«Le jeu devrait être considéré comme l’activité la plus sérieuse des enfants», disait Montaigne.
Cité par Yves Therrien, Le Soleil, 2015-12-04 , Le jeu, l’activité sérieuse des enfants et des grands
La Presse+ du 12 décembre 2015 publiait un dossier « Les enfants et le jeu – à la recherche du jouet perdu« . Il a été mentionné:
« Ils (les enfants) ne savent pas jouer seuls »
« On entend les enfants dire qu’ils s’ennuient, mais ils ont plus de jouets qu’une école maternelle. Ils ne les voient plus. Faisons une rotation pour qu’ils les redécouvrent. Et pour déterminer combien de jouets on sort, je suggère ceci: ils doivent pouvoir les ranger en cinq minutes! »
– Alyson Schafer, psychothérapeute et auteure.
« Les écrans prennent énormément de place. Dès l’âge préscolaire, il faut établir des limites pour qu’ils ne deviennent pas l’activité principale de l’enfant. C’est très captivant et s’il n’y a pas de limites, les écrans risque de devenir un réflexe à l’âge scolaire. »
« Ils n’ont pas le temps de jouer: nos enfants sont très organisés. On cherche la performance. Pas étonnant qu’on entende de plus en plus ce discours en faveur du jeu libre. Mais pour y arriver, il faut prendre le temps. À travers le jeu, l’enfant va faire naturellement l’acquisition de compétences qui vont l’aider à l’école, c’est certain. »
– Francine Ferland, ergothérapeute et auteure,.
« Les enfants doivent avoir un endroit à eux – et ça n’a pas besoin d’être un très grand espace – pour y laisser des jouets sans les ramasser. Pour démarrer des projets à plus long terme, comme une construction », soutient Alyson Schafer. « Devoir tout le temps ranger, c’est un frein réel au jeu », ajoute Francine Ferland.
« Peut-être qu’on a l’impression que notre enfant ne joue pas parce qu’on ne joue pas avec lui. » – Julie Fortier, responsable éditoriale de Naitre et Grandir.
« Or, au contraire, il est très bon de laisser les enfants jouer seuls, pour développer leur autonomie, leur débrouillardise, bref, leur imaginaire à eux. (…) Une seule règle d’or, finalement: laissez du temps à votre enfant. Du temps non structuré, évidemment sans écran. Pour qu’il s’ennuie, qu’il finisse par s’occuper, pour jouer, seul, avec des amis, ou pourquoi pas avec vous. C’est la clé. » – Sylvia Galipeau, La Presse+ « Est-ce grave docteur? » 2015-12-13
1. C’est presque un cliché, mais c’est la base : visons la qualité et non la quantité. Un ou deux gros cadeaux bien choisis auront plus d’impact que plusieurs petits cadeaux que les enfants risquent d’oublier avant même que minuit sonne !
2. Prenons le temps de bien déterminer quels sont les intérêts réels des enfants à qui l’on offre des cadeaux. Chez les petits, la liste au père Noël donne de précieux indices…
3. Pensons à offrir au moins un jouet avec lequel les enfants pourront jouer immédiatement après avoir déballé les cadeaux. Un traîneau, des patins, un ballon de soccer, c’est bien, mais dans l’euphorie de Noël, ils sont disposés à jouer, là, maintenant ! Profitons-en.
4. Laissons les enfants s’approprier ce qu’ils reçoivent. Regardons-les jouer et découvrir leurs cadeaux sans tout leur expliquer.
5. Soyons réalistes : n’achetons pas des jouets pour enfants plus âgés en ayant la certitude que le nôtre est en avance sur ses camarades. Il risque, au contraire, de se désintéresser des jeux avec lesquels il ne connaît pas de réussite… et n’avoir jamais envie d’y revenir.
Source : Francine Ferland, ergothérapeute et auteure du livre
Tout cela me fait penser à l’article de Mylène Moisan, paru dans La Presse+ du 15 novembre 2015, « Bébé fait un « burn-out » »
C’est d’ailleurs la première question qu’on se fait poser quand on a un bébé : « Est-ce qu’il fait ses nuits ? »
J’ai répondu non jusqu’à 2 ans et demi.
Dès qu’il se montre le bout du nez, bébé a des indicateurs de performance. Il doit épouser la courbe de croissance, savoir téter comme un pro. Plus tard, il doit négocier avec brio le passage entre les céréales et les légumes, qu’on introduit graduellement, dans un ordre bien précis.
Rien n’est laissé au hasard.
– Mylène Moisan
(…) Rolande Filion s’inquiète un peu du rythme imposé aux enfants. « Nous vivons dans une société où on valorise que les pas en avant soient faits précocement. On a parfois tendance à oublier qu’on a besoin de s’accroupir pour sauter plus haut. »
Il a besoin de temps, point.
Même principe pour les jouets. « Il y a un engouement chez les fabricants pour les jeux bruyants et lumineux, des jeux qui provoquent une surstimulation du cerveau. En plus, ce sont souvent des jeux passifs, alors que le développement se produit quand l’enfant est actif. »
Ça vaut, plus tard, pour les jeux vidéo.
« Quand je vois des parents qui agitent sans cesse un hochet, qui achètent des jouets à piles, des jeux qui font du bruit et de la lumière, qui leur présentent un jouet et un autre, j’ai le goût de leur dire : “Arrêtez, de grâce !” »
— Rolande Filion, psychopédagogue, fondatrice de la ludothèque de Sainte-Foy
Le cerveau du petit dernier pourrait disjoncter. « Ça crée un stress terrible chez les bébés. Il y en a qui font des
. » On est rendus là. Quels sont les symptômes ? « Une fatigue excessive, une perte d’appétit. Le sommeil est perturbé, les périodes de jeu aussi, elles sont moins longues, moins fréquentes. » – Rolande Filion
Et si on laissait nos enfants vivre… « tout simplement »…?
Ping : Écrans | Louise Godin