Prendre le temps…

Depuis presqu’un an, je suis la grand-maman de Juliette.  J’ai présentement l’impression, un peu plus chaque jour, de « récolter » le temps passé avec Juliette au fil de la dernière année: si je l’assois sur moi, elle sautille en me regardant – dans « notre » communication, c’est une demande pour faire « ti-galop ».  C’est un petit exemple parmi bien d’autres car sa maman et son papa en ont passé du temps avec elle et je suis chaque fois émerveillée de voir leur communication, signe indéniable et tangible des liens qu’ils ont tissé avec leur fille au fil des jours et des nuits des derniers mois.  C’est en pensant à cela que j’ai lu le texte de Nicole Bordeleau, Apprendre la patience.  Ce texte me touche beaucoup…

Nicole Bordeleau dit  « La patience nous enseigne l’acceptation du rythme naturel des choses. »  Récemment, j’ai reçu des nouvelles d’une maman qui m’a consultée à la naissance de son bébé pour un démarrage de l’allaitement difficile…  Lors d’une rencontre précédente, cette maman me disait à quel point elle avait l’impression d’avoir tout essayé, elle se sentait découragée car il n’y avait plus rien à faire selon elle – elle était prête à cesser l’allaitement. Ensemble, on avait fait le point et j’avais mentionné à cette maman comment je l’admirais, à quel point elle avait travaillé très fort et son bébé et papa aussi.  Je lui ai suggéré de « laisser faire le temps » – même moi, je trouve ça difficile, autant à dire qu’à faire.  Dans notre dernier échange, cette maman me dit que maintenant, ça va mieux… et elle a même l’impression d’aimer allaiter…

Dans cet article de Nicole Bordeleau, j’aime aussi quand elle dit : « En ce sens, la patience nous enseigne la différence entre « répondre » et « réagir ». »  Ici, je pense à l’approche empathique d’Isabelle Filliozat qui suggère, avant tout, d’observer.  Cette auteure a créé plusieurs ateliers dont « Stop aux crises ».  Prenons l’exemple d’un tout-petit qui pique une crise du « tonnerre ».  L’observation du parent permet à celui-ci de répondre à son enfant en le sécurisant, en le contenant avec bienveillance et amour et en réfléchissant… que peut-il bien se passer derrière cette colère…? Est-ce que ce comportement de crise serait un comportement de stress…?  Possible… et c’est aux parents de ce tout-petit de formuler des hypothèses qui pourront devenir des pistes d’interventions intéressantes pour mieux gérer ce moment difficile. Une approche très différente… pas toujours évidente à utiliser dans le feu de l’action, oui, je sais… Il faut se donner du temps… j’avance de 2 pas, je recule de un et j’avance un peu plus… une danse…

Être patient et laisser le temps agir, c’est loin d’être évident… Moi, la première, quand je vis une situation difficile, j’ai l’impression que ça sera toujours comme ça… et je reçois ce même commentaire de la part d’une maman qui voit un professionnel de la santé avec son bébé qui a des tensions musculo-squelettiques, un frein de langue court, d’une autre maman qui ressent de la douleur en allaitant à cause de plaies horribles aux mamelons, de parents qui ont des nuits coupées et bien d’autres… C’est vrai que si on savait quand la situation difficile se terminerait, ce serait tellement plus simple… Sauf que ce n’est pas comme ça… Et si on reculait de l’arbre pour mieux voir la forêt…?  À bien y penser, s’arrêter et prendre le temps d’observer, peut permettre de se rendre compte d’un changement, si minime soit-il: maman peut réaliser que son bébé ouvre la bouche un peu plus grande, qu’il tourne sa tête de façon un peu plus naturelle, qu’il sort sa langue un petit peu plus et elle ressent maintenant de la douleur à 8/10 au lieu de 12/10… c’est loin d’être parfait, oui… En même temps, il y a un progrès, la piste empruntée est peut-être la bonne, on continue, on réajuste, on refait le point…  Encore là, le temps est nécessaire: pour un bébé, mieux tourner sa tête, réapprendre à utiliser sa langue autrement, ça prend du temps.  Même chose pour une plaie :  règle générale, dans les meilleures conditions, une plaie a besoin d’environ 2 semaines pour guérir, on ne peut pas faire plus vite…

Concernant le sommeil d’un tout-petit, Dr Rosa Jové, auteure de Dormir sans larmes (2017) affirme que nous savons tous comment dormir en sortant du ventre de maman.  De la naissance jusque vers 7 mois, bébé construit son sommeil et vers 7 mois, le noyau cérébral suprachiasmatique de son cerveau aura considérablement mûri, tellement qu’il peut passer à un rythme circadien comme nous les adultes.  Entre 8 mois et 6 ans, ce sera l’étape de la maturation du sommeil avec des hauts et des bas dans l’établissement des cycles de sommeil surtout jusqu’au troisième anniversaire environ… ça prend du temps, c’est comme ça.    De toute façon, un bébé humain est trop immature pour dormir longtemps entre deux tétées.  L’estomac du bébé est gros comme son poing à lui – il ne peut pas contenir de grandes quantités de lait à la fois.  De plus, le lait de sa maman se digère très bien, donc bébé est « fait » pour prendre de petites quantités souvent, jour et nuit.  Même la nouvelle maman n’est pas faite pour dormir toute une nuit 😊: l’hormone prolactine, responsable de la production de lait, atteint un pic aux petites heures du matin et si bébé ne se réveille pas pour téter, c’est souvent sa maman qui le réveille!  Si votre bébé tout neuf dort 12 heures d’affilée, moi, j’ai besoin d’en savoir plus car je me demande comment ce bébé humain se développe…  Faire des nuits comme les adultes, s’endormir tout seul, ça prend du temps, le temps nécessaire à son cerveau de maturer et à son corps de se développer de façon qu’avec le temps, il n’ait plus besoin de prendre 10-12-14 tétées par 24 heures.  Dre Rosa Jové dit aussi que l’urgence rime très mal avec l’enfance – très bien dit 😊.

Tous les grands phénomènes de la nature prennent du temps: une tempête, la marée, le lever du soleil, les phases de la lune. Pour l’être humain, manger, dormir, respirer, vivre, en somme, ça prend du temps… et si on coupe du temps de sommeil, de repas, on vit moins bien et parfois, il peut y avoir des conséquences. Mettre au monde un enfant, l’accompagner dans son développement tout au long de la vie, ça prend du temps de même que tous les liens que nous tissons, que ce soient des liens d’attachement, de soins, d’amour, d’amitié.  Ressentir la compassion, l’empathie, écouter et être là pour l’autre, ça prend du temps…  Être écouté, être aimé, sentir la compassion et l’empathie de l’autre, ça aussi, ça prend du temps. Oui, tout prend du temps… et en même temps, manger, dormir, respirer, vivre, mettre au monde un enfant, l’accompagner dans son développement, être en relation avec l’autre, c’est bon… et peut-être « plus bon » si on prend le temps d’y goûter… Surtout que « le temps qui passe ne se rattrape guère, le temps perdu ne se rattrape plus »…

C’est l’été, l’école est finie, on vit les journées les plus longues de l’année… tout porte à la farniente… tout devient prétexte à prendre le temps de vivre « tout simplement »….   Et si vous ne savez pas trop par où commencer, écoutez votre « p’tite voix », votre voix du cœur… elle, elle sait 😊

Le sommeil du bébé…

Un de mes fils a pensé que ce texte pouvait m’intéresser… « Les bébés qui font chambre à part dorment davantage »  (comment a-t-il deviné…😌?!!!)  J’ai trouvé un article résumé, « Baby sleeping in same room associated with less sleep, unsafe sleep habits »  puis j’ai mis la main sur l’article paru dans Pediatrics, « Mother-Infant Room-Sharing and Sleep Outcomes in the INSIGHT Study »  Pour votre information, INSIGHT est l’acronyme pour une étude, « Intervention Nurses Start Infants Growing on Healthy Trajectories ».  Les mères ont complété le « Brief Infant Sleep Questionnaire » quand leur bébé avait 4, 9, 12 et 30 mois – à noter que ce questionnaire ne contient aucune question concernant le mode d’alimentation du bébé.  L’article du Dr Ian M. Paul fait référence à la nouvelle recommandation de l’American Academy of Pediatrics parue à la fin de 2016, « SIDS and Other Sleep-Related Infant Deaths: Updated 2016 Recommendations for a Safe Infant Sleeping Environment, » soit celle que les parents partagent leur chambre avec leur bébé au moins jusqu’à 6 mois et si possible jusqu’à 1 an et ce, en guise de prévention au syndrome de mort subite du nourrisson.

L’article du Dr Ian M. Paul conclut en disant:

Room-sharing at ages 4 and 9 months is associated with less nighttime sleep in both the short and long-term, reduced sleep consolidation, and unsafe sleep practices previously associated with sleep-related death.

Traduction libre: Le partage de la chambre à 4 et 9 mois est associé à une réduction du sommeil nocturne à court et à long termes, une réduction de la consolidation du sommeil et aussi à des pratiques de sommeil non sécuritaires auparavant associées à la mort subite pendant le sommeil.

Dans cette étude, j’ai noté, entre autres…

  • « Feeding mode was assessed by using a food frequency questionnaire.  Infants were categorized as predominantly breastfed if more than 80% of milk feedings were breastmilk »  Traduction libre: si plus de 80% du lait reçu par l’enfant était du lait maternel, cet enfant était considéré « allaité de façon prédominante ».
  • Finalement, des 279 participants, il restait 230 dyades mère-bébé après les différentes exclusions.
  • Les auteurs parlent beaucoup de routine à l’heure du dodo.  La distinction est faite entre les bébés qui s’endormaient pendant la tétée, ceux qui étaient mis au lit après la tétée et éveillés, ceux qui étaient mis au lit à 20h ou plus tôt et ceux qui vivaient de façon constante une routine du dodo.

Vous vous souvenez que j’ai travaillé en co-construction pour la « mise au monde » de la Trousse Trousse Voyage au coeur de l’attachement en 2016.  Dans cette trousse, l’Annexe 9, sommeil du bébé on dit, entre autres…

  • Le bébé humain vient au monde immature.  Il a besoin de ses parents pour se développer.  Pour lui la proximité et l’endormissement sont indissociables.  Le sommeil du bébé est différent de celui de l’adulte.  Il est imprévisible et inconstant.  Il peut dormir une nuit de 5h et la nuit suivante se réveiller aux 2h.  Un bébé, c’est organisé ainsi!

  • Le bébé ne peut apprendre à dormir!

  • Se réveiller la nuit pour un bébé répond à un besoin physiologique.

Encore cette semaine, j’ai été appelée auprès d’une famille dont le bébé exclusivement allaité de quelques semaines ne gagnait pas assez de poids… pour découvrir que ce tout-petit dormait 10h-12h la nuit…  Avec ses quelques semaines de vie, ce tout-petit ne pouvait pas aller chercher tout ce dont il avait besoin en énergie dans les 12h-14h restantes…  c’est… « aussi simple » que cela.  Un bébé humain qui reçoit du lait humain est fait pour prendre des petites quantités (son estomac est gros comme son poing à lui) souvent… et ici, je parle d’un bébé né à terme et en santé.

Sur mon site web, probablement que vous avez pris connaissance du dossier Sommeil dans lequel se retrouve un document intéressant, « La nuit aussi, les enfants ont besoin de nous »  J’aime bien cet article car les propos de plusieurs experts s’y retrouvent.  Un peu à l’image de la trousse « Voyage au coeur de l’attachement », l’enfant est vu dans sa globalité, c’est-à-dire que l’aspect du sommeil est vu à travers des lunettes attachement et le sommeil s’inscrit dans un processus de développement, en particulier le développement du cerveau de l’enfant.  Le bébé qui sort du ventre de sa maman n’est pas mature pour dormir de longues nuits, ça va carrément à l’encontre de ce qu’il est, fondamentalement – en plus, l’hormone prolactine, responsable de la production de lait atteint un pic aux petites heures du matin… même maman est faite pour allaiter la nuit… Et au lieu de se réjouir d’un bébé qui dort plusieurs heures d’affilée en venant au monde, on devrait s’y attarder afin de s’assurer que ce bébé reçoit tout ce dont il a besoin dans ses heures de « non-nuit »… C’est d’ailleurs ce que la proximité bébé-maman permet: quand le bébé vient en phase de sommeil plus léger, il y a de fortes chances que sa maman l’entende couiner, bouger à défaut de l’entendre carrément pleurer.  À ce moment, elle le prendra pour lui offrir le sein… Ici, j’applaudis la dernière recommandation de l’American Academy of Pediatrics, de permettre à un tout-petit de dormir dans la même pièce que ses parents les 6 premiers mois et si possible jusqu’à 12 mois.  Je vous entends penser: « Si bébé dort dans la chambre de ses parents, qu’arrive-t-il aux « rencontres sur l’oreiller »… »  Ce à quoi je vous répondrai: « Est-ce vraiment obligatoire que ça se passe dans la chambre… allons, un peu de créativité… :-)!!! »

La nuit, « tous les chats sont gris ».  Même nous, adultes avec notre lobe frontal développé, perdons nos repères.  Je lis actuellement Wild Nights – how taming sleep created our restless word, Benjamin Reiss.  L’auteur est professeur d’histoire et ce qu’il nous raconte est bien documenté : les pages 235 à 271 sont des notes à travers le texte et les pages 273 à 291, les notes bibliographiques.  Benjamin Reiss parle du sommeil à travers le temps et comment nous en serions venus, dans notre monde industrialisé, à créer de toutes pièces des « règles de sommeil ».  Il explique que l’être humain est fait pour se réveiller la nuit et comment ces éveils nocturnes ont pu servir à nos ancêtres: soit faire le guet afin d’éviter d’être attaqué ou encore, de tenir le feu allumé. Je ne peux m’empêcher de penser à mes grands-parents Godin: ma grand-mère Malvina a mis au monde 16 enfants, les derniers sont nés en milieu rural – entendons ici pas d’électricité et de chauffage central.  Mon grand-père Armand se levait pendant la nuit pour remettre du bois dans le poêle afin de donner un peu de chaleur aux siens.  Une question de chaleur, ça devient une question de survie…

À travers tout cela, il devient intéressant de se demander si on peut vraiment parler de « problème » de sommeil chez un tout-petit qui se réveille la nuit…  Oui, je crois important que nos enfants vivent dans un milieu où on crée un environnement propice au sommeil à partir d’un certain moment après le repas du soir et qu’une routine s’installe. Ensuite, dans ce cadre bienveillant, rassurant et aimant, je crois tout aussi important de permettre à chaque tout-petit de se développer à son rythme à lui, de lui permettre de s’alimenter pendant la nuit, de lui permettre de trouver la réassurance dont il a besoin quand il se réveille dans la noirceur.  Je crois important de lui permettre de faire « SA » nuit à lui, comme l’a si bien écrit Josée Bournival …  Bonne nuit 🙂

 

 

Saviez-vous que… /8

Core Curriculum, chapitre 23, immunologie, maladie infectieuse et allergie

L’allaitement et le lait humain comblent l’écart entre l’immunité que bébé acquiert via la placenta de sa maman et le moment où le système immunitaire de l’enfant est solide et fonctionnel (vers 3-4 ans).

  • Dans la nature, le bébé humain est le seul mammifère qui a du colostrum (1er lait) sur une aussi longue période.
  • Le lait humain assure le développement et la maturation du système immunitaire de l’enfant, incluant une meilleure réponse à l’immunisation qu’il reçoit.
  • Le lait humain contribue à la croissance et à la maturation optimales des systèmes digestif, respiratoire, urinaire du bébé.
  • Le lait humain améliore le développement cognitif et neurologique de bébé.
  • Le lait humain réduit les risques, pour bébé, qu’il soit atteint de maladies chroniques.
  • Le lait humain protège le bébé contre les infections, il stimule son système immunitaire.
  • Le lait humain contribue à réduire la disponibilité des nutriments aux microbes.
  • Si maman est malade, bébé peut l’être moins ou ne pas l’être du tout.
  • L’allaitement est bénéfique pour maman:  son système reproducteur est au repos, ses réponses au stress sont modulées (entre autres grâce à l’hormone ocytocine sécrétée pendant l’allaitement).  De plus, une maman qui allaite voit ses risques d’être atteinte de plusieurs cancers diminués.

Les enfants non allaités sont plus à risques d’avoir des infections et des maladies. Les agents antimicrobiens, anti inflammatoires et immuno modulateurs du lait maternel sont multi fonctionnels, agissent en synergie et compensent pour les délais dans le développement du système immunitaire de l’enfant.

L’allaitement est hautement protecteur contre les allergies: il retarde leur apparition et diminue les symptômes.

L’allaitement est rarement contre indiqué dans les situations où maman est atteinte d’une maladie ou prend une médication – il devient alors très important pour maman de contacter un professionnel de la santé spécialisé en lactation.

  • La plupart des bactéries sont bloquées.
  • Même une bactérie hautement pathogène comme la syphilis ne survit pas dans le lait humain.
  • Présentement, on ignore si la bactérie causant la maladie de Lyme survit sous forme infectieuse dans le lait humain.
  • Plusieurs fragments de virus peuvent apparaitre dans le lait humain: ils agiraient comme vaccin contre une maladie spécifique.
  • Le lait humain contient des composantes spécifiques contre certaines infections virales.
  • Il y a certaines situations où une maman infectée devrait être isolée de son bébé: infection influenza H1N1, tuberculose active, varicelle.  Cette maman peut et devrait donner son lait à son bébé afin de le  protéger contre cette infection.
  • Si une maman a une lésion d’herpès sur un sein, la séparation de maman-bébé peut être appropriée jusqu’à ce que la lésion soit sèche.  Un lavage des mains rigoureux, couvrir les autres lésions afin d’empêcher bébé d’y toucher sont des mesures appropriées.
  • Les seins de maman et la bouche de bébé sont en étroit contact.  Advenant une infection à candida, une infection à streptocoque de la gorge, maman et bébé ont besoin d’être traités simultanément.  L’allaitement peut continuer pendant le traitement.

Les contre indications à l’allaitement sont rares.  Une maman peut recevoir les vaccins donnés à un adulte, entre autres, le virus inactivé de la polio.  Il est déconseillé aux parents du bébé de recevoir la vaccination contre la variole.  Si maman fait une mastite, il est recommandé qu’elle continue et/ou augmente l’allaitement d’autant plus qu’une stase du lait pourrait empirer sa situation.

Un bébé n’est jamais allergique au lait de sa mère car bébé et maman partagent au moins 50% du même bagage génétique.  Une préparation commerciale pour nourrissons (PCN) dite « hypoallergique » signifie que 90% des individus ne seront pas allergiques à cette préparation.  Entre 17% et 47% des enfants allergiques au lait peuvent avoir une réaction allergique au soya. Il n’est donc pas recommandé d’utiliser une PCN au soya chez un bébé qui  souffre d’une allergie à la PCN au lait de vache.  Introduire des aliments solides avant 15 semaines serait associé à un taux plus élevé de maladies respiratoires et d’eczéma.

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande de donner au bébé jusqu’à 6 mois.  Dans l’ordre:

  1. allaitement direct, de la maman à son bébé
  2. donner au bébé le lait de sa maman
  3. donner au bébé le lait d’une autre maman (prudence… dans ce cas, il y a de nombreuses recommandations à suivre avant de donner à un bébé du lait d’une autre maman)
  4. donner au bébé du lait humain pasteurisé, d’une banque de lait (au Québec, Héma Québec tient une banque de lait; les mamans donneuses de lait et leur lait sont testés puis le lait est pasteurisé avant d’être donné à un bébé qui naît prématurément)
  5. donner au bébé une préparation commerciale pour nourrissons (PCN)
    1. faite avec du lait de vache
    2. faite avec des plantes
  6. si un bébé démontre une réaction allergique à la formule hydrolysée, il pourrait avoir besoin d’être nourri avec une formule d’acides aminés dérivés.

L’OMS rappelle que les bébés qui reçoivent une PCN sont plus à  risque de souffrir de maladies du système gastro-intestinal, du système respiratoire, du système urinaire.  De plus, ces bébés auront une réponse déficiente à l’immunisation qu’ils recevront.

La composition du cerveau des bébés qui reçoivent la PCN est différente: ces bébés reçoivent, entre autres, moitié moins d’acide docosahexaénoïque (DHA) que les bébés allaités.  Les bébés qui reçoivent de la PCN peuvent avoir…

  • acuité visuelle différente
  • quotient intellectuel diminué
  • performance scolaire affaiblie
  • risque accru de dysfonction neurologique
  • risque accru de trouble spécifique du langage
  • taux plus bas de DHA dans les matières grise et blanche du cerveau (coordination des mouvements et de l’équilibre)
  • risque accru de sclérose en plaque

Saviez-vous que… /7

Chapitre 22, Core Curriculum, préparations commerciales pour nourrissons (PCN)

Aucune PCN n’équivaut au lait humain, celui-ci étant un aliment « vivant » pour le bébé humain en croissance en dehors du ventre de sa maman.

La PCN joue le rôle de maintien de la croissance et du développement de l’enfant à l’intérieur de ce qui est défini « normal ».

  • Avant 4 semaines, la PCN en poudre n’est pas recommandée car elle n’est pas stérile. Pour préparer la PCN en poudre, on ajoute de l’eau qui a bouilli puis refroidi à 70C.  Ensuite, on attend que le mélange PCN+eau soit refroidi à température du corps humain pour le donner au bébé.
  • Il est très important de respecter les instructions de préparation ainsi que la date de péremption.
  • Un biberon ne doit jamais être réchauffé au micro-ondes.
  • Si le lait maternel n’est pas disponible et si un supplément est médicalement nécessaire, un bébé allaité d’une famille avec des allergies atypiques devrait recevoir une préparation hydrolysée pour nourrissons durant les 6 premiers mois de sa vie.
  • La PCN est acidogène et elle peut causer des caries chez le tout-petit.

À part un supplément de vitamine D, le bébé allaité entre 0 et 6 mois n’a pas besoin de recevoir quoi ce soit d’autre.

La PCN a des effets sur la santé et sur le développement du bébé.  Un bébé qui reçoit la PCN est plus à risques…:allergies, entérocolite nécrosante, diarrhée,otites moyennes, infections des voies respiratoires inférieures, syndrome de mort subite du nourrisson, septicémie, infections des voies urinaires, infection à salmonelle.

Les réponses immunitaires humorale et cellulaire à des antigènes spécifiques comme les vaccins donnés durant la première année de vie du bébé se développent différemment chez le bébé allaité et chez le bébé nourri avec PCN.  Le bébé nourri avec PCN peut démontrer une absence ou un taux bas d’anticorps suite à sa vaccination.

Aliments complémentaires vers 6 mois:

  • L’allaitement, même partiel, confère des avantages pour la santé et le développement du tout-petit.
  • Vers 6 mois, l’enfant commence à utiliser ses propres réserves de fer.  Le bébé exclusivement allaité peut avoir besoin de sources additionnelles de fer, d’énergie, de zinc, de vitamine A et de calcium.
  • Les systèmes neuromusculaire et gastrointestinal du bébé sont plus matures vers 6 mois.
  • Pas de miel avant 12 mois, risque de botulisme.
  • Pas de lait de vache avant 12 mois.  Ensuite, lait de vache non réduit en matières grasses.
  • Le lait de soya utilisé pour compléter ou pour remplacer la PCN est inapproprié.
  • La crème à café, les mélanges farine et eau, les boissons alcoolisées, les boissons gazeuses sont inappropriées pour l’enfant et pourraient entraver son développement optimal.

Saviez-vous que… /6

Core curriculum, chapitre 21 – biochimie du lait humain

(traduction libre)

Le lait humain est important pour le bébé humain à toutes les étapes de la lactation et peu importe la quantité donnée.  Les protéines et les matières grasses du lait humain reflètent l’identité de l’espèce humaine, nécessitant des tétées fréquentes et une proximité très grande du bébé et de sa maman durant les premiers mois.

Lactogenèse I dès la 16e semaine de grossesse et sécrétion de colostrum.

Lactogenèse II avec la délivrance du placenta: la progestérone tombe, la prolactine (production du lait) peut être libérée; l’insuline, le cortisol et les citrates sont présents.  Tous ces changements se font dans les 30-40 premières heures du post partum, que bébé tète au sein ou non.  La prolactine « allume » l’alpha-lactabumine, qui « allume » la synthèse du lactose dans les lactocytes, cette hausse du lactose libère de l’eau par osmose.  À ce stade, le volume du lait dépasse souvent les besoins du bébé.

Lactogenèse III, le maintien de la sécrétion lactée qui s’établit dans les premières semaines:

  • l’ocytocine (hormone de l’amour) contribue à l’éjection du lait
  • la prolactine s’occupe de la croissance des cellules lactifères et continue d’influencer et de maintenir la production lactée.
  • rétroaction autocrine avec, entre autres, « FIL », facteur d’inhibition de la lactation, i.e. que plus il reste de lait dans les alvéoles, moins le cerveau enverra la commande de fabriquer du lait et à l’inverse, plus le lait est retiré des seins de maman, plus le cerveau envoie la commande de produire du lait.
  • En moyenne, le bébé consomme une moyenne de 67,3% à 67,8% de lait disponible par tétée.

Colostrum (jours 1-5):

  • Fonction de protection car il tapisse les intestins du bébé afin que les agents pathogènes ne s’y installent pas.
  • Durant les 72 premières heures, beaucoup d’immunoglobulines sécrétoires de type A (anticorps)
  • 90% des cellules du colostrum sont des leucocytes (globules blancs, nos « soldats », ceux qui nous défendent contre les ennemis 🙂 )
  • Contient aussi: lactoferrine (se lie au fer et a des propriétés bactéricides et bactériostatiques), facteur de croissance, interleukine 10, 21 antioxidants.
  • Fonction laxative de « nettoyeur de tuyaux » via le meconium.
  • Les facteurs de croissance présents stimulent les systèmes du bébé.
  • Aide à établir la flore intestinale non pathogène.
  • Comparé au lait mature: moins de lactose, de gras, de vitamines solubles dans l’eau; plus élevé en vitamines A et E, caroténoïdes (responsable de la couleur orangée du colostrum), protéines, sodium, zinc, chlorides, potassium.  Note personnelle – la nature favorise le plus petit: si maman allaite un bambin lors de l’arrivée d’un nouveau bébé, le bambin n’aimera pas le colostrum à cause de son goût salé… laissant tout le colostrum au plus petit qui en a le plus besoin.

Eau: 87,5% du lait humain; donc, un bébé allaité n’a pas besoin de boire de l’eau.  S’il fait chaud, maman l’allaite plus souvent, « tout simplement ».

Le bébé humain est un mammifère particulier: il est le seul à avoir un cerveau si complexe et un cerveau qui continue son développement en dehors du ventre de sa maman.  Cette particularité nous distingue des autres mammifères.  Cette distinction à elle seule explique pourquoi le lait humain est l’aliment de choix à donner à un bébé humain de façon exclusive les 6 premiers mois de vie puis avec des aliments complémentaires après 6 mois, jusqu’à 2 ans et au-delà.

  • Le lait humain est un lait qui s’adapte aux besoins du bébé durant les premiers jours de vie (colostrum puis lait de transition (jours 6-13) puis lait mature (jours 14 et suivants)), puis dans une même tétée, puis dans une même journée (en soirée, maman transfère plus de mélatonine, plus de matières grasses, entre autres).
  • Si bébé vient au monde avant terme, le lait de sa maman sera différent du lait que sa maman lui aurait donné s’il était né à terme.
  • Si maman est enrhumée, elle donnera les anticorps contre ce virus à son bébé en l’allaitant.
  • Donner du lait d’une autre espèce au bébé humain peut être inapproprié soit parce que ce lait manque de certains éléments ou parce que ce lait a des éléments en trop grande quantité.
  • Puisque le lait humain est très bien adapté au bébé humain, les éléments du lait humain sont mieux absorbés par le bébé.
  • L’odeur et le goût du lait de maman s’apparentent à l’odeur et au goût du liquide amniotique;  au fil des jours, tant l’odeur que le goût du liquide amniotique et du lait de maman seront influencés par l’alimentation de maman – bébé est déjà initié à l’alimentation de sa famille.
  • Si l’alimentation de maman est déficiente en vitamine B12, le lait de cette maman serait déficient en cette vitamine B12.
  • Le lait humain est pauvre en résidus, faible en charge osmotique et les nutriments qu’il contient sont bien assimilés par le bébé (en particulier le fer).

L’intolérance primaire au lactose est extrêmement rare: les enfants de toutes races possèdent un degré élevé de tolérance au lactose du lait de leur maman.

Vitamine D: le bébé en aura assez si sa maman a un taux optimal de vitamine D (ce qui n’est pas le cas pour la plupart des mamans) et si le bébé est exposé régulièrement aux rayons du soleil:

  • 30 minutes d’exposition au soleil par semaine si bébé porte seulement une couche.
  • 2 heures d’exposition au soleil par semaine si bébé est complètement habillé, sans chapeau.
  • les enfants dont la pigmentation de la peau est foncée ont besoin d’une plus grande exposition au soleil.
  • Supplémenter maman avec de hautes doses de vitamine D serait efficient pour élever le taux de vitamine D dans son lait.  Sinon, bébé doit recevoir un supplément de vitamine D.

Fer

  • Avec le fer contenu dans le lait maternel, un bébé né à terme et en santé aurait des réserves en fer suffisantes pour combler ses besoins pendant « au moins » les 6-9 premiers mois de sa vie, s’il est allaité pendant ce temps.
  • Environ 50% du fer provenant du lait maternel est absorbé par l’organisme du bébé, comparativement à moins de 7% du fer contenu dans les préparations commerciales pour nourrissons et à moins de 4% du fer contenu dans les céréales fortifiées en fer pour bébés.
  • La concentration du fer dans le lait maternel est indépendante du fer que maman a dans son organisme.  Le lactose du lait maternel, favorisant l’absorption du fer, est le plus élevé comparativement aux préparations commerciales pour nourrissons.