Saviez-vous que… /6

Core curriculum, chapitre 21 – biochimie du lait humain

(traduction libre)

Le lait humain est important pour le bébé humain à toutes les étapes de la lactation et peu importe la quantité donnée.  Les protéines et les matières grasses du lait humain reflètent l’identité de l’espèce humaine, nécessitant des tétées fréquentes et une proximité très grande du bébé et de sa maman durant les premiers mois.

Lactogenèse I dès la 16e semaine de grossesse et sécrétion de colostrum.

Lactogenèse II avec la délivrance du placenta: la progestérone tombe, la prolactine (production du lait) peut être libérée; l’insuline, le cortisol et les citrates sont présents.  Tous ces changements se font dans les 30-40 premières heures du post partum, que bébé tète au sein ou non.  La prolactine « allume » l’alpha-lactabumine, qui « allume » la synthèse du lactose dans les lactocytes, cette hausse du lactose libère de l’eau par osmose.  À ce stade, le volume du lait dépasse souvent les besoins du bébé.

Lactogenèse III, le maintien de la sécrétion lactée qui s’établit dans les premières semaines:

  • l’ocytocine (hormone de l’amour) contribue à l’éjection du lait
  • la prolactine s’occupe de la croissance des cellules lactifères et continue d’influencer et de maintenir la production lactée.
  • rétroaction autocrine avec, entre autres, « FIL », facteur d’inhibition de la lactation, i.e. que plus il reste de lait dans les alvéoles, moins le cerveau enverra la commande de fabriquer du lait et à l’inverse, plus le lait est retiré des seins de maman, plus le cerveau envoie la commande de produire du lait.
  • En moyenne, le bébé consomme une moyenne de 67,3% à 67,8% de lait disponible par tétée.

Colostrum (jours 1-5):

  • Fonction de protection car il tapisse les intestins du bébé afin que les agents pathogènes ne s’y installent pas.
  • Durant les 72 premières heures, beaucoup d’immunoglobulines sécrétoires de type A (anticorps)
  • 90% des cellules du colostrum sont des leucocytes (globules blancs, nos « soldats », ceux qui nous défendent contre les ennemis 🙂 )
  • Contient aussi: lactoferrine (se lie au fer et a des propriétés bactéricides et bactériostatiques), facteur de croissance, interleukine 10, 21 antioxidants.
  • Fonction laxative de « nettoyeur de tuyaux » via le meconium.
  • Les facteurs de croissance présents stimulent les systèmes du bébé.
  • Aide à établir la flore intestinale non pathogène.
  • Comparé au lait mature: moins de lactose, de gras, de vitamines solubles dans l’eau; plus élevé en vitamines A et E, caroténoïdes (responsable de la couleur orangée du colostrum), protéines, sodium, zinc, chlorides, potassium.  Note personnelle – la nature favorise le plus petit: si maman allaite un bambin lors de l’arrivée d’un nouveau bébé, le bambin n’aimera pas le colostrum à cause de son goût salé… laissant tout le colostrum au plus petit qui en a le plus besoin.

Eau: 87,5% du lait humain; donc, un bébé allaité n’a pas besoin de boire de l’eau.  S’il fait chaud, maman l’allaite plus souvent, « tout simplement ».

Le bébé humain est un mammifère particulier: il est le seul à avoir un cerveau si complexe et un cerveau qui continue son développement en dehors du ventre de sa maman.  Cette particularité nous distingue des autres mammifères.  Cette distinction à elle seule explique pourquoi le lait humain est l’aliment de choix à donner à un bébé humain de façon exclusive les 6 premiers mois de vie puis avec des aliments complémentaires après 6 mois, jusqu’à 2 ans et au-delà.

  • Le lait humain est un lait qui s’adapte aux besoins du bébé durant les premiers jours de vie (colostrum puis lait de transition (jours 6-13) puis lait mature (jours 14 et suivants)), puis dans une même tétée, puis dans une même journée (en soirée, maman transfère plus de mélatonine, plus de matières grasses, entre autres).
  • Si bébé vient au monde avant terme, le lait de sa maman sera différent du lait que sa maman lui aurait donné s’il était né à terme.
  • Si maman est enrhumée, elle donnera les anticorps contre ce virus à son bébé en l’allaitant.
  • Donner du lait d’une autre espèce au bébé humain peut être inapproprié soit parce que ce lait manque de certains éléments ou parce que ce lait a des éléments en trop grande quantité.
  • Puisque le lait humain est très bien adapté au bébé humain, les éléments du lait humain sont mieux absorbés par le bébé.
  • L’odeur et le goût du lait de maman s’apparentent à l’odeur et au goût du liquide amniotique;  au fil des jours, tant l’odeur que le goût du liquide amniotique et du lait de maman seront influencés par l’alimentation de maman – bébé est déjà initié à l’alimentation de sa famille.
  • Si l’alimentation de maman est déficiente en vitamine B12, le lait de cette maman serait déficient en cette vitamine B12.
  • Le lait humain est pauvre en résidus, faible en charge osmotique et les nutriments qu’il contient sont bien assimilés par le bébé (en particulier le fer).

L’intolérance primaire au lactose est extrêmement rare: les enfants de toutes races possèdent un degré élevé de tolérance au lactose du lait de leur maman.

Vitamine D: le bébé en aura assez si sa maman a un taux optimal de vitamine D (ce qui n’est pas le cas pour la plupart des mamans) et si le bébé est exposé régulièrement aux rayons du soleil:

  • 30 minutes d’exposition au soleil par semaine si bébé porte seulement une couche.
  • 2 heures d’exposition au soleil par semaine si bébé est complètement habillé, sans chapeau.
  • les enfants dont la pigmentation de la peau est foncée ont besoin d’une plus grande exposition au soleil.
  • Supplémenter maman avec de hautes doses de vitamine D serait efficient pour élever le taux de vitamine D dans son lait.  Sinon, bébé doit recevoir un supplément de vitamine D.

Fer

  • Avec le fer contenu dans le lait maternel, un bébé né à terme et en santé aurait des réserves en fer suffisantes pour combler ses besoins pendant « au moins » les 6-9 premiers mois de sa vie, s’il est allaité pendant ce temps.
  • Environ 50% du fer provenant du lait maternel est absorbé par l’organisme du bébé, comparativement à moins de 7% du fer contenu dans les préparations commerciales pour nourrissons et à moins de 4% du fer contenu dans les céréales fortifiées en fer pour bébés.
  • La concentration du fer dans le lait maternel est indépendante du fer que maman a dans son organisme.  Le lactose du lait maternel, favorisant l’absorption du fer, est le plus élevé comparativement aux préparations commerciales pour nourrissons.

 

Saviez-vous que…

#1. L’efficacité (millilitres/minute) du bébé à prendre le lait de maman augmente avec l’âge: 6.6 mL/min à 1 mois puis 21.2 mL/min à 6 mois. (Core Curriculum, 2013, p. 308).
#2. « Suck-swallow-breathe »/ tète, avale, respire: ça solliciterait 26 muscles + 6 nerfs crâniens + 22 os (Core curr., 2013, p. 278 et GOLD Conferences)
#3. Le bébé qui a des joues bien rondes est privilégié: ses joues procurent une stabilité durant la tétée et contribuent à former un sceau (« seal ») étanche avec les lèvres. (Core curr., 2013, p. 309)
#4. Le frein de langue se forme dans le ventre de maman et est supposé régresser durant la 2e partie de la gestation. (Core curr., 2013, p. 281)
#5. Dans les dernières semaines de grossesse, bébé avale à peu près la moitié du volume total de liquide amniotique chaque jour. (Core curr., 2013, p. 303)
#6. Bébé, dans le ventre de sa maman, est familier avec la senteur du liquide amniotique. Après sa naissance, il garde une préférence pour les objets qui sentent le liquide amniotique de sa maman. Cette préférence change 4-5 jours après la naissance: bébé préfère alors ce qui sent le lait de sa maman. (Core curr., p. 500)
#7. Après la naissance, il est possible que bébé soit dans un état d’éveil calme jusqu’à 2 heures après la naissance. Maman et bébé en peau à peau baignent dans un cocktail d’hormones dont la prolactine (hormone qui produit le lait), l’ocytocine (hormone de l’amour), les endorphines (hormone du calme). Cette période de premier contact maman-bébé est un jalon important pour l’attachement bébé-maman et pour le lien de soins maman-bébé et papa-bébé. L’intimité de la nouvelle famille devrait être assurée à ce moment charnière de leur nouvelle vie. (Core curr., pp. 502 à 505)
#8. Maman devrait être encouragée à allaiter bébé dès qu’il démontre des signes de faim. Un bébé qui pleure est un bébé désorganisé qui a peut-être très faim. (Core curr., p. 512)
#9. Dans des conditions optimales, la production abondante de lait commence 30-40 heures après le retrait du placenta de l’utérus. Chez les « western mothers », c’est entre les jours 2 et 4. (Core curr., p. 818)
#10. Certaines thérapies peuvent aider maman à augmenter sa production lactée. La chiropractie, entre autres, pourrait contribuer à corriger une subluxation interférant avec la voie empruntée par les nerfs impliqués dans la lactation. (Core curr., p. 835)
#11  Contraception: le retour des menstruations chez la maman qui allaite est très variable.  Ce qui est intéressant, c’est que la menstruation peut avoir été précédée d’une ovulation…  En période de menstruation, la composition du lait maternel ne change pas; cependant, le goût du lait peut changer et bébé peut être maussade voire même refuser le sein. (Core curr., p. 70).
#12 Durant la grossesse, les couples ayant un niveau plus élevé de soutien des proches rapportent un niveau plus bas de détresse à 6 semaines post partum. (Core curr., p. 66)
#13 Bocar et al. (1987) ont établi des étapes dans l’acquisition du rôle parental: anticipative, formelle, informelle et personnelle.  Cette dernière étape, personnelle, arrive quand les parents modifient leurs pratiques et évoluent vers leur propre style parental.  Les parents qui adoptent des modes de parentage plus rigides comme « laisser pleurer bébé », « tétées à des heures précises » arrivent très difficilement à cette étape de parentage personnel. Quand les parents adoptent un mode de parentage plus rigide, différentes situations peuvent se présenter: diminution de la production lactée, ralentissement du gain de poids du bébé, refus du bébé de prendre le sein.  Les bébés qu’on laisse pleurer peuvent démontrer du détachement, des symptômes d’état dépressif, des problèmes alimentaires, des comportements d’auto stimulation et d’auto apaisement précoces. (Core curr., p. 67)
#14 Les indicateurs clé d’un lien de soins sécure entre le parent et son bébé sont la sensibilité et la réactivité du parent à son bébé.  L’attachement sécure du bébé envers son parent à 12-18 mois est relié à une meilleure habilité de l’enfant à résoudre des problèmes à 2 ans et aussi à de meilleures compétences sociales de cet enfant à 3 ans. (Core curr., p. 68)
#15 Il n’y a pas que les hormones de maman qui varient quand elle entend son bébé pleurer… celles de papa aussi: ses niveaux de prolactine et de testostérone augmentent. (Core curr., p. 69)
16.  Chapitre 4, Core curriculum, ajustements émotionnels post partum et chapitre 6, santé mentale de la mère et l’allaitement
  • 50%-80% des femmes en post partum éprouvent une détresse émotionnelle 2-3 jours après l’accouchement.
  • Ces blues sont plus fréquents chez une primipare (maman la 1ère fois).
  • Il faut songer à consulter si ces blues durent plus de 2 semaines.
  • 10% des papas peuvent vivre une dépression: ceux qui ont seulement leur conjointe et les collègues de travail pour ventiler sont plus à risque de souffrir de dépression.
  • Chez la maman qui allaite, le succès de l’allaitement est en partie relié au support/soutien qu’elle reçoit (dans l’ordre d’importance) de son conjoint, des grands-parents du bébé, de son médecin/professionnels de la santé consultés.
  • L’allaitement protège la santé mentale maternelle.  En même temps, l’allaitement problématique peut augmenter les risques de dépression chez maman.
  • Les chercheurs en psychoneuroimmunologie ont découvert que l’inflammation est impliquée dans la pathogenèse de la dépression.  Le corps humain, en réponse à un stress, augmente, entre autres, les cytokines pro inflammatoires.
    • Donc, tout ce qui découle de la maternité représente un stress et place maman à risque de souffrir de dépression: expériences de naissance négatives, bébé malade/prématuré, sommeil perturbé, fatigue, problèmes de santé (anémie, hypothyroïdie, infection, rhume, etc.)  plaie, douleur, trauma psychologique, etc.
    • Une naissance très stressante peut retarder le démarrage de l’allaitement (lactogenèse II).
    • Le niveau d’inflammation augmente de façon très significative dans le dernier trimestre de la grossesse.
    • L’allaitement (non problématique, évidemment) aide à régulariser les réponses du corps au stress, abaisse les hormones de stress et l’inflammation – c’est la raison pour laquelle on dit que l’allaitement qui va bien peut protéger maman de la dépression.
    • L’allaitement protège la santé mentale de maman en améliorant la quantité et la qualité de son sommeil.

Les traitements?

  • les Omega 3
  • la thérapie de la lumière
  • l’exercice modéré réduit l’inflammation
  • la psychothérapie
  • un antidépressant: présentement, une seule classe d’antidépressants est contre indiquée pendant l’allaitement.

Commentaire personnel: je propose à toute maman qui me consulte de répondre aux tests de symptômes d’état dépressif et d’anxiété.  Ça ouvre la porte à prendre du temps pour parler, avec maman et parfois avec papa, de leurs ressentis.

 

 

#11. Le temps de vidange de l’estomac est de 51 minutes chez le bébé recevant de la préparation commerciale pour nourrissons et de 25 minutes chez le bébé recevant du lait de sa maman. (Core curr., p. 531)

Vitamines prénatales et allaitement

Une maman me demande si elle peut continuer de prendre ses vitamines prénatales pendant sa période d’allaitement.

  • Stéphanie Côté, nutritionniste, Extenso, dans un article « Les vitamines et minéraux durant la grossesse » dit que « Les femmes enceintes ont besoin de plus de fer car leur volume de sang augmente.  De plus, elles doivent en fournir à leur futur bébé.  Les réserves en fer du bébé à la naissance durent pendant les 6 premiers mois de sa vie. »

Référence : http://naitreetgrandir.com/fr/grossesse/sante-bien-etre/fiche.aspx?doc=vitamines-mineraux-durant-grossesse, page consultée 2015-12-02

Santé Canada parle aussi des besoins énergétiques des femmes qui allaitent :

« Les besoins énergétiques sont aussi plus élevés chez les femmes qui allaitent que chez celles qui ne sont pas enceintes. Ils dépendent de la quantité de lait produite et de la durée nécessaire à la perte de poids gagné pendant la grossesse (Institute of Medicine, 2002). Les femmes ont besoin d’environ 350 à 400 calories additionnelles chaque jour pendant la première année de l’allaitement.

Les femmes qui ont eu un gain de poids satisfaisant pendant la grossesse doivent consommer à peu près la même quantité de nourriture pendant l’allaitement que pendant leur grossesse. C’est pourquoi le Guide alimentaire canadien recommande aux femmes qui allaitent de consommer deux ou trois portions additionnelles du Guide alimentaire provenant de n’importe quel groupe alimentaire. Cela leur permet d’obtenir l’énergie additionnelle nécessaire pendant l’allaitement. »

  • Passeport Santé, http://www.passeportsante.net/fr/Solutions/PlantesSupplements/Fiche.aspx?doc=fer_ps, page consultée 2015-12-02
    • Le tableau « Apport nutritionnel recommandé en fer » concorde avec le tableau de Santé Canada.
    • Dans la section « Trop de fer? », il est mentionné que « les multivitamines pour femmes enceintes renferment habituellement 27 mg de fer. »
    • Dans la section « L’avis de notre pharmacien » : « Durant longtemps, il a été de rigueur de prescrire une dose importante de fer (environ 60 mg par jour) durant la période prénatale. De nos jours, la dose a été revue à la baisse et s’approche maintenant des apports nutritionnels recommandés (ANR) qui sont de l’ordre de 30 mg par jour. »

 

Conclusion :

« Les besoins nutritionnels diffèrent également pendant l’allaitement. Ainsi, les femmes qui allaitent ont besoin de plus de vitamine A, de vitamine C et de zinc. Leurs besoins de fer sont toutefois inférieurs à ceux des femmes enceintes (Institute of Medicine, 2006). »

« Les experts s’entendent tout de même pour limiter la supplémentation en fer et s’en tenir aux apports nutritionnels recommandés. »

À moins d’une prescription médicale, à moins aussi que maman ait une diète particulière, la multivitamine pour  la période de la grossesse devrait être prise pendant la grossesse 🙂

La maman qui allaite devrait obtenir les vitamines et minéraux dont elle a besoin à travers son alimentation variée.  Si elle éprouve des symptômes particuliers, elle devrait consulter un professionnel de la santé : les produits naturels, les vitamines et minéraux en vente libre devraient être conseillés par un professionnel de la santé car ils peuvent avoir un impact sur la santé de la personne qui les utilise.