« Pourquoi les bébés pleurent-ils? »

C’est le titre d’une entrevue à France-Inter qui a eu lieu le 4 mars 2019 à propos des pleurs des bébés. Les invitées étaient Isabelle Filliozat, psychothérapeute, Dre Bernadette Lavollay, pédiatre, et Florence Levréro, chercheuse, neuro éthologue à l’Université de St-Étienne.
Ces trois femmes s’entendent pour dire que les pleurs, c’est l’expression d’un besoin du bébé et surtout pas une manipulation, une manigance de la part de l’enfant.  Madame Filliozat dans son livre Au cœur des émotions de l’enfant, dit que « L’enfant est prisonnier du moment présent » car la zone préfrontale de son cerveau est en développement – bébé est en détresse, il pleure car il a besoin du réconfort d’un adulte.  Elle ajoute qu’il faut arrêter de dire que c’est normal qu’un bébé pleure…  Probablement qu’en Occident, nos bébés pleurent davantage car ils sont moins en proximité qu’à d’autres endroits du monde oû les bébés sont davantage portés. Justement, madame Levréro arrive du Congo oû elle remettait un questionnaire à compléter à des parents de jeunes bébés.  Ces parents ne comprenaient pas la question « Est-ce que vous laissez pleurer votre bébé? » car leur bébé ne pleure presque pas – au Congo, les bébés sont en proximité presque en continu avec  maman, papa ou encore un adulte du « village », ce qui amène madame Levréro à dire que notre isolement social, en Occident, cause du stress chez chaque membre de la famille et de l’insécurité chez bébé.
Florence Levréro mentionne qu’il y a encore des stéréotypes de genre… Quand un bébé garçon pleure, les commentaires sont souvent « c’est bien, il s’affirme ». Par contre, quand une fillette pleure, nous aurons davantage tendance à dire « elle est chigneuse ».  Ces jugements face aux pleurs d’un enfant teinte la réponse donnée à l’enfant et peut avoir des implications sur le développement de cet enfant.   Une autre de ses recherches démontre que maman et papa sont également compétents à interpréter les pleurs de leur bébé âgé de 2-3 mois – le critère étant le temps passé avec le bébé.
Dre Lavollay parle de la baisse des pleurs du bébé à la naissance depuis que bébé est placé en peau à peau avec sa maman. Avant, nous visions beaucoup l’autonomie précoce  de nos enfants et ça allait de soi de laisser pleurer bébé pour qu’il apprenne à se comporter comme nous, les adultes. Aujourd’hui, les neurosciences nous démontrent l’importance de consoler la détresse d’un bébé avec, entre autres, une présence corporelle.  Le bébé a besoin de la présence d’un adulte sécurisant: plus il est apaisé, plus il explore. Quand il explore, s’il est en détresse, il pleure pour ramener l’adulte vers lui.  La réponse qu’il reçoit de l’adulte conditionne son sentiment de sécurité puis son exploration du monde.
Conclusion?  Cette entrevue confirme ce que nous savons déjà – les pleurs d’un bébé, il faut y voir.  Elle m’aura permis de connaitre la chercheuse Florence Levréro.  De plus, le livre écrit par Dre Lavollay, « Les vrais besoins de votre bébé« , était déjà sur ma table de travail, prêt à lire.  Maintenant, j’ai bien hâte de l’ouvrir et de le découvrir… je vous en redonne des nouvelles 🙂
Pourquoi les bébés pleurent-ils ?
Un nourrisson bien portant peut pleurer deux heures par jour, parfois trois ! Les bébés pleurent quand ils ont faim, quand ils ont sommeil, quand ils ont chaud, quand ils ont froid, quand ils s’ennuient, et puis parfois, ils pleurent pour pleurer…

 

Pourquoi les bébés pleurent-ils ? C’est la question que nous nous poserons aujourd’hui. Vous avez peut-être vu passer cette info il y a quelques jours sur Internet, l’histoire d’une Coréenne qui devait faire un vol Seoul-San Francisco avec son bébé de 4 mois et qui a offert à tous les passagers de l’avion un « kit de survie » contenant des bonbons, des bouchons d’oreilles et… un mot d’excuses. Apparemment, son nourrisson n’aurait pas bronché pendant les dix heures du vol. Fin de la belle histoire.

Là, c’est le moment où je vous raconte un souvenir personnel : j’ai pris un TGV Paris-Bordeaux, il y a longtemps, avec ma fille âgée d’une semaine. Quand les gens m’ont vue arriver dans le wagon, ils se sont décomposés. Or, on ne l’a pas entendue du trajet, à peine un miaulement, si bien qu’à l’arrivée, tout le monde me souriait et me complimentait sur la sagesse de ce bébé parfait. La reine n’était pas ma cousine.

Bonne nuit…

Avril aura été le mois du sommeil… Tout d’abord, le mardi 5 avril, mes collègues, Ghislaine Reid B.A. IBCLC et Maureen Willa dt.p. IBCLC du CISSS Montérégie-est réseau local Pierre-Boucher, nous ont présenté « Le sommeil sécuritaire du nouveau-né ».  Les 16 et 17 avril, j’ai assisté à la formation « Le sommeil du tout-petit et son accompagnement parental » donné par madame Ingrid Bayot des Formations Co-Naitre.  Finalement, je suis présentement inscrite à GOLD Lactation Online Conference.  La conférencière Briana Tillma, LLL monitrice, IBCLC, étudiante (1ère année) ostéopathie et maman  nous a fait découvrir les liens entre le lait maternel et le sommeil dans sa présentation, « Breast Milk and Sleep : Circadian Rhytms in Human Milk ».  Ce que j’ai entendu rejoint l’ouvrage « Sweet Sleep – nightime and naptime strategies for the breastfeeding family » par Diane Wiessinger, Diana West, Linda J. Smith, Teresa Pitman, La Leche League International.

Dans la nature, il y a des cycles : le jour et la nuit, les saisons, la migration, la photosynthèse, l’hibernation.  Le sommeil de tout être humain est réglé par deux processus inconscients: l’homéostasie sommeil/éveil et l’horloge circadienne, d’une durée de 24 heures.  Comme exemples, citons les cycles d’éveil et de sommeil, la température basale du corps, le niveau de certaines hormones, les niveaux de mélatonine (hormone du sommeil ou de l’obscurité), la performance cognitive.  Cependant, attention! Ce que nous connaissons, c’est le sommeil des adultes…  le sommeil d’un tout petit est différent.

Un bébé, dans le ventre de sa maman, a des cycles de plus de 24 heures, des cycles ultradiens.  Dans le ventre de sa maman, bébé est exposé aux rythmes jour-nuit de sa maman car elle a des périodes d’activités et de repos basées sur un cycle circadien.  Malgré tout, quand bébé sort du ventre de sa maman autour de la 40e semaine de gestation, ses cycles ultradiens devront évoluer en cycles circadiens… et ça ne se fera pas d’un coup : l’expression du gène circadien se fera autour de la 11e semaine, les rythmes de la mélatonine autour de 12 semaines, les rythmes du cortisol autour de 3-6 mois.  En plus, la longueur des cycles du sommeil du bébé évolue : entre 0 à 2 mois, chaque cycle du sommeil du bébé est d’environ 50 minutes, entre 2 à 8-9 mois, 70 minutes, et entre 9 mois à 5 ans, 80 minutes. Le nourrisson qui s’endort vit d’abord une phase de sommeil paradoxal (REM) – le moindre bruit peut le réveiller.  Il a besoin d’être accompagné avec douceur pendant cette phase jusqu’à ce qu’il tombe dans un sommeil profond.  Chaque conférencière a mentionné qu’il est impossible de « faire dormir » un bébé.  En grandissant, pour certains à partir de 3 mois, la majorité vers 6 mois et pour d’autres après 1 an, le bébé acquiert la capacité de passer directement de l’état de veille au sommeil profond.

Notre corps fabrique différentes hormones dont la mélatonine.  Cette hormone est présente la nuit, surtout entre 2h et 5h du matin.  En secrétant la mélatonine, c’est comme si la glande pinéale dit au cerveau qu’il fait sombre et que c’est le bon moment pour dormir.  La mélatonine a plusieurs autres rôles dont la communication des rythmes circadiens, la relaxation du tractus gastro intestinal (ça réduirait les coliques chez le bébé qui reçoit du lait de sa maman).  À la naissance, le bébé a très peu de mélatonine et il en sécrète très peu.

Devant leur nouveau-né bébé immature, que peuvent faire ses parents à la tombée de la nuit…?  Les parents peuvent contribuer à créer une ambiance propice au sommeil :

  • Le soir, les rideaux sont fermés, les lumières sont tamisées.
  • Le peau à peau et la proximité aident bébé à suivre le rythme circadien de son parent.
  • Les activités calmes comme un massage, appréciées du bébé et des siens, peuvent aider bébé à se détendre.

Allaiter son bébé est une autre excellente stratégie.  Le lait de maman a des propriétés chronobiotiques puisque plusieurs de ses composantes varient selon un cycle circadien.  Dans le lait maternel, on retrouve des acides aminés dont le tryptophane, précurseur de la sérotonine et de la mélatonine; en prime, le tryptophane favorise l’installation des récepteurs de la sérotonine. Le tryptophane se retrouve dans le lait maternel surtout en soirée avec un pic vers 2-3 heures du matin – même chose pour la prolactine, l’hormone responsable de la production de lait.  Quand maman allaite bébé en soirée et la nuit, ces hormones s’ajoutent aux hormones endorphine, sérotonine (régule l’humeur), ocytocine (éjection du lait et hormone du bien-être).  Ce cocktail d’hormones passent au bébé allaité: maman et bébé s’endorment et le tryptophane aurait l’effet possible d’allonger la nuit du bébé.

Dans le lait de maman, il y a aussi de l’acide folique, des matières grasses et plusieurs minéraux dont le magnésium (important pour le sommeil et élevé pendant cette période), le zinc (en lien avec la mélatonine, élevé le matin), le cuivre (moindre pendant la nuit), le sodium et le potassium, le fer (pic vers midi et son rythme circadien est absent chez une maman qui a de l’anémie avec déficience en fer).  Chacune de ces substances du lait maternel varie au fil de la journée et il apparaît important de bien étiqueter le lait maternel exprimé, date et heure, de façon que le lait exprimé la nuit soit donné… la nuit.

La nature est bien faite… le lait de maman a de nombreux avantages dont celui d’aider un bébé à mieux dormir.  Les trois premiers mois de vie de bébé hors du ventre de maman, période souvent nommée « le quatrième trimestre », est un moment de grand bouleversement pour chaque membre de la nouvelle famille.  Le manque de sommeil est difficile pour tous les nouveaux parents qui le vivent.  Non, ça ne sera pas toujours comme ça… Oui, bébé grandira, oui, il finira par faire ses nuits avec le temps… Jusqu’à 3 mois, 90% des nourrissons se réveillent la nuit, à 1 an, 47% des bébés se réveillent encore une ou deux fois chaque nuit.  En attendant?  Prendre soin de soi, maman et papa.  Revoir les priorités de chacun, du couple, de la nouvelle famille.  Discuter avec d’autres parents, avec des intervenants afin de trouver les ajustements nécessaires à la nouvelle vie avec bébé… Les familles qui s’en sortent « pas trop pire », sont celles où maman allaite et elle se permet d’aller dans le sens de la nature et de suivre son bébé… Bébé dort, elle se repose. Bébé tète, elle prend une collation avec protéines – ces petits repas sur 24 heures aident maman à avoir plus d’énergie et moins de fringales.  Pour les premières semaines, cette maman délègue les « age », lavage-ménage-repassage, à son entourage… Une période de « relevailles », comme autrefois, pour permettre à maman de reprendre le fil de la vie avec son nouveau bébé, après la grossesse et l’accouchement et en plein démarrage d’allaitement….  Bon dodo…

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Antidépresseurs, grossesse et autisme

Lundi 14 décembre 2015:

Antidepressant Use During Pregnancy and the Risk of Autism Spectrum Disorder in Children

Takoua Boukhris, MSc1,2; Odile Sheehy, MSc2; Laurent Mottron, MD, PhD3,4,5,6; Anick Bérard, PhD1,2  [+] Author Affiliations
JAMA Pediatr. Published online December 14, 2015. doi:10.1001/jamapediatrics.2015.3356

https://archpedi.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=2476187

La prise d’antidépresseurs pendant la grossesse augmente de 87% le risque d’autisme

Référence: https://recherche.chusj.org/fr/Communications/Nouvelles/2015/La-prise-d-antidepresseurs-pendant-la-grossesse-au

Une étude inédite publiée dans JAMA Pediatrics compile les données sur 145 456 grossesses et l’utilisation d’antidépresseurs

Ma collègue, Dre Danièle Simard, chiropraticienne, m’a fait parvenir le lien d’une entrevue à Radio-Canada avec Dre Anick Bérard, directrice, Unité de recherche « Médicaments et grossesse », Centre de recherche du CHU Sainte-Justine.  Je viens d’écouter cette entrevue.

Dre Bérard dit, entre autres:

  • Environ 5% des femmes enceintes souffrant de dépression ont besoin d’un antidépresseur;
  • L’augmentation de 87%, c’est l’augmentation du risque relatif, le risque absolu demeure faible.  Donc, la prévalence (nombre de cas dans une population à un moment donné) de l’autisme est de 1%.  Si on augmente de 87% le risque d’autisme, la prévalence monte à 1,87%. 

Donc:

  • Si une femme enceinte ne prend pas d’antidépresseur, la prévalence d’autisme chez son bébé est de 1%.
  • Si une femme enceinte souffre de dépression et prend un antidépresseur durant les 2e et 3e trimestres de sa grossesse, la prévalence d’autisme chez son bébé est de 1,87%.

L’étude a permis d’évaluer l’usage des antidépresseurs et aussi la sorte d’antidépresseurs prescrits.  Dans cette étude, les antidépresseurs en cause, Prozac, Paxil, Zoloft, Celexa, sont de la classe des Inhibiteurs Sélectifs de la Recapture de la Sérotonine (ISRS).

L’étude regroupait des femmes au Québec entre 1998 et 2009 qui avaient reçu une prescription des antidépresseurs.

  • Ont-elles pris l’antidépresseur prescrit? Une validation sur un échantillon de la cohorte a été fait en téléphonant à des femmes qui avaient une prescription et qui l’avaient fait remplir à une pharmacie.
  • Y a-t-il un lien entre la prévalence d’autisme et la dose que ces femmes enceintes ont pris?  L’étude a permis d’établir que le risque augmente avec une dose.  La prochaine étape de l’étude s’intéressera aux doses prises.

Quoi faire?

  • Dre Bérard le dit clairement, la dépression doit être traitée.
  • Dre Bérard dit que 80-85% des femmes enceintes souffrent d’une dépression légère à modérée.  Dans ces cas, très souvent, d’autres options que la prise d’antidépresseurs existent, comme la psychothérapie, l’exercice.
  • Dre Bérard dit que 10% des femmes enceintes souffrent d’une dépression sévère.  Dans ces cas, il faut voir:  est-ce que l’antidépresseur prescrit s’ajoute à des médicaments que la femme prenait déjà et qui peuvent avoir un effet sur le bébé à naître?
  • Dre Bérard suggère aux femmes qui souffrent de dépression sévère avant de devenir enceinte, de planifier leur grossesse.
  • Dre Bérard rappelle que l’augmentation de ce risque d’autisme chez une femme enceinte concerne celles qui ont pris des ISRS pendant les 2e et 3e trimestres de leur grossesse.

Dans tous les cas, Dre Bérard ajoute

  • Il ne faut jamais arrêter la prise de médication du jour au lendemain.
  • Il faut absolument revoir le médecin prescripteur afin de prendre avec lui une décision éclairée.

Entrevue vidéo avec Dre Anick Bérard:  La prise d’antidépresseurs pendant la grossesse hausse considérablement le risque que le bébé soit atteint d’autisme, vient de révéler la professeure Anick Bérard, de l’Université de Montréal et du CHU Sainte-Justine. Cette experte de renom international, spécialiste de l’innocuité des médicaments pris durant la grossesse, est arrivée à cette conclusion après avoir étudié les données relatives à 145 456 grossesses.

http://www.nouvelles.umontreal.ca/multimedia/forum-en-clips/20151214-antidepresseurs-grossesse-et-autisme.html?utm_source=infolettre&utm_medium=courriel&utm_campaign=udemnouvelles20151218

2009-02-17 8

Le 17 décembre 2015, La Presse+ publiait

GROSSESSE ET ANTIDÉPRESSEURS: DES EXPERTES NUANCENT UNE ÉTUDE RÉCENTE

LOUIS-SAMUEL PERRON LA PRESSE

Entre autres:

  • Ce vent de panique au sein d’une « clientèle très fragile » la (Dre Louise Duperron, chef du département d’obstétrique-gynécologie du CHU Sainte-Justine, en entrevue avec La Presse)  préoccupe au plus haut point. « Ce n’est surtout pas une raison d’avorter ! », martèle la professeure adjointe à la faculté de médecine de l’Université de Montréal.
  • Il est également crucial que les femmes enceintes inquiètes ne cessent pas leur traitement sans avertir leur médecin, renchérissent Ema Ferreira, vice-doyenne aux études de premier cycle à la faculté de pharmacie de l’Université de Montréal, et la pharmacienne Brigitte Martin (responsable du centre IMAGe), assises à la même table.
  • « Qu’est-ce qui fait augmenter ce risque-là ? Ici, les chercheurs proposent que ce soit les antidépresseurs. C’est possible, mais c’est très difficile à déterminer avec ces données-là. Mais c’est possible, il ne faut pas écarter cette possibilité », explique-t-elle (Brigitte Martin)
  • Selon Brigitte Martin, Ema Ferreira et les deux autres signataires d’une « mise en contexte » publiée hier sur le site web du CHU Sainte-Justine, les chercheurs ont ajusté leurs données pour plusieurs variables, mais pas pour d’autres comme le tabagisme et la prise d’autres médicaments. Ils ont aussi fourni bien peu de données sur les variables génétiques.

Référence: http://plus.lapresse.ca/screens/2b9d3f94-57b6-4e7d-af0c-94fe2c469e6b%7C_0.html, page consultée 2015-12-18

2009-02-17 8

Taking A Closer Look: Autism and Antidepressants