Cocooning

Pendant ce temps des Fêtes, j’ai rencontré plusieurs bébés dont deux voies-lactiennes, un voie-lactien, avec leurs maman-papa-famille. Quand je rencontre ces familles, je me sens privilégiée d’assister à l’émergence d’une nouvelle famille.  Je suis très touchée de constater tout l’amour qu’il peut y avoir entre ces personnes.  Je suis émerveillée de voir ces bébés si compétents – sans aucune formation préalable, ils savent où trouver du lait, ils savent se blottir dans les bras de maman-papa, ils savent alerter maman-papa si ça ne va pas. Je vois des papas qui s’impliquent en s’occupant de la maisonnée, en entourant maman.  Je vois des mamans qui viennent de donner la vie, qui donnent leur lait, qui collent ce tout-petit contre elles.   Vous me direz que donner la vie, ça ne fait pas mourir une femme… vous avez raison:  ma grand-mère paternelle est décédée à 98 ans après avoir mis au monde seize enfants, la moitié en zone urbaine et l’autre moitié en zone rurale.  Sauf que…

Sauf que notre vie a changé… notre société aussi.  Très souvent, c’est chacun pour soi, c’est la performance, c’est tout-réussir-tout-de-suite-maintenant… Les femmes que je rencontre abordent souvent la maternité comme elles abordent le restant: elles voudraient tout-faire-tout-de-suite-à-la-perfection. Maintenant, « à mon âge » 🙂 je regarde les familles, mon regard teinté des mes expériences, de mon bagage de vie.  Je prends conscience de l’ampleur du geste de donner la vie à un être humain, de bâtir une famille dans ces années 2000. Ce don de soi a toujours mérité hommage… et ça continue plus que jamais… Aujourd’hui, plusieurs nouvelles mamans ont très peu côtoyé d’autres mamans avec des bébés, plusieurs sont isolées… Comme dans tout ce qu’on fait une première fois, les nouvelles mamans vivent des moments d’hésitation, de doute… et elles vivent  souvent ces moments « normaux » à mes yeux comme des échecs… Elles sont très exigeantes envers elles… Au temps de mes grands-parents, il y a avait les relevailles, « cérémonie d’action de grâces » lorsqu’une femme retourne à l’église pour la première fois après ses couches ». Les relevailles duraient souvent quarante jours, période pendant laquelle la nouvelle maman recevait de l’aide des femmes et des filles de son entourage.  Mélissa Guillemette, dans son texte, parle des relevailles et elle nous dit, entre autres:

« Certains proches sont présents, mais leur façon d’aider, c’est de donner mille conseils et de rappeler qu’ils ont eu huit enfants et que pour eux, ça marchait bien. » — Gaëtane Tremblay, directrice générale du Groupe Les Relevailles de Québec

« On n’accepte plus comme avant de se faire aider. On se dit qu’on devrait être capable de tout faire seul, sinon, c’est s’avouer faible. » — Annie Bouchard, fondatrice du centre périnatal privé La Source en soi

Du temps des relevailles, la naissance était célébrée avec le baptême et en plus de la marraine et du parrain, il y avait la « porteuse », généralement une femme de la famille qui portait le bébé car maman attendait le 40e jour après la naissance pour sortir publiquement (toute une coutume… 🙂 ).  En plus, le « village » s’unissait pour permettre à la nouvelle maman de s’occuper de son voie-lactien de façon presque exclusive. Maman vivait une période de transition, une pause, entre donner la vie et reprendre une nouvelle vie avec ce nouvel être humain. Aujourd’hui, c’est comme si on passait de la naissance à… la vie… sans hommage, sans transition et on s’étonne que maman ait le vague à l’âme, que l’aîné fasse des coups pendables, que le couple vogue à la dérive… Et si maman, qui vient de donner la vie, recevait du temps de son « village » et acceptait ce don de son « village ».  Si maman acceptait de prendre quelques jours de pause, en retrait du tourbillon de la vie, quelques jours de « cocooning » en pyjama, avec son nouveau voie-lactien et en suivant son rythme…  prendre une collation avec protéines quand bébé tète et se reposer quand bébé se repose.   Non, rassurez-vous, pas nécessairement 40 jours 🙂  Peut-être quelques jours, le temps du démarrage de l’allaitement, le temps que bébé reprenne son poids de naissance, le temps que cette nouvelle famille en éclosion sorte de son cocon… Je le propose d’emblée à toutes les mamans que je rencontre.  Celles qui se le permettent sont bien contentes.

Le rôle premier de papa, mâle dominant de son clan, est de protéger les siens: il prend en charge la maisonnée, il nourrit maman qui nourrit bébé, il gère les visiteurs et les « donneurs de bons conseils ».  Et bien entendu, papa profite de tous les petits moments de liberté qu’il ramasse pour « cocooner » avec maman-bébé.

Au seuil de cette nouvelle année, c’est ce que je souhaite aux nouvelles familles… d’accueillir leur voie-lactien avec du « cocooning », un peu-beaucoup-énormément!  Et aux familles déjà écloses, je souhaite que les membres se retrouvent régulièrement pour une séance de « cocooning ».

Pieds sous couvertures

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