Pour allaiter, ça prend…

Pour allaiter, ça prend… un bébé, une maman qui nourrit bébé…  un papa qui « nourrit » maman, des grands-parents qui « nourrissent » papa et sa nouvelle famille.  La nourriture dont il est question ici, c’est une nourriture d’amour et de santé.

Aujourd’hui, j’ai eu l’idée de vous parler de trois éléments de l’allaitement : le coussin d’allaitement, la crème APNO, le tire-lait.  Pourquoi?  Parce qu’il m’arrive souvent de retrouver ces trois éléments impliqués dans un allaitement difficile.

Nous sommes jeudi.  Une maman m’appelle : elle a accouché le dimanche précédent.  Elle a quitté l’hôpital le mercredi avec de la douleur, des plaies aux mamelons, la crème All Purpose Nipple Ointment (APNO) et son bébé 🙂 ….  Lors de notre rencontre le jeudi, maman m’explique qu’elle met la crème APNO depuis la naissance de son bébé, plusieurs fois par jour, sur chaque mamelon, avec ses doigts.  Depuis la veille, le mercredi, la plaie d’un mamelon fait tellement mal qu’elle exprime du lait de ce sein avec un tire-lait électrique simple et elle donne ce lait à son bébé avec un tube à l’autre sein.  J’invite maman à s’installer pour allaiter.  Elle s’assoit dans une chaise/un fauteuil, elle met le coussin d’allaitement sur ses genoux et elle dépose bébé sur le coussin.  Elle penche son corps vers bébé.  Elle se crispe juste à l’idée que bébé prenne son sein et son mamelon crevassé, croûté.

Le coussin d’allaitement : J’invite papa à regarder maman et bébé… bébé est plus haut que le sein de maman.  Pour cette maman, assise dans ce fauteuil/cette chaise, le coussin n’était pas nécessaire et  peut-être même qu’il contribuait, en partie, à la douleur ressentie par cette maman.  J’ai aidé maman:  elle s’est inclinée vers l’arrière, son bébé était sur elle, son nez vers le mamelon de maman.  Avec son bras, maman entourait le corps de son bébé, une main sur ses fesses. Pour son confort, j’ai roulé une couverture sous le bras qui tenait bébé. La douleur a baissé, de ce côté puis de l’autre ensuite. En prime, maman avait une main libre pour prendre une collation avec des protéines…

Donc, oui, le coussin d’allaitement, dans des circonstances bien précises…

La crème APNO : De plus en plus de mamans quittent l’hôpital avec des plaies, de la douleur ET la crème All Purpose Nipple Ointment, APNO. Cette crème est composée d’un antibiotique, d’un antifongique, d’un corticostéroïde.  Oui, c’est une bonne idée de donner une prescription à maman lors de son congé de sorte qu’elle n’est pas obligée de re-consulter avec un nouveau-né.  Par contre, je crois qu’il faut utiliser cette crème à bon escient.

  • D’un côté, je considère cette crème  comme une paire de béquilles utilisée le temps de réparer les blessures – cette crème n’est pas magique. Il faut que maman trouve l’aide nécessaire pour que la prise soit efficace et donc, sans douleur… et si maman n’a plus de douleur, que ses plaies guérissent, la crème ne sera plus nécessaire.
  • L’autre facteur bien important, c’est que cette crème, ce n’est pas rien… Avez-vous remarqué que Polysporin© contient maintenant trois antibiotiques…?  La résistance des bactéries aux antibiotiques, c’est donc bien réel… À voir l’utilisation fréquente de cette crème APNO, je me demande toujours à quel moment elle ne sera plus efficace et ce qu’on devra utiliser à la place…
  • Avant d’essayer la crème APNO, qu’est-ce qu’on a fait…?  Dans l’article « Interventions for treating painful nipples among breastfeeding women » (2014), Dennis CL, Jackson K, Watson J, pages 31 et 32, parlent de l’efficacité du lait maternel sur les mamelons blessés…
  • La meilleure façon de nettoyer une plaie, c’est avec de l’eau et du savon et aussi l’action mécanique de frotter.  C’est valable pour les plaies aux mamelons… ces plaies doivent être lavées, sous la douche quotidienne, et être bien asséchées par la suite.
  • Si maman met une crème sur ses mamelons, je suggère toujours qu’elle utilise un coton-tige pour prendre la crème, plutôt que son doigt, simplement pour éviter une contamination.
  • Si maman a une plaie à un mamelon, je lui suggère d’utiliser une compresse d’allaitement jetable et de la changer souvent.

Donc, oui, la crème APNO, peut-être après avoir essayé d’autres solutions…?

Le tire-lait : Maman avait tellement de douleur qu’elle exprimait le lait d’un sein et donnait celui qui était moins endommagé.  Elle faisait cela presque depuis la naissance du bébé. Cette maman avait beaucoup de lait, ses seins étaient gorgés de lait.

  • Le tire-lait, c’est un excellent outil… pour le lait… Pendant la phase du colostrum, il est suggéré d’exprimer le colostrum avec les mains car on risque de perdre les quelques gouttes de colostrum, très collant, dans la tuyauterie du tire-lait.  Ensuite, si bébé est malade, qu’il ne peut prendre le sein immédiatement, le tire-lait est l’outil approprié et ce serait une excellente idée que maman soit accompagnée dans cette situation difficile.
  • Quand une maman exprime du lait pour son confort, je privilégie l’expression manuelle : maman peut palper son sein, le masser, mettre la force appropriée pour éviter de se blesser.  En prime, ce qu’elle exprime avec ses mains, c’est souvent la « bonne quantité » pour se sentir moins engorgée et elle évite peut-être de créer une plus grande production de lait en se branchant au tire-lait.  En plus, nos mains nous suivent partout.  Bien sûr, ça prend de la pratique pour devenir habile à exprimer du lait avec ses mains… et oui, je connais des mamans qui réussissent à exprimer du lait avec leurs mains, avec de la pratique et des trucs pour faire monter l’hormone ocytocine dans leur corps.

Donc, oui, le tire-lait, dans des circonstances bien précises…

Donc, pour allaiter, ça prend… un bébé, une maman qui nourrit bébé…  un papa qui « nourrit » maman, des grands-parents qui « nourrissent » papa et sa nouvelle famille.  La nourriture dont il est question ici, c’est une nourriture d’amour et de santé. Avant d’utiliser des outils, ce serait peut-être approprié de regarder dans le village: il y aurait peut-être une personne qui pourrait accompagner la nouvelle famille dans ses premiers pas sur le chemin de la vie…  Moi, je suis disponible pour vous… contactez-moi 🙂

1990-07-15 Louise, CA, JF

Antidépresseurs, grossesse et autisme

Lundi 14 décembre 2015:

Antidepressant Use During Pregnancy and the Risk of Autism Spectrum Disorder in Children

Takoua Boukhris, MSc1,2; Odile Sheehy, MSc2; Laurent Mottron, MD, PhD3,4,5,6; Anick Bérard, PhD1,2  [+] Author Affiliations
JAMA Pediatr. Published online December 14, 2015. doi:10.1001/jamapediatrics.2015.3356

https://archpedi.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=2476187

La prise d’antidépresseurs pendant la grossesse augmente de 87% le risque d’autisme

Référence: https://recherche.chusj.org/fr/Communications/Nouvelles/2015/La-prise-d-antidepresseurs-pendant-la-grossesse-au

Une étude inédite publiée dans JAMA Pediatrics compile les données sur 145 456 grossesses et l’utilisation d’antidépresseurs

Ma collègue, Dre Danièle Simard, chiropraticienne, m’a fait parvenir le lien d’une entrevue à Radio-Canada avec Dre Anick Bérard, directrice, Unité de recherche « Médicaments et grossesse », Centre de recherche du CHU Sainte-Justine.  Je viens d’écouter cette entrevue.

Dre Bérard dit, entre autres:

  • Environ 5% des femmes enceintes souffrant de dépression ont besoin d’un antidépresseur;
  • L’augmentation de 87%, c’est l’augmentation du risque relatif, le risque absolu demeure faible.  Donc, la prévalence (nombre de cas dans une population à un moment donné) de l’autisme est de 1%.  Si on augmente de 87% le risque d’autisme, la prévalence monte à 1,87%. 

Donc:

  • Si une femme enceinte ne prend pas d’antidépresseur, la prévalence d’autisme chez son bébé est de 1%.
  • Si une femme enceinte souffre de dépression et prend un antidépresseur durant les 2e et 3e trimestres de sa grossesse, la prévalence d’autisme chez son bébé est de 1,87%.

L’étude a permis d’évaluer l’usage des antidépresseurs et aussi la sorte d’antidépresseurs prescrits.  Dans cette étude, les antidépresseurs en cause, Prozac, Paxil, Zoloft, Celexa, sont de la classe des Inhibiteurs Sélectifs de la Recapture de la Sérotonine (ISRS).

L’étude regroupait des femmes au Québec entre 1998 et 2009 qui avaient reçu une prescription des antidépresseurs.

  • Ont-elles pris l’antidépresseur prescrit? Une validation sur un échantillon de la cohorte a été fait en téléphonant à des femmes qui avaient une prescription et qui l’avaient fait remplir à une pharmacie.
  • Y a-t-il un lien entre la prévalence d’autisme et la dose que ces femmes enceintes ont pris?  L’étude a permis d’établir que le risque augmente avec une dose.  La prochaine étape de l’étude s’intéressera aux doses prises.

Quoi faire?

  • Dre Bérard le dit clairement, la dépression doit être traitée.
  • Dre Bérard dit que 80-85% des femmes enceintes souffrent d’une dépression légère à modérée.  Dans ces cas, très souvent, d’autres options que la prise d’antidépresseurs existent, comme la psychothérapie, l’exercice.
  • Dre Bérard dit que 10% des femmes enceintes souffrent d’une dépression sévère.  Dans ces cas, il faut voir:  est-ce que l’antidépresseur prescrit s’ajoute à des médicaments que la femme prenait déjà et qui peuvent avoir un effet sur le bébé à naître?
  • Dre Bérard suggère aux femmes qui souffrent de dépression sévère avant de devenir enceinte, de planifier leur grossesse.
  • Dre Bérard rappelle que l’augmentation de ce risque d’autisme chez une femme enceinte concerne celles qui ont pris des ISRS pendant les 2e et 3e trimestres de leur grossesse.

Dans tous les cas, Dre Bérard ajoute

  • Il ne faut jamais arrêter la prise de médication du jour au lendemain.
  • Il faut absolument revoir le médecin prescripteur afin de prendre avec lui une décision éclairée.

Entrevue vidéo avec Dre Anick Bérard:  La prise d’antidépresseurs pendant la grossesse hausse considérablement le risque que le bébé soit atteint d’autisme, vient de révéler la professeure Anick Bérard, de l’Université de Montréal et du CHU Sainte-Justine. Cette experte de renom international, spécialiste de l’innocuité des médicaments pris durant la grossesse, est arrivée à cette conclusion après avoir étudié les données relatives à 145 456 grossesses.

http://www.nouvelles.umontreal.ca/multimedia/forum-en-clips/20151214-antidepresseurs-grossesse-et-autisme.html?utm_source=infolettre&utm_medium=courriel&utm_campaign=udemnouvelles20151218

2009-02-17 8

Le 17 décembre 2015, La Presse+ publiait

GROSSESSE ET ANTIDÉPRESSEURS: DES EXPERTES NUANCENT UNE ÉTUDE RÉCENTE

LOUIS-SAMUEL PERRON LA PRESSE

Entre autres:

  • Ce vent de panique au sein d’une « clientèle très fragile » la (Dre Louise Duperron, chef du département d’obstétrique-gynécologie du CHU Sainte-Justine, en entrevue avec La Presse)  préoccupe au plus haut point. « Ce n’est surtout pas une raison d’avorter ! », martèle la professeure adjointe à la faculté de médecine de l’Université de Montréal.
  • Il est également crucial que les femmes enceintes inquiètes ne cessent pas leur traitement sans avertir leur médecin, renchérissent Ema Ferreira, vice-doyenne aux études de premier cycle à la faculté de pharmacie de l’Université de Montréal, et la pharmacienne Brigitte Martin (responsable du centre IMAGe), assises à la même table.
  • « Qu’est-ce qui fait augmenter ce risque-là ? Ici, les chercheurs proposent que ce soit les antidépresseurs. C’est possible, mais c’est très difficile à déterminer avec ces données-là. Mais c’est possible, il ne faut pas écarter cette possibilité », explique-t-elle (Brigitte Martin)
  • Selon Brigitte Martin, Ema Ferreira et les deux autres signataires d’une « mise en contexte » publiée hier sur le site web du CHU Sainte-Justine, les chercheurs ont ajusté leurs données pour plusieurs variables, mais pas pour d’autres comme le tabagisme et la prise d’autres médicaments. Ils ont aussi fourni bien peu de données sur les variables génétiques.

Référence: http://plus.lapresse.ca/screens/2b9d3f94-57b6-4e7d-af0c-94fe2c469e6b%7C_0.html, page consultée 2015-12-18

2009-02-17 8

Taking A Closer Look: Autism and Antidepressants