadienne de pédiatrie, les coliques et les pleurs
Les bébés en santé pleurent. C’est leur manière d’exprimer leurs besoins et de communiquer avec les personnes qui les entourent. La plupart du temps, vous réagissez en donnant à votre bébé ce dont il a besoin : vous le nourrissez, l’aidez à s’endormir, changez sa couche ou lui faites des câlins. Les pleurs sont très utiles pour les bébés, parce qu’ils dépendent des autres pour répondre à tous leurs besoins.
Il arrive toutefois que même les parents les plus affectueux ne réussissent pas à calmer les pleurs de leur bébé. Ce n’est pas leur faute.
Lorsqu’un bébé pleure beaucoup et longtemps (sans interruption), même s’il a été nourri, changé et câliné, on dit souvent que c’est un bébé à coliques. On a longtemps pensé que les coliques étaient un « état ». Certains bébés en ont, d’autres non.
Toutefois, d’après de nouvelles données, ce qu’on appelle les coliques ferait partie du développement normal du bébé. Au début de leur vie, tous les bébés vivent une période au cours de laquelle ils pleurent plus qu’en toute autre période.
Chaque bébé est différent. Pendant cette période « de pointe », qui dure généralement de 3 à 8 semaines, certains bébés pleurent beaucoup plus que d’autres. Leurs pleurs peuvent sembler plus énergiques et peuvent être plus difficiles (parfois impossibles) à consoler.
La bonne nouvelle? D’abord, ces pleurs sont normaux. Ils n’ont aucun effet à long terme sur votre bébé. Ensuite, ils ne se prolongeront pas indéfiniment. Cette période de pleurs vigoureux et intenses (et inexpliqués) peut s’arrêter tout aussi rapidement qu’elle a commencé ou diminuer graduellement au fil du temps. En général, ils sont chose du passé lorsque votre enfant atteint 3 ou 4 mois.
Hôpital de Montréal pour enfants, Coliques
Un bébé qui souffre de coliques pleure beaucoup, en général plus de 3 heures par jour; mais chez certains enfants, la crise peut durer encore plus longtemps. En général, les pleurs débutent vers la même heure, souvent en début en soirée.
Les coliques sont fréquentes. On estime qu’au moins 1 ou 2 bébés sur 10 ont des coliques pendant leur petite enfance. Mais il est important de se rappeler que même s’il est difficile de prendre soin d’un bébé qui souffre de coliques, celles-ci ne sont pas dangereuses.On a souvent l’impression que les bébés qui ont des coliques souffrent de douleurs abdominales, mais la véritable cause demeure inconnue.
Je termine avec Dr Brazelton, pédiatre américain, « Les pleurs en fin de journée » dans Votre enfant et son sommeil, pages 39 et 40
Vers trois semaines, une période de pleurs en fin de journée a de fortes chances de s’instaurer. Des mères m’ont dit qu’elles peuvent prévoir cette phase d’énervement ou d’irritation car leur bébé commence à s’agiter, à être trop facilement hyperstimulé et à se montrer souvent inconsolable. Elles me disent aussi qu’après ces pleurs leur bébé dort mieux. Une fois que le parent a vérifié qu’il ne s’agit pas de faim, d’inconfort ou de douleur, le bébé peut avoir besoin de pleurer pour libérer la surcharge de son système nerveux immature. Après ce laps de temps, suivi de nombreux apaisements et renvois, en général le bébé se calme et s’endort. Un peu comme s’il avait fini par s’épuiser et avait évacué son trop-plein d’énergie nerveuse. Cette capacité à s’endormir par la suite fait mieux accepter la période de pleurs.
« Bébé a des coliques – c’est la faute de ce que maman mange! »
Des fois, j’ai l’impression que tout est de la faute des mères 🙂 J’exagère, je sais… Il faut quand même se dire que bébé allaité est habitué à l’alimentation de sa maman: quand il était dans le ventre de sa maman, il buvait du liquide amniotique, liquide qui goûtait l’alimentation de sa maman. Si maman n’a pas d’allergie diagnostiquée, si elle n’a pas eu à suivre une diète particulière pendant sa grossesse, son alimentation était probablement variée et son bébé a été « exposé » au brocoli, au chou, au beurre d’arachides, aux oignons, etc. À moins d’une indication médicale particulière, en période d’allaitement, maman peut donc continuer à manger ce qu’elle mangeait pendant sa grossesse… Oui, chez certains bébés, quand maman coupe certains aliments, il va mieux. En même temps, il faut reconnaître que maman a été en gestation, a accouché et maintenant allaite; son corps a besoin d’énergie, de calories, de vitamines et de minéraux. Maman a aussi besoin d’énergie et de nutriments pour une tâche incommensurable, s’occuper de son bébé, 24 heures par jour, 7 jours par semaine. Je rencontre des mamans qui en sont à boire et à manger… pas grand chose tellement elles ont tout coupé dans leur alimentation. Je ne sais pas pour vous, mais moi, quand j’ai faim, je me sens moins patiente… Donc, d’un côté, on aurait un bébé qui pleure peut-être un peu moins et de l’autre, une maman sûrement affamée, épuisée qui pleure parce qu’elle manque d’énergie et de patience pour s’occuper de son bébé – pas génial.
Les articles précités démontrent qu’il y a une part de « normalité » aux pleurs du bébé. « Normalité »… un bien grand mot… Si les pleurs, les tétées groupées, les coliques font partie de la vie normale d’un bébé normal, je reconnais aussi qu’il y a des bébés qui peuvent avoir du reflux, qui peuvent avoir mal au ventre – ce sont les parents de ce bébé qui connaissent le mieux ce bébé. Quand des parents croient qu’il y a un problème, je crois que maman et les siens ont besoin d’être accompagnés par une équipe – médecin, diététiste, infirmière, consultante en lactation, afin de d’avoir un plan qui tienne bien compte de chaque membre de la famille, un plan qui s’assure que maman reçoit tous les nutriments dont elle a besoin. Est-il nécessaire de tout couper et de tout couper d’un coup? Peut-on y aller par étapes? Peut-on faire des essais de réintroduction de certains aliments tenant compte que le système digestif de bébé, très immature, change beaucoup durant la première année? Le plan envisagé doit être souple et revu souvent car bébé est en croissance constante.
J’ai trouvé cet article de la Leche League France, « Les coliques et le bébé allaité » . Il est question, entre autres, du lait de maman contenant du lactose en début de tétée et plus de gras vers la fin de la tétée. Si ça aide, tant mieux…
Il y a des papas (ou toute autre personne du « village ») qui sont devenus experts en bébé qui pleure… Quand la période des « pleurs-coliques » commence, maman va prendre un bain (ou une marche ou un café avec une amie) et papa s’occupe de bébé, l’emmène faire un tour d’auto. Le jour, pendant que maman travaille à l’intérieur 🙂 papa travaille à l’extérieur, il côtoie d’autres adultes. Les pleurs de son bébé le touchent sauf qu’il en a, parfois, une autre perspective… Une maman demandait à une voisine adolescente de venir, en fin de journée, bercer bébé pendant que maman préparait le souper. Si on sait que bébé est en bonne santé, toutes les solutions sont bonnes…
Comme dit la La Leche League France: « Il faut être patient : le temps arrangera les choses, quoi qu’on fasse. Les laits artificiels ne sont pas la solution. »
Je reprends ce que je disais à propos des pleurs... Votre bébé est en bonne santé et il pleure… D’après vous, quel devrait être votre but…? Arrêter ses pleurs à tout prix ou plutôt reconnaître ses pleurs et lui « prêter » une épaule compatissante pour pleurer ce qu’il a à pleurer…? Demain, votre bébé sera un homme de 17 ans et sa première blonde le quittera et il aura beaucoup de peine. Ce qui effacerait son chagrin, c’est de ravoir sa belle… mais ce sera impossible. À ce moment-là, les mots seront superflus, comme aujourd’hui, il aura besoin de savoir qu’il n’est pas tout seul dans sa peine, il aura besoin de votre épaule compatissante…♥
En terminant
Ceci étant dit, maman-papa, vous devez bien prendre soin de vous… Un bébé, c’est exigeant et encore plus quand il pleure: vous avez beau vous raisonner qu’il est en bonne santé, c’est tout un stress, pour un parent, de prêter une épaule compatissante à son bébé qui pleure. Vous pouvez vous sentir dépassé(e), exaspéré(e), excédé(e) – vous vivez des émotions normales. Quand vous vivez ces émotions, alors, STOP.
- Déposez bébé sur le dos, dans son lit, les côtés remontés. Il continuera de pleurer et il sera en sécurité.
- Vous, allez prendre une douche, prendre l’air sur le balcon, appeler quelqu’un qui peut vous écouter ventiler et/ou venir vous relayer auprès de bébé.
- Retournez voir votre bébé quand vous aurez repris pied ou quand la personne que vous avez appelée est arrivée.
Ode à la farniente… ode à la vie?
Ce matin, dans La Presse+, Silvia Galipeau parle de la relâche qui s’en vient à grands pas… »Relaxation 101 » – Ode à la farniente.
(…) Pourtant, faut-il le rappeler ? Le but premier de la relâche est de permettre aux écoliers de « reprendre un peu leur souffle », souligne le psychopédagogue Gérald Boutin. Objectif ? « Faire comprendre aux enfants l’importance de respirer un peu. C’est un art de vivre ! », dit-il.
Parce que non, poursuit le professeur de l’UQAM, « les enfants ne peuvent pas toujours être surstimulés, dit-il. Il faut laisser les enfants vivre ».
Deuxième objectif de la relâche : « permettre aux parents et aux enfants de se rapprocher, au-delà des questions scolaires », dit-il. (…)
Aujourd’hui, j’ai croisé une femme que je n’avais pas vu depuis 2-3 ans. Après quelques phrases d’usage, elle me dit qu’elle se bat contre un cancer et elle est en attente de traitements. Ça m’a donné toute une claque… vous ne pouvez avoir idée… Une part de moi est en colère que ça lui arrive à elle – en fait, j’haïs le cancer, « tout simplement », mais là, on dirait que c’est pire … peut-être parce que le cancer attaque une femme que j’estime? Une autre part de moi prend conscience, une fois de plus, à quel point « la vie est si fragile » et qu’on ne contrôle pas grand chose, à part le moment présent…et encore… Hier est passé. Demain est à venir. Le présent est fait d’un million de petites choses, certaines qu’on apprécie et d’autres qu’on apprécie moins… et au moment où on vit tout cela, on a l’impression que ça ne finira jamais, que tout est une montagne, qu’on est seuls à vivre cela… Changer des couches, vivre le quotidien avec un bébé qui pleure, allaiter son tout-petit nuit et jour 10-12-14 fois, permettre à un enfant de dormir dans le grand lit de ses parents, faire des lunchs et des repas, reconduire un enfant à ses activités et en prime arrêter un peu partout pour prendre ses amis, revenir plus tôt du travail parce qu’un enfant est malade… et je suis certaine que vous et moi, nous pourrions ajouter beaucoup d’autres événements… Aujourd’hui, j’ai du recul… mes enfants ont quitté le nid, ils en sont à fabriquer le leur et avant longtemps, je bercerai les enfants de mes enfants. Je réalise que tout finit par passer… je prends conscience que tout événement a aussi un « autre côté »…
- Un de mes enfants a pleuré beaucoup, vraiment beaucoup. Je l’ai bercé à user la berceuse et je lui en ai chanté des chansons… Aujourd’hui, je me souviens aussi du moment où, doucement, son corps s’abandonnait contre moi…c’était magique…
- Moi aussi, j’ai allaité 12-14 fois par 24 heures, sans compter les tétées groupées… j’en venais à ne plus savoir s’il était 5 heures pm ou am… Aujourd’hui, je me souviens aussi de la fierté que je ressentais, pour chacun d’eux, à leur premier sourire, à leurs regards parsemés d’étoiles, aux pyjamas et aux vêtements qu’il fallait changer de taille parce qu’ils grandissaient… et toute cette croissance se faisait avec le lait que je leur donnais…
- Je revois les nuits où je me retrouvais avec un enfant blotti contre moi, dans mon lit. Luc s’absentait parfois pour le travail et selon les années, un des enfants s’ennuyait plus que les autres. Tout le monde, y compris la pédiatre, me disait de refuser qu’un enfant vienne dormir dans mon lit « Il ne voudra plus jamais dormir seul dans sa chambre ». Ma petite voix me disait d’accepter… et mon instinct de survie aussi… Vous savez quoi? Non seulement je garde de bons souvenirs de ces moments de réconfort que j’apportais à cet enfant, en plus, aujourd’hui, ils ne dorment plus dans notre grand lit… 🙂
- Je repense aux nombreux allers et retours entre la maison, l’école, le domicile d’un ami, la piscine, l’école de musique et j’en passe… Quand ils ont eu leur permis de conduire, j’étais fière d’eux, évidemment. En même temps, j’étais un peu triste car ces moments de « taxi », c’étaient des moments où on se retrouvait seuls, des moments juste cet enfant et moi, parfois sans parler, parfois je l’écoutais me raconter sa journée. Et si un ami était avec lui, apprendre à connaitre cet ami m’amenait à mieux connaitre mon fils.
Aujourd’hui, je crois sincèrement que les moments de la vie peuvent être aussi des moments de « tissage de liens »…
Parfois, la vie nous envoie un « wake up call » – c’est ce que me disait mon amie rencontrée ce matin… Je pense au très beau témoignage de Christian Bégin concernant son rôle de père. Je pense aussi à mon conjoint qui se levait, tous les matins de notre mois de vacances en Floride avec notre bébé #2. Cet enfant se couchait tôt et se levait tôt, vers 4h30-5h. Luc trouvait cela difficile de se lever si tôt… jusqu’au matin où il a écouté un téléthon au profit d’enfants malades… J’entends Luc me dire « Nous avons 2 enfants en santé et moi, je me plains parce qu’un de mes enfants se lève à 4h30 pendant mes vacances. De quoi je me plains…? » Oui, « la vie est si fragile »… Moi, aujourd’hui, j’ai le privilège d’être en santé – « merci, la vie ». J’ai le privilège de vivre avec un conjoint que j’aime, « merci, la vie ». J’entretiens des relations harmonieuses avec mes enfants et leurs conjointes – « merci, la vie ». Cet après-midi, je fais du ménage avec ma tendre moitié…j’haïs faire du ménage… Par contre, « merci, la vie » car faire du ménage me permet aussi de tisser des liens avec Luc 🙂
Bientôt, ce sera la semaine de relâche… Quels sont vos plans…? Et si c’était une semaine de « tissage de liens », une semaine de « Cocooning » comme j’en parlais dans un article de décembre 2015…? Si le cocooning est à votre horaire, je vous souhaite alors, pour cette semaine de relâche, une panne des réseaux cellulaires, internet et tout ce qui s’y apparente afin que vous goûtiez pleinement à votre « tissage de liens » avec vos proches! 🙂