Maire et mère…😊

 

Dans l’actualité, cette semaine, il a été question de l’insatisfaction des Montréalais envers leur nouvelle « maire » 😊Valérie Plante.   Quelques jours plus tard, monsieur Ferrandez a parlé d’« amateurisme » à propos de la promesse faite en campagne électorale de gel des taxes à la ville.  En réponse à ce commentaire, madame Plante a vanté le travail d’équipe, l’union des forces de chacun, puis elle a affirmé « La personne qui est à la tête de la ville de Montréal, c’est moi, c’est Valérie Plante (…) ».

 

Loin de moi l’idée de me lancer dans un débat politique, ce qui a été promis en campagne, les livres pas ouverts, le déficit, et tout le reste.  Je m’attarde plutôt au fait que madame Plante a pris une décision « impopulaire » et elle a tenu le cap (encore là, c’est factuel, pas politique 😊).  Je pense à la vie d’un parent… moi, comme mère, il m’est arrivé (plus d’une fois) de prendre une décision qui serait « impopulaire » – je le savais à l’avance.  Cette décision-là, elle était prise en équipe, avec mon partenaire-parent.  Ensemble, nous croyions au plus profond de nous, avec tout notre amour,  que cette décision était nécessaire voire même essentielle pour un de nos enfants dans une situation bien précise à un moment bien spécifique.  Et j’imagine que vous aussi, ça vous est arrivé (ou ça vous arrivera?) de prendre une décision « impopulaire » qui s’imposait pour un enfant que vous aimez plus que tout.  C’est ça aussi être parent… s’affirmer dans son rôle de parent, assumer son rôle de leader, un « leadership empreint d’équidignité », comme le dit Jesper Juul.  Être parent, c’est prendre ses responsabilités…

(… ) la responsabilité personnelle est l’un des phénomènes les plus systémiques que nous connaissons.  Qu’elle ait un caractère « systémique » signifie qu’elle a une très grande influence sur nos relations proches – que nous l’endossions ou non d’ailleurs.  De même, le fait qu’une personne assume sa propre responsabilité est bénéfique à l’ensemble de la famille. (…) (pages 77-78)

En famille, la dynamique entre les personnes est telle que si nous prenons des décisions défensives – c’est-à-dire des décisions pour éviter quelque chose – nous finirons toujours par obtenir à terme ce que nous cherchions à éviter.  Les conflits sont inévitables et ne peuvent qu’être repoussés à plus tard.  Le contraire d’une décision défensive est une décision pleinement responsable. (page 82)

Source: Jesper Juul (2017 pour l’édition française), La vie en famille – renouveler les valeurs fondamentales du vivre-ensemble, éditions Fabert.

À travers les hauts et les bas de la vie, fort probablement qu’une décision « impopulaire » prise en équipe maman-papa devient moins pénible/difficile à porter parce qu’elle repose sur 2 paires d’épaules…   Dans une famille, je crois aussi que chacun, du plus petit au plus grand, se porte mieux/se sent davantage en sécurité quand maman-papa forment une équipe…

Image à la une: http://www.tvanouvelles.ca/2017/11/16/jour-dassermentation-a-montreal, 2018-02-08

 

 

 

 

 

La vie en famille – Jesper Juul

L’auteur est Jesper Juul, danois, enseignant et travailleur social (thérapeute familial).  Ses livres sont traduits en plusieurs langues.  Il dirige « Familylab International ».

J’avais brièvement parlé de cette lecture dans un autre article, « Voyage en avion et équidignité« .

Confrontés en tant que parent au vide laissé par le rejet de l’autoritarisme comme des violences physiques et psychologiques envers les enfants, nous nous sentons aujourd’hui souvent perdus. Nous jouons pourtant toujours un rôle essentiel pour les enfants puisque qu’eux, venus au monde sans expérience, ont besoin de notre leadership adulte. Comment développer alors cette autorité personnelle, nécessaire et constructive pour les enfants ? Comment transformer l’amour que nous éprouvons en gestes affectueux que nos proches ressentent aussi comme des marques d’affection, et cela sans perdre notre propre intégrité ?

Pour répondre à ces défis, Jesper Juul nous invite à nous appuyer sur quatre valeurs – équidignité, intégrité, authenticité et responsabilité. Transculturelles, ces valeurs forment ensemble un socle fondamental auquel nous référer pour établir des relations familiales durablement saines et constructives, une base permettant l’épanouissement social et mental aussi bien durant l’enfance qu’à l’âge adulte. Au travers de ce livre, aujourd’hui référence en Scandinavie et en Europe centrale, il pose ainsi les fondements d’un renouveau du vivre-ensemble et de l’éducation.

La vie en famille – Renouveler les valeurs fondamentales du vivre-ensemble

Jesper Juul, Éditions Fabert (2017) –

Référence: http://www.familylab.fr/mediatheque/livres/

 

 

Unconditional Parenting, Alfie Kohn

Ce livre a été traduit en français: Aimer nos enfants inconditionnellement

Book review: “Unconditional Parenting” by Alfie Kohn

Book Review: “Unconditional Parenting” by Alfie Kohn

I often recommended to parents an article by Alfie Kohn called “5 Reasons to Stop Saying Good Boy/Good Girl”. And I’ve been told many times that parents have found his book “Unconditional Parenting” the most useful parenting book they had read. (…)

 

Unconditional Parenting by Alfie Kohn

1. Working with (instead of doing to)

The biggest message I have taken away from Alfie Kohn’s book is his emphasis to shift towards “working with” our kids as opposed to “doing to”.

“Doing to” strategies are things like threatening, bribing and rewarding our kids as ways to control our children. Instead some “working with” strategies he suggests are:

  • Reconsider your requests – for example, instead of asking “how do I get my child to eat?” instead look at your assumptions, look at what your child needs, and place your focus on offering nutritious food instead.
  • Move to unconditionality – I think we all love our children no matter what they have done; however, we don’t always act this way. Moving toward unconditionality means acting in a way where your child knows you love them for WHO they are, no matter WHAT they do.
  • Talk less, ask more
  • Assume the best from your child – we don’t always see what has happened and know what has gone on. Instead of assuming the worst, you can also assume the best!
  • Give age-appropriate choices

2. Use of praise, rewards and punishment

Alfie Kohn believes that praise, rewards and punishments are all ways of controlling our children. These provide extrinsic motivation to behave in the way we want. But he says this is the wrong type of motivation – better for it to come from the child themselves.

For example, instead of putting a child into time out if he has hit another child, you can get the child to work out what to do to make amends. “I think she feels so bad she is crying. What can you do to make her feel better?” By ending with a question, you give your child a chance to come up with something (even a pre-verbal child!).

3. Use of testing in schools

Alfie Kohn is also very critical of the schools in the US (and many other countries) where there is a lot of focus on test scores. He would like to see school implement interactive, interdisciplinary, and question-based learning to get a deep understanding as opposed to just learning facts. Sounds like a Montessori education would meet many of these requirements.

Hopefully I’ve inspired you to hear more from Alfie Kohn. You can find some of his talks on Youtube. Or you can read his book “Unconditional Parenting” (…)

Référence: http://www.themontessorinotebook.com/unconditional-parenting/

Beaucoup de guides pratiques à l’usage des parents posent comme objectif implicite : « Comment obtenir l’obéissance des enfants ? » Et proposent différentes techniques pour contrôler les enfants.
Ce livre n’est pas une énième méthode ! Alfie Kohn préfère poser la question suivante : « Quels sont les besoins des enfants et comment résoudre les conflits ? »
Il s’agit de faire avec les enfants plutôt que de faire faire aux enfants.
Un besoin fondamental des enfants est l’amour inconditionnel. C’est ainsi qu’ils sont assurés d’être aimés et acceptés quoi qu’ils fassent. Hélas, les approches conventionnelles des punitions, récompenses et toute forme de contrôle, transmettent aux enfants qu’ils sont aimés uniquement lorsqu’ils nous obéissent ou lorsqu’ils nous impressionnent. Sois aimable ! Autrement dit, fais en sorte de mériter notre amour !
L’auteur cite de nombreuses recherches qui montrent la nocivité de toutes ces méthodes. Ce livre nous emmène dans une profonde réflexion sur nos pensées, nos sentiments et nos actes envers nos enfants. Enfin, il invite tous les parents à réfléchir, à se reconnecter avec leur instinct premier, naturellement bon, pour devenir de meilleurs parents.
Référence: https://www.amazon.fr/Aimer-Enfants-Inconditionnellement-Alfie-Kohn/dp/2916032487

Rest Play Grow – Deborah Mac Namara, Ph. D.

Je termine la relecture d’un excellent livre, Rest Play Grow – Making sense of preschoolers or anyone who acts like one based on the relational developmental approach of Gordon Neufeld, par Deborah MacNamara, Ph. D..

Cet ouvrage a été traduit en français, « Jouer grandir s’épanouir: le rôle de l’attachement dans le développement de l’enfant ». 

Jouer grandir

Dr. Deborah MacNamara travaille avec Gordon Neufeld, de l’Institut du même nom, http://neufeldinstitute.com/int/fr/, http://neufeldinstitute.org/

« Fondé sur les travaux du psychologue de renommée internationale Gordon Neufeld, Jouer, grandir, s’épanouir raconte l’histoire du développement des jeunes enfants. Ecrit avec une grande compassion et des anecdotes savoureuses (…).

Avec ce livre, Dr Deborah MacNamara, Ph. D., révèle que le secret pour élever un enfant ce n’est pas de connaître toutes les réponses, mais bien plutôt d’être la réponse de l’enfant. Avec l’attachement comme toile de fond, l’auteure explique très bien la très grande immaturité du cortex préfrontal du tout-petit.  Avec ces prémisses, il devient beaucoup plus facile de comprendre ce que nos tout-petits ont besoin pour s’épanouir et le rôle que leurs parents doivent jouer auprès d’eux – « It lays out how an adult must WORK so that children can REST, so they can PLAY and then GROW ».

J’ai particulièrement apprécié…

  • « In the developmental/relational approach, parents are like gardeners who seek to understand what conditions children grow best in » (…) « Children are like seeds: they need the right warmth, nourishment, and protection to grow. » (…) We need to work not at growing our children up but at cultivating the relational gardens in which they flourish” (pages 16-17)
  • “We believe we can control growth instead of focusing on how we influence the conditions that give rise to it.” P. 25
  • “Master gardeners use science and intuition to know what is needed for good growth and have faith that potential arises from cultivating deep roots to tether all life” (p. 27)
  • “(…) and there is nothing like the force of an immature child to test the maturity level in a parent.” (p. 30)
  • “Until the prefrontal cortex is sufficiently integrated, a young child will remain impulsive and untampered. Brain development continues into adolescence but changes significantly between 5 and 7 years of age.” (p. 31)
  • “Sensitive children have been called “orchid-like”, compared with kids who grow with ease like dandelions.” (p. 35)
  • “Young children don’t think: they react, are moved to attack, and are impulsive – this is the young child in action.” (p. 39).
  • “Young children are unable to operate out of two reference points at a time.” (p. 41)
  • “It is important to bear in mind that young children under the age of 3 have a minimal capacity to play on their own because of intense relational needs.” (p. 67)
  • “Attachment is defined as the drive or relationship characterized by the pursuit and preservation of proximity.” (p, 77).
  • “When they attribute being loved to what they do instead of who they are, they cannot rest.” (p. 89)
  • “With young children, we need to collect their attachment instincts before we direct them.” (p. 96)
  • RELATIONSHIPS BETWEEN ADULTS and children need to be hierarchical for a fulling attachment dance to unfold – the parent needs to lead, and the child needs to follow. This dance is an instinctive one that cannot be commanded.  It is activated when a parent assumes a caretaking stance and creates the conditions for a child to depend on them  The ultimate purpose of attachment is to foster dependence of the immature on those responsible for them.” (p. 103)
  • “We need to dance our way into right relationships with our children by a) ACCEPTING the WORK of the relationship is our responsibility, b) ASSUMING AN ALPHA role by seizing the lead and reading the child’s needs, and c) PROVIDING more than is pursued so that our provision of care more than satisfies their hunger for connection.” (p. 122)
  • “AS EMOTIONAL CREATURES, young children are predictably unpredictable.” (p. 124)
  • “Parents need to work at providing the conditions to grow children into emotional maturity instead of commanding them to act emotionally mature.” (p. 127)
  • “The antidote to thwarted expression is conveying to a child that all of their emotions are welcome and won’t lead to separation.” (p. 135)
  • “We need to help a child understand this powerful reservoir of emotional energy inside of them.” (p. 152)
  • “A child is moved to attack by the emotion of frustration; this is where a parent needs to focus.” (p. 171)
  • “When a parent conveys what doesn’t work, they need to convey that the relationship is still intact.” (p. 175)
  • “Attachment is the doorway through which separation opens up; attachment and separation are like opposite sides of the same coins. (…) In other words, if separation (ex. Bedtime, separation) is the problem, attachment is the solution.” (p. 179)
  • “Parents will need to cultivate attachment villages to raise their children in (…)” (p. 186)
  • “Bridging will work to reduce separation alarm only when the child has a right relationship with their adult.” (p. 189)
  • Chapter 9 – “You’re not the boss of me”, understanding resistance and opposition.
    • “The counterwill instinct preserves a parent’s rightful place in a child’s life as being the one to lead and take care of them.” (p. 204)
    • “When attachment is strong, counterwill is weak or nonexistent. When attachment is weak, counterwill reactions will be strong.” (p. 206)
  • “Maturity is the answer to immature behavior – discipline is what adults do to impose order on the disorder of immaturity.” (p. 223)
  • “Good discipline means not letting a child’s behavior be more important than the relationship.” (p. 237)
  • “From a child’s perspective, good discipline means an adult still believes in them and knows they will get it right one day.” (p. 237)
  • “Attachment is a child’s greatest need” (p. 230)
  • “Parents can be firm on behavior but easy on the relationship.” (p. 242)
  • “Being a parent is more than just a list of things we do; it is about who we are to our children and who we become because of loving them.” (p. 253)
  • “Children shouldn’t have to perform to be loved; they should be loved regardless how they perform.” (p. 256)
  • “Being a gracious parent is what it means to unconditionally love a child – it is how we become their place or rest so that they can play and grow. “ (p. 257)
  • “We cannot become our child’s answer through books, someone else’s mantras, or directions. This place must be born inside us from alpha instincts and vulnerable emotions. It is as much about caring as it is responsibility.” (p. 257)
  • “As adults, we face forward into aging and separation, but in holding on to our children, we are forced to look back to our beginnings. Nature ties the ends of our life cycle together, the old connected to the new, the endings fused to the beginnings, opposites entwined, the paradoxical rendered seamless, endless.  These invisible ties of relationships hold us together – the human cycle unfolding generation after generation.” (p. 258)

Bonne lecture!

 

« Les premières fois… »

Ce matin, La Presse+, « La première fois que… bébé dort dans son lit« , Mélissa Proulx.

La première nuit a été éprouvante. Seuls les bras de ses parents semblaient apaiser le petit Edward de 7,5 lb qui pleurait sitôt qu’on le déposait dans son moïse installé dans la chambre de ses parents.

Le dodo de son bébé, ses pleurs… des sujets chargé d’émotions surtout pour ses parents. Le développement de l’enfant est parsemé de plusieurs « premières fois » qui l’amènent vers l’autonomie et l’indépendance, valorisées dans notre société – et c’est très bien ainsi. Connaitre le développement type d’un enfant permet aux adultes qui vivent avec l’enfant d’ajuster leurs demandes à son stade de développement – après tout, ce n’est pas en tirant sur une fleur qu’on la fait grandir plus vite!

Il y a un temps pour chaque étape: Dr Brazelton disait que pour se détacher, il fallait d’abord s’attacher.  Il comparait aussi les enfants à des bateaux: si un bateau a « sa » place dans un port, il se sent en « sécurité » d’aller explorer le vaste monde car il sait qu’il aura toujours « sa » place dans ce port pour venir se ressourcer, se restaurer- même chose avec un enfant… il pourra explorer la tête et le cœur en paix s’il sait que sa maman et son papa sont là pour lui….  À la naissance, bébé sort d’un milieu où tous ses besoins étaient comblés.  Il arrive dans un monde où tous ses besoins sont à combler.  Il découvre l’inconnu avec du connu, sa maman…  Évidemment, durant ses premiers mois de vie, ses besoins de proximité avec sa maman et son papa seront presque constants (et vraiment très exigeants pour sa maman et son papa)… à un moment de sa vie où son cerveau n’est pas assez développé pour manipuler, manigancer et tout ce qui s’y apparente. Sa survie dépend de la réponse à ses besoins et en bâtissant ce lien d’attachement, il façonne sa façon d’être.  Bowlby a parlé d’attachement dans les années 1960.  Ces notions d’attachement et de lien de soins prennent maintenant tout leur sens avec les imageries du cerveau et les neurosciences d’aujourd’hui…

Des réponses toute faites, il n’y en a pas.  Les parents doivent s’informer… Si ça vous tente, j’ai déposé des informations dans un dossier « Sommeil » sur mon site, https://louisegodin.com/parents/parents-dossiers-2/parents-dossier-sommeil-du-bb/  Ensuite, assoyez-vous avec l’autre parent de votre enfant et partagez l’information reçue, partagez aussi ce que dit votre « p’tite voix » du cœur…  Prenez une décision ensemble, une décision avec laquelle vous serez « bien », chacun de vous… Demain…?  C’est encore loin…  Au pire, vous essaierez autre chose… après tout, Winnicott disait que les enfants n’ont pas besoin d’un parent parfait… En attendant, si on essayait de profiter d’aujourd’hui avant que demain soit là…?  Dans « pas long », vous verrez, il volera de ses propres ailes et il aura son nid à lui…

 

Stress et parentalité

Ce matin, Marc Cassivi, La Presse+, « Suis-je au bord du burn-out parental? » Ce sujet revient de plus en plus et c’est tant mieux car la fatigue d’un parent, c’est une réalité… bien « réelle » :-)… La vie avec un enfant, ça prend du temps…

Dans la Trousse « Voyage au cœur de l’attachement », nous avons parlé du Stress des mères dans le Dictionnaire attachement et Neurosciences.  Être parent, c’est un… sport extrême…? 🙂   Ça vient nous chercher fondamentalement, au plus profond de nous, aux tréfonds de ce que nous sommes…  Il n’y a alors qu’un petit pas à franchir pour vouloir le meilleur pour chacun de nos enfants, chaque minute de leur vie… rien de moins…  La barre est parfois haute, très (trop?) haute…  Isabelle Filliozat a écrit « Il n’y a pas de parent parfait »… ce livre vaut le détour… Évidemment, la perfection n’est pas de ce monde et après coup, c’est toujours facile de dire « J’aurais pu… » « J »aurais dû… » et tout ce qui vient avec.  C’est démontré: nos enfants n’ont pas besoin d’un parent parfait… ils ont besoin d’un parent… « tout simplement ».

La semaine dernière, je vous ai parlé du livre de Mei-Ling Hopgood, « Comment les Eskimos gardent les bébés au chaud ».  « Journaliste et jeune maman, Mei-Ling Hopgood s’est lancée dans un tour du monde des méthodes éducatives.  Elle a interrogé des parents issus des cultures les plus diverses, des anthropologues, des éducateurs et des experts en puériculture. »  Très souvent, comme parent, on veut que tout soit parfait… quand on lit ce livre, on constate que dans notre vaste monde, il y a des enfants qui se couchent « à pas d’heure »… et ils arrivent à fonctionner.  Bien sûr, ils vivent dans une société où la vie est comme ça… en même temps, ça fait sourire et ça peut aider à relativiser ce qui se passe dans notre famille…

Madame Hopgood parle souvent de la communauté qui entoure les familles dans d’autres parties du monde… Vivre avec un enfant, ça prend aussi un village… Quand mes enfants étaient petits, j’étais parfois débordée et j’ai osé demandé… et j’ai reçu beaucoup: des échanges de service avec la voisine de l’autre côté de la rue, l’adolescente qui reste à côté qui vient donner un coup de main en finissant l’école, la dame qui reste au coin de la rue – elle est à la maison toute la journée, ses enfants adolescents ont leurs activités.  Ça me permettait de souffler un peu à travers la vie avec mes mousses…

C’est probablement en repensant à tout cela que je termine la plupart de mes courriels à une maman en lui disant « Maman, papa, prenez soin de vous. »  Pour prendre soin des autres, il faut d’abord prendre soin de soi.  Isabelle Filliozat utilise l’analogie des masques à oxygène: dans un avion, en cas de dépressurisation de la cabine, des masques à oxygène tomberont.  Il est bien important alors que l’adulte mette son propre masque avant d’aider l’enfant à mettre le sien.  Une maman-un papa en santé, un couple solide représentent une fondation extraordinaire pour une famille…

Être parent dote chacun de nous d’un outil incroyable, la « p’tite voix »… une voix du cœur, une voix parfois sans logique et parfois même contre toute logique… Être parent, c’est s’informer, lire, discuter avec d’autres parents et des professionnels.  Être parent, c’est aussi s’asseoir avec l’autre parent pour amalgamer toute cette récolte d’informations avec sa « p’tite voix »; ensemble, on prend une décision, dans notre famille, dans notre maison, dans cette situation, avec cet enfant, dans l’ici et maintenant. Et une décision parentale où la « p’tite voix » s’exprime, est très souvent, tout compte fait, une « bonne » décision…

À travers tout cela, la vie passe… Ce midi, nous fêterons la nouvelle trentaine du papa de Juliette avec une partie de notre clan.  Ce sera la première fois que Juliette s’assoira à table avec nous tous: vendredi dernier, Luc et moi avons acheté une nouvelle chaise haute, cette fois-ci pour nos petits-enfants…  Je sais, nous sommes des grands-parents « un peu beaucoup » fous…  Comme chacun de vous, ma vie de maman a eu ses hauts et ses bas, parfois même des périodes avec plus de bas que de hauts… Aujourd’hui, si je recule de l’arbre pour mieux voir la forêt, oui, « c’est beau, la vie » comme le chantait si bien Jean Ferrat 🙂

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Lectures de vacances

Je reviens de vacances… deux semaines au soleil avec mon conjoint.  Durant la première semaine, un de nos fils et sa conjointe nous accompagnaient… quelques visites touristiques, l’épicerie, la préparation des repas, des jeux de cartes, les mots croisés, un resto quelques fois en soirée… Ma vie de maman a eu, comme toutes les vies de maman, ses hauts et ses bas; aujourd’hui, avec chacun des mes trois fils et leur conjointe, la vie me réserve de beaux et de bons moments – « merci, la vie ».  Évidemment, Juliette m’a manqué… son papa et sa maman ont organisé quelques séances « Face Time » pendant notre absence et ce midi, nous avons brunché avec eux… « re-merci »!

Pendant mes vacances, j’ai lu.  J’aimerais partager avec vous 2 livres qui m’ont particulièrement plu:

  • Comment les Eskimos gardent les bébés au chaud et autres aventures éducatives du monde entier par Mei-Ling Hopgood.  « Journaliste et jeune maman, Mei-Ling Hopgood s’est lancée dans un tour du monde des méthodes éducatives. Elle a interrogé des parents issus des cultures les plus diverses, des anthropologues, des éducateurs et des experts en puériculture. »  Sans changer drastiquement nos façons de faire avec nos enfants, parfois, se reculer de l’arbre permet de mieux voir la forêt… 🙂
  • The gardener and the carpenter – what the new science of child development tells us about the relationship between parents and children par Alison Gopnik, http://www.alisongopnik.com.  Madame Gopnik est psychologue et elle enseigne à l’Université de Californie Berkeley.  Ici, j’ouvre une parenthèse: Alison Gopnik est grand-maman et comme moi, ce nouveau rôle l’emballe – ça m’a fait du bien de constater que je ne suis pas seule à vivre la « grand-maternité » avec autant d’émerveillement, de joie et d’amour envers ce nouvel enfant.   Madame Gopnik dit que le terme « parenting » est nouveau – il aurait été créé de toute pièce depuis une trentaine d’années, transformant les soins aux enfants en un « travail » obsessif, contrôlant et orienté vers l’atteinte d’un type particulier d’enfant qui deviendra ensuite un type particulier d’adulte.  Selon elle, il y aurait 2 façons d’accompagner nos enfants: « parenting » avec l’analogie de « carpenter », un menuisier – j’ai le mandat de construire une maison donc, j’applique les règles de construction d’une maison.  Il y aurait aussi « to be a parent » avec l’analogie de « gardener », un jardinier – je sème des graines et je nourris ce qui pousse.  Elle dit, entre autres:
    • « Love doesn’t have goals or benchmarks or blueprints, but it does have a purpose.  The purpose is not to change the people we love, but to give them what they need to thrive. » (p. 10)  Traduction libre:  Aimer une personne, ce n’est pas dans le but de la changer mais plutôt de lui donner ce dont elle a besoin pour grandir, s’accomplir.
    • Elle parle d’épigénétique puis elle nomme deux tempéraments d’enfant: « They are like dandelions that flourish just about anywhere.  Other children are more sensitive to differences in their surroundings; they do especially well in rich circumstances, but do especially badly in impoverished ones.  They are more like orchids, flourishing with elaborate care and rich feeding, withering without them. So these children not only are different from one another – they also react differently to their surroundings. » (pp. 32-33)  Traduction libre: Il y a des enfants qu’on peut comparer à des pissenlits – ils poussent n’importe où.  Il y a les autres, des enfants qui fonctionnent bien dans des circonstances adaptées à eux.  Ils sont davantage comme des orchidées qui fleurissent avec des soins attentionnés et riches.  Ces enfants ne sont pas seulement différents des autres, ils réagissent différemment à leur environnement.

J’avis déjà lu un roman, Demain est un autre jour de Lori Nelson Spielman.  Je l’ai prêté à ma belle-fille qui l’a bien apprécié, elle aussi.

Bonnes lectures!

 

Un enfant « orchidée »

Aujourd’hui lundi 29 août, La Presse+, un dossier de Catherine Handfield, Bien cultiver l’impulsivité.

Des chercheurs du CHU Sainte-Justine et de l’Université de Montréal ont obtenu des résultats qui rejoignent la théorie de l’enfant orchidée dans une étude publiée cette année dans la revue scientifique Development and Psychopathology. Ils ont regardé le lien entre les pratiques coercitives des parents à l’âge de 6 ans et la consommation d’alcool à l’âge de 15 ans. L’échantillon comprenait 209 adolescents. Par pratique coercitive, on entend frapper, secouer et crier.

« Quand on comparait un enfant impulsif à un enfant moins impulsif, celui qui était impulsif consommait plus d’alcool quand les pratiques coercitives étaient élevées – c’est la vulnérabilité qu’on a toujours lue. Mais quand les pratiques coercitives étaient faibles, ils consommaient moins d’alcool que ceux qui étaient moins impulsifs. »

Un enfant « orchidée »?

Une métaphore suédoise compare les enfants à des fleurs. Il y a les enfants pissenlits, qui se développent bien dans n’importe quelle condition. Et il y a les enfants orchidées, qui dépérissent en milieu hostile, mais qui font des fleurs magnifiques et surpassent les autres lorsqu’on en prend soin.

Gordon Neufeld parle des enfants « orchidées »:  http://neufeldinstitute.org/helping-orchid-children-thrive-part-1-of-3/

Cette recherche est très intéressante… Moi, je ne suis pas vraiment étonnée des résultats… et vous…?

Development and Psychopathology 28 (2016), 265–275 # Cambridge University Press 2015 doi:10.1017/S0954579415000437, Differential susceptibility to environmental influences: Interactions between child temperament and parenting in adolescent alcohol use  CHARLIE RIOUX, NATALIE CASTELLANOS-RYAN, SOPHIE PARENT, FRANK VITARO, RICHARD E. TREMBLAY, AND JEAN R. SÉGUIN Université de Montréal.

Ici, il est question de comparer l’enfant à une fleur.  Vous avez peut-être entendu parler des enfants hyper sensibles, des « babi » (bébés aux besoins intenses).

Maintenant, ceci étant dit, je crois important de recadrer un p’tit peu…  Ces appellations pour décrire des comportements d’enfants sont aidants… elles donnent souvent de bonnes idées aux parents.  Par contre, je trouve ça triste quand un parent présente son fils comme étant un « BABI » et non pas « Alfred qui déborde d’enthousiasme et de joie quand il rencontre ses cousins… »  Un tout-petit qui s’emballe, qui est impulsif, c’est fort probable… Oui, certains plus que d’autres… sauf que l’impulsivité fait partie du bagage de la plupart des enfants, à un moment ou l’autre. Et peu importe le niveau d’impulsivité d’un tout-petit, c’est un des rôles du parent, et des autres adultes qui vivent avec ce tout-petit, de le rendre capable d’exprimer ses besoins, ses ressentis, ses émotions, d’être bien dans sa peau et de « bien vivre » avec les autres, un peu plus chaque jour.  En ce qui concerne les pratiques coercitives, oui, elles devraient être bannies quand un enfant fait preuve d’impulsivité… elles devraient d’ailleurs être bannies tout le temps, peu importe l’enfant, peu importe la fleur qu’il est, peu importent les circonstances.

Chaque enfant est une fleur… et peu importe l’enfant, « il dépérira en milieu hostile et il fera une fleur magnifique et surpassera les autres si on en prend soin ».  À la naissance, le bébé arrive d’une « autre planète »… son développement se poursuit en dehors du ventre de sa maman et c’est au fil des années, à petites doses, avec toutes sortes d’expériences de vie diverses, avec des adultes bienveillants, qu’il évoluera de façon de plus en plus autonome. Les pleurs, les gestes, les paroles d’un tout-petit veulent dire quelque chose… L’adulte qui vit près de ce tout-petit doit décoder ce que cet enfant cherche à dire par ses pleurs, ses gestes, ses paroles pour emmener cet enfant à une meilleure compréhension de lui-même, de son monde et de ceux qui l’entoure.

Un autre élément bien important… Pour un adulte, même le plus aimant de tous les parents, vivre avec un enfant, c’est parfois « wow » et parfois, c’est « j’en peux plus »… d’où l’importance que chaque famille fasse partie d’un village avec des adultes bienveillants, qui peuvent écouter les parents parler de leurs joies et de leurs difficultés quotidiennes avec leur enfant et aussi, à l’occasion, qui peuvent prendre la relève.

 

« Mieux vaut suivre son intuition »

Ce matin, La Presse+, « Pour en finir avec les grandes questions. »  Silvia Galipeau parle du livre d’Alison Gopnik, psychologue, The Gardener and the Carpenter.

(…) Dans The Gardener and the Carpenter, l’auteure raconte s’être demandée quand laisser son garçon se rendre seul à l’école, à 8 ans ou avant ? Aurait-elle dû forcer son plus jeune à lire davantage ? Et son premier de classe, aurait-il fallu lui donner plus de temps pour jouer ou alors pour étudier ? Et si elle ne s’était pas séparée, est-ce que ses enfants se seraient développés autrement ? Seraient-ils devenus de meilleurs adultes ? « Il n’y a tout simplement pas de réponse. Tout dépend de l’enfant, du contexte. Mieux vaut suivre son intuition ! », conseille-t-elle, tout simplement. (…)

Mieux vaut suivre son intuition 

(…) Mais toutes ces petites choses qui stressent les parents de la classe moyenne, il n’y a pas la moindre preuve que cela aura une influence sur l’avenir de l’enfant. (…)

(…) Ça ne veut pas dire abdiquer et laisser nos enfants faire ce qu’ils veulent.(…)

Je  crois fermement que chaque bébé a des compétences en arrivant dans notre monde – exprimer ses besoins, s’attacher à sa maman puis à son papa puis aux autres adultes qui l’entourent.  Chaque parent a des compétences comme être humain et aussi comme parent de chacun de ses enfants. Idéalement, ces parents sont entourés d’un village composé d’êtres humains aimants, compatissants, non jugeants, respectueux des valeurs de chaque famille et de la vie dans chacune de ces familles.  Dans ce village, il y a aussi des professionnels de la santé qui offrent aux parents des informations basées sur des résultats probants de telle sorte que les parents puissent prendre des décisions les plus éclairées possible.  Riches de tous ces contacts, de toutes ces informations, les parents, à partir de leurs valeurs communes qu’ils souhaitent transmettre à leur enfant, vivent le quotidien en se permettant de suivre leur intuition, leur « petite voix attachement ».  C’est certain qu’il y aura des différences dans la façon de transmettre ces valeurs… après tout, maman et papa sont deux êtres humains différents… et je crois que c’est tant mieux pour chaque enfant…

Pendant qu’on y est… j’ajouterais l’importance de prendre soin de soi, encore plus quand on est parent… C’est toujours facile, après coup, de dire « Si j’avais su…, j’aurais dû.., j’aurais pu… »  Isabelle Filliozat dit, avec beaucoup de justesse,

En cas de dépressurisation, je mets mon masque à oxygène.

Madame Filliozat fait allusion à ce qui se passe pendant un voyage en avion si les masques à oxygène sont libérés: je mettrai d’abord le mien avant de mettre le masque à l’enfant qui m’accompagne.  Même chose dans la vie de tous les jours… Le métier de parent, c’est un métier exigeant.  Pour pouvoir prendre soin d’un enfant, il faut d’abord prendre soin de soi, de façon régulière, sans attendre d’être « au bout du rouleau »… D’où l’importance, pour chaque famille, d’être entourée d’un village composé d’êtres humains aimants, compatissants, non jugeants, respectueux des valeurs de chaque famille et de la vie dans chacune de ces familles.

Une découverte de dernière minute… « Les 5 langages de l’amour« .  À la fin de cette bande dessinée, on ajoute la variante, « Se donner de l’amour à soi-même ».  Encore là, il suffit de suivre son intuition, d’écouter « sa petite voix-attachement ».

Les5_langages_de_lamour

 

 

 

« Mères pas parfaites »…

Samedi 25 juin, La Presse+, le dossier de Suzanne Colpron, « Mères pas parfaites« : tout un sujet… Jeudi dernier, j’étais chez MAM à Saint-Hubert.  On m’avait demandé de parler du sommeil à la « Pause MAM »… pour moi, ça a été un moment de pur bonheur de côtoyer ces mamans et leurs petits.

Parler du sommeil des tout-petits, c’est « simple »… leurs cycles d’éveil et de sommeil s’organisent à mesure que leur cerveau se développe; selon Dr Brazelton, pédiatre américain, un tout-petit dormirait une nuit vers l’âge de… 3 ans.  Ça se comprend:  à la naissance, le cerveau de nos petits a environ 25% de la taille du cerveau de l’adulte et à 1 an, leur cerveau a environ 75% de la taille du cerveau de l’adulte.  Au cours des premières semaines de vie, une « belle nuit » du bébé, c’est 3-4 heures de sommeil… en autant que durant les 20-21 heures qui restent, il prend 10-12  tétées, il mouille plus de 6 couches et il fait des selles.  À ce stade, une tétée peut facilement durer 45 minutes…  C’est sans compter les tétées groupées de fin de journée et aussi, les périodes d’orages… Sortez vos calculatrices… Je vous entends dire: « Une maman qui allaite, surtout durant les premières semaines, … »  Voilà, vous l’avez dit, j’en suis pas mal certaine… « …une maman qui allaite ne fait pas grand chose à part allaiter » même les mamans le disent.  Sincèrement, combien de fois l’avez vous entendue, cette phrase-là…? Moi, je peux vous dire que je l’ai entendue souvent.  Avoir un nouveau bébé, être la maman de ce nouveau bébé, c’est un « travail » en soi, non…?

Nous visons tous et toutes ce qu’il y a de mieux… et c’est peut-être encore plus vrai quand nos enfants sont au cœur de notre vie.  Jeudi, à la « Pause MAM », les mamans disaient  « Oui, mais à travers ma fatigue, à travers les tétées et les soins du bébé, il faut que je prépare le souper, que je fasse le lavage, que je… »  et aussi « Oui, mais mon bébé, si je ne reste pas à côté, il ne fera pas de sieste »…   Une maman avait un peu plus de vécu: elle en était à son 2e bébé.  À quelques reprises, elle a exprimé qu’à un moment donné, n’en pouvant plus, elle acceptait des comportements de son ainé qu’initialement elle refusait.  C’est comme si ces nouvelles mamans ne s’autorisaient pas à se reposer, à prendre soin d’elles et elles le font quand elles sont poussées au pied du mur…  Avec le recul du temps et la sagesse qu’apportent les années ( 🙂 ), je crois que, dans le fond, la vie est très bien faite…  Une maman vit une grossesse, un accouchement « une expérience extrême* » (parfois doublé d’une césarienne, soit une chirurgie abdominale) et ensuite, 24 heures par jour et 7 jours par semaine, elle vit avec son bébé qui arrive d’une autre planète, un « Voie-lactien« … Comment peut-elle, logiquement, humainement, faire la vie d’avant bébé avec ce bébé qui impose ce rythme incroyable les premières semaines?  Comment peut-elle donner à son bébé de l’attention, de l’amour, des soins si elle est fatiguée, si elle a faim, si elle ne prend pas soin d’elle…?  Oui, je crois que la vie est vraiment bien faite dans la mesure où la vie pousse maman à mettre ses besoins humains de repos et d’alimentation appropriée au premier plan…

Dans le cadre de ma pratique, j’invite chaque nouvelle maman à suivre l’horaire de son bébé, « tout simplement »: « Si bébé dort, reposez-vous et s’il tète, prenez une collation avec des protéines, et ce, jour et nuit ».  Je leur suggère « tout simplement » de s’alimenter, de se reposer et les mamans qui le font se sentent mieux et profitent mieux de la vie et de leur « voie-lactien », elles se sentent plus solides pour les moments de tempête.  C’est vrai…, il y a le souper à préparer, le lavage (et tous les autres « …age », ménage, repassage, époussetage…), les fleurs à planter, les photos à classer et les nombreux items sur les multiples listes que la plupart des femmes font quand elles arrêtent de travailler… « à l’extérieur », listes que bien souvent elles n’ouvrent même pas… et dont elles parlent avec un peu-beaucoup de culpabilité pendant leur « congé de maternité » (toute une expression, celle-là)… Oui,  et ce tout-petit que maman a « tricoté », qu’elle a mis au monde, qu’elle allaite… ne pourrait-il pas être la « bonne excuse » de maman pour vivre au rythme de ce petit les premières semaines?  Est-ce que maman-papa, en démarrage de famille, ne pourraient pas confier les « …ages » à l’entourage, à leur village…?

Isabelle Filliozat dans « Il n’y a pas de parent parfait – L’histoire de nos enfants commence par la nôtre », dit entre autres, p. 45:

Un enfant n’a pas besoin de parents parfaits, il a besoin de parents suffisamment bons, c’est-à-dire de parents qui, bien entendu, tentent de faire pour le mieux pour s’occuper de lui, qui le protègent et le nourrissent, qui évitent de le blesser, de le frustrer excessivement, mais qui se savent capables d’erreurs et se montrent aptes à les reconnaître.  Un enfant veut rencontrer non un rôle en face de lui, mais une personne, une vraie personne,  avec ses émotions et ses propres besoins, ses pensées et ses valeurs, ses compétences et ses limites.

Tellement vrai… Nous sommes des êtres humains.  La femme qui porte un enfant, le met au monde, l’allaite, fait un don de soi incommensurable…  Ce n’est pas tout:  bébé, en sortant du ventre de sa maman, a besoin d’elle comme point d’ancrage, de sécurité, dans ce monde si nouveau pour lui et il en a besoin, de sa maman à lui, 24 heures par jour, 7 jours par semaine.  Bébé s’attache d’abord à sa maman à lui puis, au fil des jours, il s’attache à son papa à lui et bébé étire ses liens d’attachement aux autres personnes qui le côtoient.  Au début de sa vie, bébé a besoin de sa maman à lui… dans un monde idéal, ce n’est pas interchangeable.  Oui, papa est là – durant les premières semaines, son rôle est davantage de nourrir maman (d’amour et d’aliments santé) afin qu’elle puisse « nourrir » bébé (le lait maternel est un aliment d’amour et de santé 🙂 ).  L’idéal pour ce petit « voie-lactien », c’est re-trouver sa maman à lui, retrouver en dehors de son ventre celle qui a accepté de le loger en elle et qui lui a fourni les matériaux nécessaires à une première partie de sa construction. Cette maman a fait tout un travail depuis la conception de son tout-petit et maintenant, en l’allaitant, en restant avec lui, en vivant les hauts et les bas de sa courte vie,  elle poursuit la construction d’un être humain, d’un homme d’une femme de demain, rien de moins…  Autant c’est grand, autant c’est exigeant pour sa maman, son papa.

La vie, c’est un grand cercle.  Maman donne beaucoup d’elle-même en mettant au monde un enfant.  C’est dans l’ordre naturel des choses que maman reçoive, ensuite…Chaque maman mérite que nous lui rendions hommage… Et selon moi, rendre hommage à une maman, c’est, entre autres, faire tout ce qu’on peut pour qu’elle puisse suivre l’horaire de son tout-petit les premières semaines, pour que « son corps sa tête son cœur »puissent reprendre leur souffle.  Rendre hommage à une maman, c’est aussi s’asseoir près d’elle et être à son écoute, se préoccuper vraiment et sincèrement du « comment elle se sent en dedans ».   Rendre hommage à une maman, c’est aussi changer notre vocabulaire. Mon conjoint l’avait compris d’instinct:  nous faisions des rénovations à la maison et j’étais enceinte de notre 3e bébé.  Mon ventre plein de vie limitait mes mouvements.  J’ai alors dit à Luc que ça m’enrageait de ne rien faire… ce à quoi il a répondu que j’étais occupée à faire un bébé 🙂 .  Lui, il avait compris…

Finalement, maman doit apprendre à demander et aussi, accepter de recevoir: quand son village lui rend hommage, elle devrait accepter ces hommages, elle devrait accepter d’être entourée,  elle devrait accepter de ralentir son pas pour suivre le rythme de son tout-petit les premières semaines.  Saviez-vous qu’il existe des sociétés où les femmes acceptent d’être dans un cocon avec leur bébé les premières semaines et d’être prises en charge par les femmes de leur clan?  Ces nouvelles mamans vivent très peu de symptômes d’état dépressif.  Intéressant…  À bien y penser, tous les « …age » qui doivent être faits aujourd’hui, devront être re-faits demain et après demain.  Et je suis à peu près certaine qu’il est toujours possible de trouver quelqu’un pour s’en occuper – bien sûr, ce ne sera jamais fait comme si c’était maman qui le faisait… et puis…?  Est-ce si grave que ça que les serviettes lavées soient pliées autrement, que les assiettes propres soient à gauche, que  le yogourt acheté soit un peu plus riche en matières grasses?  Papa a aidé l’aîné de 3 ans à s’habiller… sauf que le choix des couleurs laisse à désirer, selon maman… Ce n’est pas parfait… par contre, l’aîné est habillé et il a l’air tellement heureux avec son papa à lui…  Est-ce si grave que ça que ça ne soit pas parfait…?   Peut-être pas tant que ça…si ça permet à maman de prendre le temps de vivre, de sentir son tout-petit s’endormir, blotti contre elle, de capter son premier sourire, de plonger ses yeux dans les yeux de son tout-petit quelques secondes d’éternité… de goûter « parfaitement » et « tout simplement » à ces moments magiques qui eux, ne passent qu’une fois dans la vie…

Suzanne Colpron termine son article en disant « On t’adore, maman, mais tu ne peux pas être parfaite, m’ont dit mes enfants. La perfection, ça n’existe pas. Être une mère, c’est compliqué. »  Oui, c’est vrai… et je souhaite, à toutes les mamans, une vie…parfaite de moments magiques et imparfaite de tous les « …age » 🙂

* Isabelle Filliozat, « Il n’y a pas de parent parfait », p. 184

1990-07-15 Louise, CA, JF